Tourisme: Malgré la baisse estivale, la profession maintient son objectif de recettes record en 2018

Après un mois de juin prometteur, celui de juillet a été marqué par une baisse des arrivées due à des facteurs conjoncturels. Les chiffres d’août qui viennent de tomber montrent un rebond de la fréquentation touristique qui n’a cependant pas été suivi au niveau des recettes. Une situation inédite voire paradoxale, analysée par Said Mouhid qui préside l’Observatoire national du tourisme.

Tourisme: Malgré la baisse estivale, la profession maintient son objectif de recettes record en 2018

Le 25 octobre 2018 à 17h19

Modifié 25 octobre 2018 à 17h19

Après un mois de juin prometteur, celui de juillet a été marqué par une baisse des arrivées due à des facteurs conjoncturels. Les chiffres d’août qui viennent de tomber montrent un rebond de la fréquentation touristique qui n’a cependant pas été suivi au niveau des recettes. Une situation inédite voire paradoxale, analysée par Said Mouhid qui préside l’Observatoire national du tourisme.

Médias24: Comment s’est passé le mois d’août en termes d’arrivées et de nuitées ?

Said Mouhid: Les statistiques établies par la DGSN et les hôteliers montrent que le tourisme en août a enregistré une augmentation globale importante par rapport au mois d’août 2017.

Ainsi, au niveau des arrivées, on note une croissance de 12%: +13% pour les touristes étrangers de séjour (TES) et +11% pour les MRE.

L’autre indicateur significatif concerne les nuitées réalisées dans les établissements classés. Les nuitées dans les établissements classés ont augmenté de 4% dont 9% pour les non résidents et une légère baisse de 3% pour les touristes nationaux.

Au niveau de l’occupation hôtelière, on note un taux global de remplissage de 58% soit une amélioration de 3 points. L’ensemble des destinations ont bénéficié de cette augmentation. Marrakech : 67%, +2 points, Agadir : 83%, + 1 point, Tanger : 77%, + 8 points, Oujda : 61%, + 11 points.

Même évolution au niveau des performances réalisées par type d’établissement. 5 étoiles : 67% (+ 2 points), 4 étoiles : 61% (+3), 3 étoiles : 53% (+3 ), Club-hôtel : 89% (+ 3).

A la lumière de ces éléments, on peut dire que les flux et l’occupation hôtelière ont été très satisfaisants.

-Et en cumul pour les 8 premiers mois de l’année en cours ?

-La principale conclusion est que le Maroc a continué de s’inscrire sur le trend haussier qui a commencé depuis un an et demi.

En termes d’arrivées aux postes frontières, nous sommes à plus 8% avec une augmentation substantielle de 14% des TES (touristes étrangers de séjour) et une hausse plus légère de 2% pour les MRE. Idem pour les nuitées qui ont connu une croissance de 9% dont 12% pour les TES et entre 1 et 2% pour les touristes nationaux.

Le bilan janvier-août montre donc que la reprise depuis novembre 2016 s’inscrit dans la durée et qu’elle concerne l’ensemble des destinations touristiques du Royaume.

-Qu’en est-il des marchés émetteurs ?

-Pour faire court, tous les pays européens sont au vert. En cumulé, la France continue de progresser avec 7% de nouvelles arrivées, l’Allemagne : 10%, l’Italie et les USA : 14%, l’Espagne : 5%, la GB : 4% ...

C’est aussi le cas des autres pays émetteurs tels l’Amérique du nord (+14), l’Amérique du sud ou encore la Chine.

On peut cependant noter une légère inflexion du flux en provenance du Moyen-Orient.

-Les chiffres de l’Office des changes sur les recettes récoltées sont moins rassurants. Fin septembre, le Maroc a engrangé moins de recettes qu’à la même période de l’année dernière (54,8 MMDH contre 55). Où est la logique arithmétique avec des arrivées en hausse et des recettes qui baissent ?

-Il faut d’abord préciser que les chiffres que vous citez sont préliminaires et qu’il faudra 3 mois pour les confirmer. Généralement, plusieurs facteurs peuvent expliquer les hausse, stagnation ou baisse des recettes en devises.

En premier lieu, la qualité du package moyen. En d’autres termes, le type de clientèle qui voyage en août est le touriste qui a un budget généralement inférieur au reste de l’année. La période estivale est aussi une période où l’activité Mice -congrès, évènementiels et business en général-, plus rémunératrice, est très réduite.

Deuxio, il y a probablement un impact de 1 à 5 % de la variation du taux de change sachant que les chiffres communiqués sont exprimés en dirhams et que les recettes sont récoltées en devises (l’euro a baissé de 2,1% depuis le début de l’année).

Il y a aussi un effet qui devient structurel, à savoir l’impact de la baisse de la durée de séjour des touristes étrangers en raison des voyages city-break et de l’offre low-cost. L’hébergement informel non déclaré est un autre facteur non négligeable dans la non maîtrise des dépenses des touristes.

