La Mauritanie vote pour une transition inédite, voire une alternance

Les Mauritaniens votent ce samedi 22 juin 2019, pour élire leur président, qui devra à la fois préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel et en améliorer la situation économique et le bilan en matière de droits humains.

La Mauritanie vote pour une transition inédite, voire une alternance

Le 22 juin 2019 à 2h15

Modifié le 10 avril 2021 à 21h23

Les Mauritaniens votent ce samedi 22 juin 2019, pour élire leur président, qui devra à la fois préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel et en améliorer la situation économique et le bilan en matière de droits humains.

Ce scrutin doit marquer la première transition entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008.

Mais les cinq adversaires du candidat du pouvoir, l'ex-général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, dénoncent une tentative de perpétuation du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et des risques de fraude.

Les bureaux de vote seront ouverts de 07H00 à 19H00 GMT et les premiers résultats attendus en début de semaine prochaine.

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui était alors général, s'est ensuite fait élire en 2009, puis réélire en 2014 lors d'un scrutin boycotté par les principaux partis d'opposition.

Il a assuré la stabilité de ce pays de 4,5 millions d'habitants frappé dans les années 2000 par des attentats jihadistes et les enlèvements d'étrangers en menant une politique volontariste: remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.

Pour lui succéder au terme de ses deux mandats constitutionnels, le pouvoir a choisi comme candidat son compagnon de toujours, qui a été chef d'état-major pendant dix ans, puis quelques mois ministre de la Défense.

Ould Abdel Aziz fait campagne pour "son candidat" Ould Ghazouani

Tout autre choix constituerait un "retour en arrière", a affirmé le président sortant lors de l'ultime meeting de M. Ould Ghazouani jeudi soir sur le site de l'ancien aéroport de la capitale, devant quelque 10.000 personnes, dont de nombreux jeunes. M. Ould Abdel Aziz a prédit une élection de son compagnon d'armes dès le premier tour.

Mais celui qui apparaît comme son rival le plus sérieux, l'ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007) Sidi Mohamed Ould Boubacar, estime que "la majorité des Mauritaniens a envie de tourner la page de ces dix dernières années", dans un entretien à l'AFP.

 Libertés fondamentales

M. Ould Boubacar, "candidat indépendant" soutenu par une large coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale formation d'opposition, ainsi que par le puissant et richissime homme d'affaires Mohamed Ould Bouamatou, a réuni jeudi soir des milliers de ses partisans dans un stade comble de Nouakchott.

Il a mis en garde contre les risques de fraude, tout comme les autres candidats de l'opposition, dont le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, déjà présent en 2014, liés par un engagement à se soutenir en cas de second tour le 6 juillet.

Inégalités et disparités

Les critiques de la Mauritanie se focalisent sur le respect des droits fondamentaux, dans une société marquée par des inégalités ainsi que des disparités entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d'esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d'ethnies subsahariennes.

Mais dans une conférence de presse en forme de bilan en toute fin de campagne, M. Ould Abdel Aziz a justifié le maintien en "détention administrative" de l'auteur d'un billet de blog jugé blasphématoire ayant pourtant purgé sa peine, cas emblématique de la liberté d'expression en Mauritanie pour les organisations de défense des droits humains.

Interrogé sur Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheïtir, détenu depuis plus de cinq ans et dont la condamnation à mort pour "apostasie" a été ramenée en appel à deux ans de prison en novembre 2017, il l'a justifiée par "sa sécurité personnelle aussi bien que celle du pays", invoquant le risque de troubles.

Mais une avocate du blogueur, Fatimata Mbaye, a qualifié ces propos de "choquants", appelant dans une déclaration à l'AFP le prochain président, quel qu'il soit, à considérer cette affaire comme "un dossier à régler le plus rapidement possible".

Sur le plan économique, les prétendants ont promis une amélioration des conditions de vie, alors que la croissance, de 3,6% en 2018, bien qu'en amélioration, reste insuffisante par rapport à la démographie, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) publié en mai.

La BM salue le rétablissement de la "stabilité macroéconomique", avec des projections de croissance annuelle de 6,2% en moyenne sur la période 2019-2021. Mais elle appelle à lever les obstacles au secteur privé, citant en premier lieu les difficultés d'"accès au crédit" et "la corruption". (AFP)

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