Le maintien de l'heure GMT+1 plonge le Maroc dans le flou

Les mesures d'accompagnement prises par le gouvernement ce jeudi 1er novembre suite au maintien de l'heure d'été sont légères et confuses : un horaire flexible pour les fonctionnaires, laissé à la discrétion des chefs d'administration, au cas pas cas, et des horaires scolaires spécifiques à la saison d'hiver relatifs, pour le moins compliqués. 

Le maintien de l'heure GMT+1 plonge le Maroc dans le flou

Le 1 novembre 2018 à 16h30

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Les mesures d'accompagnement prises par le gouvernement ce jeudi 1er novembre suite au maintien de l'heure d'été sont légères et confuses : un horaire flexible pour les fonctionnaires, laissé à la discrétion des chefs d'administration, au cas pas cas, et des horaires scolaires spécifiques à la saison d'hiver relatifs, pour le moins compliqués. 

Six jours après la décision unilatérale et surprenante du gouvernement de maintenir le GMT+1 toute l’année à titre expérimental, personne ne sait avec exactitude les mesures d’accompagnement qui seront appliquées.

Le gouvernement a mis la charrue avant les bœufs. Il a d'abord pris sa décision et l’a publiée au Bulletin officiel pour lui donner le caractère légal et effectif. Ensuite, il a entamé la réflexion sur les mesures d’accompagnement à mettre en place et les discussions avec les parties concernées, notamment les différents syndicats qui sont beaucoup plus puissants dans la fonction publique que dans le privé.

Le gouvernement se défile

A l'issue du conseil du gouvernement du 1er novembre 2018, l'Exécutif a annoncé l'examen et l'adoption de la modification du décret N°2-05-916 fixant les jours et les horaires de travail dans les administrations publiques et les collectivités locales.

La modification consiste en l'ajout d'un article qui dispose que "les chefs d'administration auront la possibilité d'accorder des facilités selon les cas spécifiques", assure Mustapha Khalfi porte-parole du gouvernement, lors du point de presse tenu à l'issue du conseil du gouvernement. "Il s'agit d'une mesure adoptée suite à la modification des horaires des écoles pour permettre aux parents et tuteurs d'enfants d'accompagner ces derniers à leurs écoles", ajoute Khalfi.

>> Lire aussi : Officiel. Voici les nouveaux horaires des écoles primaires au Maroc

Ainsi donc, le gouvernement se rétracte et n'assume pas sa responsabilité. Il la relègue aux chefs d'administration et chefs de service. En ne fixant pas des horaires flexibles précis, comme avancé par Mohammed Benabdelkader, les fonctionnaires restent à la merci du bon vouloir d'un responsable qui a toute la latitude de traiter les cas par cas. 

En ce qui concerne les horaires scolaires, le porte-parole du gouvernement annonce des mesures confuses. Il évoque la nécessité d'adapter les horaires scolaires dans la saison hivernale au GMT+1 "tout en distinguant le milieu rural du milieu urbain et en maintenant les prérogatives des conseils de gestion des établissements dans les milieux ruraux pour le choix des options les mieux adaptés à leurs conditions spatiales". 

Plus tard dans la journée du 1er novembre, un communiqué du ministère de l'éducation nationale est venu préciser officiellement les nouveaux horaires, dans le milieu rural et urbain, par niveau, les possibilités d'ajustements... Malgré ces précisions, les nouveaux horaires sont compliqués et ne manqueront pas de créer la confusion chez les parents et leurs enfants.

Ces dispositions sont en outre supposées être appliquées dans l'enseignement public et privé. Mais pour le privé, ces horaires annoncés restent à titre indicatif, car plusieurs écoles appliquent l'horaire continu ou des systèmes de garde avant et après les horaires officiels.

Pour les réseaux de missions, il n'y a pas encore de visibilité. Contactées par Médias24, certaines écoles ne comptent pas changer leurs horaires ou ne sont même pas au courant (ou peut-être pas intéressées) de la polémique suscitée par ce sujet.

Mais la nuance la plus importante, c'est que les nouveaux horaires concernent la saison hivernale. Cela veut dire qu'au printemps (à partir du mois de mars) on reviendra aux horaires normaux, soit une rentrée en classe à 8h.

On chamboule donc les horaires des enfants et leur quotidien et ceux de leurs parents avec des changements d'horaires en fonction de l'hiver et de l'été pour régler soi-disant le problème de changement d'heure légale quatre fois par an !

Le privé toujours dans le flou

Pire, toutes les dispositions prises par le gouvernement impactent les salariés du privé sans que l'Etat puisse intervenir pour leur assurer la possibilité de s'occuper de leurs enfants. 

Médias24 a sondé bon nombre de fédérations et d'opérateurs de secteurs différents. Certains, essentiellement les secteurs industriels exportateurs, ne comptent pas adapter leurs horaires et sont même ravis du maintien du GMT+1.

D’autres pensent juste donner plus de flexibilité aux parents. Mais cette flexibilité restera informelle, au même titre que pour les fonctionnaires, exposant les salariés aux risques que cette situation peut engendrer.

D’autres secteurs attendent de voir comment le secteur bancaire réagira pour suivre le pas.

Au GPBM, aucune information ne filtre. Selon une source du groupement professionnel des banques du Maroc, «nous avons tenu une première réunion en début de semaine dernière. La réflexion est toujours en cours, nous voulons être réactifs, mais nous avons besoin de prendre le temps de bien étudier le dossier».

Pour Amal El Amri, secrétaire générale de l’Union syndicale interbancaire (USIB) et membre influente à l'UMT, "il est indéniable qu’une telle décision gouvernementale -prise dans la précipitation et dans le mépris total des règles de la concertation- aurait des impacts négatifs sur les travailleurs du secteur privé. Le personnel des banques, étant constitué d’hommes et de femmes jeunes pour plus de 60% et donc avec des responsabilités familiales, ne manquerait pas de pâtir des méfaits de cet horaire et, avec lui, enfants et conjoints". 

"Nos structures syndicales ont pris le dossier en main et travaillent sur des aménagements de l’horaire à l’instar du GPBM. Nous nous réunirons en commission mixte pour débattre de toutes les pistes et décider au mieux des intérêts des salariés et du secteur", ajoute-t-elle sans donner plus de précision sur les pistes de réflexion. 

En somme, le citoyen marocain est désormais devant le fait accompli et doit s’accommoder avec une décision dont il ne connaît même pas les tenants et aboutissants, les avantages et inconvénients.

Une décision qui plonge le Maroc dans le flou et l'aléatoire, tant chaque région, chaque milieu (rural ou urbain), chaque secteur vivra à son rythme avec ses horaires. 

Une décision prise par un gouvernement sans que celui-ci ne mesure l'ampleur des chamboulements que cela occasionnera dans le quotidien des Marocains et de leurs enfants à plus d'un titre et sans aucune explication préalable ni argumentaire.

>>Lire aussi: GMT+1: L'étude marocaine sera dévoilée la semaine prochaine

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