Algérie: difficile gestation de la transition

Les consultations pour la constitution du gouvernement et pour un démarrage de la conférence nationale progressent très lentement et suscitent une défiance de la classe politique et un rejet de la rue.

Algérie: difficile gestation de la transition

Le 19 mars 2019 à 8h22

Modifié le 11 avril 2021 à 2h41

Les consultations pour la constitution du gouvernement et pour un démarrage de la conférence nationale progressent très lentement et suscitent une défiance de la classe politique et un rejet de la rue.

Un message attribué au président Bouteflika et diffusé lundi 18 mars 2019 par l’agence officielle APS, maintient la feuille de route déjà annoncée une semaine plus tôt : annulation de la présidentielle d’avril, constitution d’un nouveau gouvernement, convocation d’une conférence nationale inclusive, réforme de la Constitution, nouvelles élections présidentielles et donc, prolongation de facto du mandat de Abdelaziz Bouteflika pour une durée pouvant atteindre une année voire deux.

Cette réaffirmation à l’occasion d’un message diffusé à l’occasion d’une fête nationale est donc la réponse du pouvoir aux manifestations record du vendredi 15 mars 2019.

En d’autres termes, et pour le moment, la décision est de maintenir Bouteflika. C’est une décision qui affaiblit le pouvoir lui-même et rend le processus de transition plus délicat.

Une semaine plus tôt, le 11 mars, un autre message de Bouteflika avait annoncé un recul du pouvoir puisqu’il était question d’annulation des élections présidentielles et d’absence de 5e mandat.

Depuis cette date, les seuls éléments concrets sont la nomination du binôme Bedoui-Lamamra à la tête d’un gouvernement en gestation, les consultations menées par ces deux personnalités pour constituer un gouvernement dit de “compétences“ nationales et les contacts entrepris par Lakhdar Brahimi, présenté par une partie de la presse comme possible président de la conférence nationale. Dans les milieux politiques, au sein de la société civile, ce sont surtout le rejet et la méfiance qui sont exprimés. Il est rare de lire un soutien au futur gouvernement ou à Lakhdar Brahimi.

La transition se met donc difficilement sur les rails. Les décisions du 11 mars (annulation de la  présidentielle, prolongation du mandat du président), n’ont pas de base constitutionnelle pour le moment, sauf recours à l’état d’exception dans un avenir plus ou moins proche. Les décrets présidentiels ne peuvent suffire. Le Chef de l’Etat ne peut prolonger lui-même son mandat.

Pour le moment, la transition ne peut être gérée que par consensus. Comme ça a été le cas, toutes proportions gardées, en Tunisie. Dans ce pays voisin de l'Algérie, la Constitution avait été suspendue par une sorte de conférence nationale après la révolution en 2011. Et cette conférence avait géré la transition et organisé les élections de l’Assemblée constituante.

La transition par consensus est un cheminement difficile et délicat. Le pouvoir est par essence, affaibli. Les voix les plus populistes, les plus extrémistes, deviennent audibles.

En Algérie, l’expression “le pouvoir“ désigne un système complexe, mystérieux qui n’est pas monolithique. Différents courants et blocs sont là, avec l’armée et les renseignements au centre. Tout autour, quelques politiques et quelques hommes d’affaires.

Jusqu’à 1992, le pouvoir, c’était les militaires et le FLN. A partir de cette date, les militaires sont devenus plus discrets et ont choisi des présidents qu’ils ont voulus civils et plus ou moins légitimes.

Bouteflika a été maintenu par eux pour quatre mandats successifs parce qu’il a été l’homme du statu quo. La tentative de prolonger sa présence à la tête de l’Etat signifie qu’il a été le seul nom sur lequel les différents blocs constituant “le pouvoir“ se sont accordés.

L’armée, les renseignements, les milieux d’affaires, savaient qu’il devait passer la main et que des réformes étaient inévitables. Malgré cela, ils n’ont clairement pas trouvé d’accord autre que la transformation de facto du quinquennat en septennat.

Aujourd’hui, l’Algérie n’a que deux grands scénarios devant elle:

-soit Bouteflika reste, au-delà de son mandat qui s’achève le 28 avril. Et dans ce cas, sa seule présence affaiblira le pouvoir et rendra la transition délicate.

-soit, à cette date, Bouteflika quitte le pouvoir, l’état d’exception est décrété et la conférence nationale dirigera la transition. Et là aussi, la vacance et le vide juridique affaibliront la transition et le pouvoir.

Dans tous les cas, ce sera délicat et complexe.

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