Loi-cadre sur l'enseignement: le débat dans et en dehors du Parlement

La polémique autour du projet de loi-cadre sur l'enseignement ne désenfle pas. Après le blocage au Parlement, les partis prennent position publiquement. Une réunion est prévue le 11 ou 12 mars pour trancher la question de la langue d'enseignement des matières scientifiques.

Loi-cadre sur l'enseignement: le débat dans et en dehors du Parlement

Le 1 mars 2019 à 15h49

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

La polémique autour du projet de loi-cadre sur l'enseignement ne désenfle pas. Après le blocage au Parlement, les partis prennent position publiquement. Une réunion est prévue le 11 ou 12 mars pour trancher la question de la langue d'enseignement des matières scientifiques.

Le projet de loi-cadre sur l’enseignement continue de faire parler. La disposition permettant l’enseignement des matières scientifiques en langues étrangères divise les députés, suspendant l’adoption de ce texte au Parlement.

Deux partis s'avèrent sur la même longueur d'onde pour combattre l'enseignement de certaines matières scientifiques ou techniques dans des langues étrangères: l'Istiqlal et le PJD. En face, le RNI a pris une position offensive de défense de cette proposition. Le projet de loi avait été adopté en Conseil des ministres, en présence du secrétaire général du PJD Saâdeddine Elotmani.

Ce qui est en cause, c'est l'article 31 du projet de loi-cadre. Celui-ci propose notamment:

"- Permettre à l’apprenant de maîtriser les deux langues officielles ainsi que des langues étrangères, en particulier dans les spécialités scientifiques et techniques, en prenant en considération les principes d’équité et d’égalité des chances ;

"- La langue arabe est la langue principale d’enseignement. Promouvoir la place de la langue amazighe, en tant que langue officielle et patrimoine commun à tous les Marocains sans exclusive.

"-Instaurer une diversité linguistique d’une manière progressive, de sorte que les bacheliers devront avoir une maîtrise parfaite de la langue arabe, être capables de communiquer en amazigh et maîtriser deux langues étrangères au minimum.

"- L’alternance linguistique est mise en œuvre progressivement à travers l’enseignement de certains contenus ou modules dans une ou des langues étrangères. Certaines disciplines notamment les sciences et techniques et certaines matières peuvent être concernées.

"-Former le corps enseignant à la maîtrise des langues étrangères d'enseignement. La mise à niveau du corps enseignant doit être achevée au plus tard 6 ans après l'entrée en vigueur de cette loi".

A la chambre des représentants (commission de l’enseignement), un comité technique a tenu, lundi 26 février, une réunion pour examiner les amendements des points sur lesquels il y a déjà consensus. Plus de 300 propositions d’amendement ont été mises sur la table. « Nous avons eu le temps d’étudier une dizaine d’articles. Nous tiendrons une deuxième réunion le 11 mars », rapporte Rachid El Qabil (PJD), membre du comité.

Le dossier de la langue des matières scientifiques sera débattu dans un cadre à part. « Les chefs des groupes parlementaires se réuniront les 11 ou 12 mars afin d’examiner cette question, l’idée étant de parvenir à un compromis», annonce Noureddine Moudian, chef du groupe de l'Istiqlal. Son parti est pour « l’arabisation des matières scientifiques durant toutes les phases de la scolarisation, y compris universitaires », précise-t-il.

« Il faut distinguer entre les langues enseignées et la langue d’enseignement. La langue d’enseignement doit être l’arabe. Mais nous sommes pour la multiplication des langues étrangères enseignées, qui doivent être obligatoires du primaire au supérieur », assure M. Moudian.

Le ministère de l’Education, à l'origine du projet de loi-cadre, voudrait, pour sa part, généraliser l’enseignement des matières scientifiques en français à partir du primaire et jusqu’à l’enseignement supérieur. Pour le ministre Saaid Amzazi, 30% des bacheliers scientifiques marocains choisissent des filières universitaires en langue arabe, notamment en sciences humaines. Ils se détournent donc de leur vocation scientifique. La fracture linguistique entre le secondaire et le supérieur en est selon lui la raison principale.

L'Istiqlal défend l'arabisation et dénonce un discours "populiste et électoraliste"

Le débat jaillit également en dehors de l’hémicycle. Un débat qui « a été exploité par certaines parties » pour en faire « une tribune » afin de « promouvoir un discours populiste à des fins électoralistes », accuse l’Istiqlal dans un communiqué publié le 28 février.

Le message est-il adressé au RNI ? Le 24 février, son président Aziz Akhanouch avait attaqué ceux qui « bloquent le projet pour des raisons purement idéologiques tout en inscrivant leurs propres enfants dans des écoles bilingues ou trilingues. » En dehors de l’Istiqlal, seul le PJD adopte une position défavorable sur la question de la langue.

Sans citer clairement le point de désaccord, l’Istiqlal met l’accent sur « la nécessité de parvenir à un compromis entre toutes les composantes » du Parlement sur le projet. Le parti de Nizar Baraka appelle au respect « de l’esprit et la lettre » de la Constitution dans le cadre « d’une lecture éclairée » en phase avec « les référentiels et constantes nationaux tout en s’ouvrant sur l’esprit de l’époque et en s’engageant sur la société de la connaissance ».

« Généraliser aujourd’hui l’enseignement en français des matières scientifiques est une erreur », avait préalablement déclaré Nizar Baraka, secrétaire général du PI. Il avait justifié sa position par le fait que « nos enseignants ne sont pas formés pour enseigner les mathématiques, les sciences naturelles ou la physique » en français ou en anglais. L'Istiqlal est accusé d'avoir une responsabilité dans cette situation puisque ses dirigeants ont arabisé l'enseignement tout en inscrivant leurs propres enfants dans des écoles privées et/ou étrangères.

Le patron du PI se dit « d’accord avec l’ingénierie linguistique telle qu’elle a été formulée dans la vision stratégique » élaborée par le Conseil supérieur de l’Education. Il estime que le « projet de loi-cadre a dépassé » les recommandations formulées par ce Conseil, qui cantonne selon lui l’usage des langues étrangères à certains modules et contenus dans les matières scientifiques.

Une position qui a trouvé écho chez des adversaires politiques. « L’opinion de Monsieur Nizar Baraka se rapproche beaucoup de la mienne », a déclaré, dans une vidéo diffusée mi-février, Abdelilah Benkirane, ancien Secrétaire général du PJD.  Il affirme que « dans sa première version, le projet de loi-cadre parlait uniquement de modules et de contenus, pas de matières », imputant le virage du ministère à « une magouille du lobby qui voudrait nous imposer le français dans notre vie entière ».

Au Parlement, le PJD défend une position médiane. Il est pour le maintien du statu quo dans l’université (enseignement en français des matières scientifiques). Quant aux autres cursus, le parti islamiste se dit pour l'enseignement en langue arabe avec introduction des langues étrangères mais uniquement dans des modules et contenus.

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