Ce phénomène de variation des recettes est important, mais pour analyser toutes ses composantes, à la hausse comme à la baisse, cela nécessite une observation sur plusieurs mois. Il est préférable de faire le point sur cette question à l’issue de la saison complète, c’est-à-dire après le 31 décembre prochain.

-Justement, comment se présentent les deux mois qui restent avant de boucler l’année ?

-Les mois d’octobre et novembre constituent une période de fort tourisme d’affaires et de congrès, très rémunérateur; mais aussi des vacances de la Toussaint et autres. Les fêtes de fin d’année compteront également beaucoup sachant que les hôtels sont presque toujours complets.

-En 2017, le Maroc a réalisé un record historique de recettes (69,7 MMDH), sachant qu’à fin septembre, elles se sont établies à 55 MMDH. Arriverons-nous aux 75 MMDH que vous aviez prévus ?

-L’évolution normale des recettes en devises a été impactée par la baisse des arrivées des MRE en juin et par l’effet Coupe du monde. Mais, sauf événement exceptionnel, nous tablons toujours sur une augmentation de cet ordre. L’objectif de 75 MMDH est donc toujours d’actualité, sauf si les résultats des analyses en cours nécessitent un réajustement d’objectif.

-Cette baisse des recettes s’explique aussi par certains hôteliers qui ont cassé les prix ?

-Non, elle n’est pas imputable à un effondrement des tarifs hôteliers.

Certes, les efforts des professionnels marocains du tourisme en matière de promotion tarifaire pour faire face à la concurrence d’une part, et optimiser l’occupation des hôtels d’autre part, pourraient expliquer une partie de la question.

Certains ont effectivement baissé les prix pour attirer les touristes partis en Russie.

-Y-a-t-il eu une désaffection des MRE?

-Il y a eu un effet saisonnier qui a joué pendant le ramadan, mais de janvier à août, nous restons sur la même lancée, donc pas de désaffection de ce marché.

-Sachant que les MRE sont à la 4ème génération, n’y aura-t-il pas une baisse de ce marché à l’avenir

-C’est tout le contraire qui risque de se produire avec les petits-enfants de MRE dont l’attachement à leur pays d’origine est une réalité indéniable d’ordre culturel et sociologique.

La multiplication des lignes aériennes low-cost les encourage à venir dans leur pays, mais ce qui va vraiment changer, n’est pas leur nombre mais plutôt leur mode de consommation sur place. Les enfants de MRE ne feront pas comme leurs parents ou arrière-parents. Ils n’iront pas au village parental pour se loger mais plutôt dans des hôtels à Casablanca ou à Marrakech. Le secteur a donc tout à gagner.

-Comment expliquer le record historique de recettes en 2017 et la stagnation enregistrée en septembre ?

-Encore une fois, nous ne pourrons nous prononcer qu’à la fin de l’année, mais nous restons sereins. Pour vous répondre, il faut disposer de l’ensemble des paramètres avec tous les partenaires de la profession (DGSN, office des changes, hôteliers ….).

Pourquoi vous ne posiez-vous pas cette même question quand nous réalisions une croissance de 15% des arrivées et des recettes (en juin dernier) ?

-Simplement parce que tous les observateurs pensaient que la dynamique de croissance était acquise...

-Vous ne pouvez pas tirer une conclusion en vous basant sur un résultat mensuel. On ne pourra analyser le phénomène de baisse des recettes que sur la durée.

Tout s’analyse. Cet été, nous n’avons pas eu la même segmentation de clientèle que le reste de l’année. Si en août, nous avions eu un congrès d’affaires avec 5.000 personnes et donc un énorme budget, le résultat aurait été différent.

-Justement, y-a-t-il des congrès importants et lucratifs pour octobre novembre et décembre ?

-L’agenda est effectivement très chargé pour des villes comme Marrakech et Casablanca. Plusieurs conférences internationales organisées par l’ONU vont s’y tenir sans compter le salon Marrakech Air show qui a lieu en ce moment.

Le mois d’octobre promet d’être très lucratif et la preuve en est que plusieurs hôteliers comptent ajuster leurs tarifs et recourir au yield management pour faire face à la très forte affluence.

-A la lumière de ces éléments, comment se présente l’année 2019 ?

-Nous la voyons avec beaucoup de sérénité car il y a un grand travail de promotion qui est en cours avec l’arrivée du nouveau responsable de l’ONMT. Un point très positif est la multiplication programmée des capacités aériennes aussi bien sur Marrakech, Agadir, Ouarzazate, Fès que dans le nord du Maroc.

Il y aura non seulement des ouvertures de nouvelles lignes mais aussi des renforcements de lignes existantes. Ryan Air et Air Arabia ont planifié des nouvelles liaisons et ce sera également le cas de la RAM qui va augmenter sa flotte d’ici la fin de l’année avec notamment l’ouverture de Miami.

C’est un signe de confiance très rassurant et édifiant pour l’avenir.

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