Ils sont tous originaires de la région Guelmim-Oued Noun. Dix jeunes porteurs de projets ont été sacrés, ce lundi 22 avril, à l’issue de la phase finale de l’initiative Souk At-tanmia, programme de soutien à l’entrepreneuriat lancé pour la première fois au Maroc.

Financé par la coopération danoise, le programme est le fruit d’un partenariat entre la Banque africaine de développement (BAD), le ministère marocain des Finances et la fondation régionale de l’entrepreneuriat et de l’entreprise (FREE).

Pourquoi Guelmim-Oued Noun ? La porte du Sahara est "historiquement connue en tant que région commerciale par excellence", rappelle Mbarka Bouaida, secrétaire d’Etat à la pêche, présente lors de la cérémonie de remise des prix à Guelmim. A ce passé glorieux, le présent oppose une réalité alarmante : Dans cette région, le chômage des jeunes s’établit à 20% (la moyenne nationale multipliée par 2) et celui des femmes à 40%, regrette Mme Bouaida.

Vidéo. Guelmim. Lancement de Souk At-Tanmia.

C’est d’ailleurs l’une des particularités du programme Souk At-tanmia, qui repose sur une politique de ciblage. Pour faire simple, il s’agit de viser les zones les moins loties. Sans faire dans la complaisance : "Nous ciblons les projets innovants, structurants et viables. Nous cherchons la qualité plutôt que la quantité", explique un des organisateurs.

D’Assa, de Tantan, de Bouizakarne ou de Guelmim, les 10 lauréats représentent les différentes provinces et ont été choisis parmi 250 candidats, dont 70% proviennent des couches sociales défavorisées. Le processus de sélection s’est fait sur quatre mois. Il a vu l’équipe pilotée par Leila Jaafar Kilani (BAD), Chef de projet, sillonner la région à la recherche de perles rares.

Les projets primés sont issus de secteurs hétéroclites, allant de l’artisanat (Assa Arts/Art plastique, Top Lisar Tantan/décoration et gravue), au Digital (Building Solutions/ Smart Building) en passant par l’industrie environnemental (Wat-Solar/Fabrication filtres solaires) etc.

Ils bénéficieront d’un capital d’amorçage qui variera selon la nature du projet, mais sans dépasser 50.000 euros. Le programme bénéficie d’une enveloppe de 4,7 millions d’euros, dont seulement 30% iront au financement des entrepreneurs. La logique de ciblage voudrait que l’aide financière aille surtout aux entreprises les plus vulnérables afin de soutenir leur croissance.

Plus globale, l’approche de Souk At-Tanmia repose sur des mécanismes autres que l’aide pécuniaire. Elle tend d’abord à mettre en place un mécanisme de coordination pour une meilleure efficience et efficacité des actions gouvernementales et privées.

Deux autres dimensions seront incluses :

- L’accompagnement non financier afin d’aider à la création et au développement d’entreprise. la Banque complétera son appui par des actions d’appui technique (pré et post création) et d’appui financier (renforcement des fonds propres) pour les très petites et moyennes entreprises à fort potentiel.

- L’appui non financier consistera à accompagner les nouvelles start-up grâce à des groupes de soutien animés par les pairs, du mentorat par des entreprises confirmées, des services de conseil et l’organisation de réunions régulières pour faciliter et développer le réseautage.

Vidéo. Guelmim. Lancement de Souk At-Tanmia (Suite)

Car l’appui pécuniaire n’est qu’une partie de l’aide apportée aux jeunes entrepreneurs. Souk At-Tanmia repose aussi et surtout sur « l’accompagnement et l’assistance de l’entreprise jusqu’à ce qu’elle atteigne son stade de développement », explique son équipe.

Au final, l’objectif est d'appuyer financièrement 250 porteurs de projets sur trois ans et dans plusieurs régions du Maroc. « Ce n’est qu’une première étape, le programme étant appelé à se perpétuer », clarifie la BAD. C’est le cas en Tunisie, où il a été lancé en 2012, faisant office d’expérience pilote.

Chez nos voisins tunisiens, Souk At-tanmia a fait ses preuves. « Sur 111 projets soutenus, seulement 4 n’ont pas réussi », rapporte l’un des organisateurs. L’efficacité du programme se mesure notamment au « taux de mortalité » après 5 ans d’existence des entreprises bénéficiaires. « Il est seulement de 10% quand la moyenne avoisine les 80% », précise Mohamed El Azizi, DG de la Banque africaine de développement pour la région Afrique du Nord.

Vidéo. Guelmim. Lancement de Souk At-Tanmia.
Visite des stands de porteurs de projets.