Tunisie: nouveaux heurts dans plusieurs villes

Plus de 300 personnes ont été arrêtées ces dernières 24 heures en Tunisie, où des heurts entre manifestants et policiers ont eu lieu pour la troisième nuit consécutive, ont indiqué jeudi les autorités, portant à plus de 500 le nombre d'interpellations en deux jours.

Tunisie: nouveaux heurts dans plusieurs villes

Le 11 janvier 2018 à 6h03

Modifié le 11 janvier 2018 à 6h03

Plus de 300 personnes ont été arrêtées ces dernières 24 heures en Tunisie, où des heurts entre manifestants et policiers ont eu lieu pour la troisième nuit consécutive, ont indiqué jeudi les autorités, portant à plus de 500 le nombre d'interpellations en deux jours.

Les troubles, alimentés par une grogne sociale, ont éclaté lundi alors que s'approche le septième anniversaire de la révolution tunisienne, qui réclamait travail et dignité et a chassé du pouvoir le dictateur Zine el Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011.

Mercredi, 328 personnes ont été arrêtées pour des vols, pillages, incendies volontaires et blocages de route commis au cours des derniers jours, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khalifa Chibani, selon qui l'intensité des violences" a toutefois "diminué par rapport aux jours précédents".

Mardi, 237 personnes avaient déjà été interpellées, selon la même source.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des heurts ont de nouveau eu lieu dans plusieurs villes du pays, dont Siliana (nord-ouest), Kasserine (centre) et à Tebourba, à 30 km à l'ouest de Tunis.

Des jeunes ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre à Siliana, et tenté de s'introduire dans un tribunal, a constaté un correspondant de l'AFP. La police avait riposté par des tirs de grenades lacrymogènes.

Des échauffourées ont également eu lieu dans certains quartiers de Tunis.

A Kasserine, une région défavorisée, des jeunes ont tenté de bloquer les routes avec des pneus en feu et ont jeté des pierres sur des agents sécuritaires, selon un correspondant de l'AFP.

Plusieurs dizaines de manifestants sont aussi descendus dans la rue à Tebourba, où a été enterré mardi l'homme décédé lors de heurts dans la nuit de lundi. La police a riposté par des tirs massifs de lacrymogène, a indiqué un habitant.

Le principal poste de police de Thala (nord) a été incendié, a encore indiqué M. Chibani, ajoutant que 21 policiers avaient été blessés à travers le pays. 'Plus rien à perdre' 

 

"Il y a des actes de pillage et de vol, mais aussi un message politique de la part d'un pan de la population qui n'a plus rien à perdre", estime le politologue Selim Kharrat, soulignant que nombre de symboles de l'Etat ont été pris pour cible.

L'armée a été déployée autour de banques, bureaux de postes et autres bâtiments gouvernementaux sensibles dans les principales villes du pays, selon le ministère de la Défense.

Pour la politologue Olfa Lamloum, "la nouvelle loi de finances est la goutte d'eau qui fait déborder le vase".

"Les jeunes sont déçus par rapport à la révolution, surtout à cause de la cherté de la vie", dit-elle, soulignant "l'approfondissement des inégalités sociales mis en évidence par les statistiques officielles" -- hausse du taux de pauvreté, du chômage et de l'illettrisme chez les jeunes notamment.

Les protestations nocturnes ont été émaillées de violences. Un supermarché de la banlieue sud de Tunis a été pillé mardi par des jeunes qui ont volé argent et marchandises, selon Mohamed Baccouche, directeur adjoint d'exploitation du groupe français de distribution Carrefour.

Si la Tunisie, unique pays rescapé du Printemps arabe, est parvenue jusque-là à faire avancer sa transition démocratique, elle reste engluée dans la morosité économique et sociale.

Dans ce contexte, un centre de réflexion, l'International Crisis Group (ICG), met en garde contre le risque de dérives autoritaires et contre la tentation d'un retour à un régime dur.

"La classe politique n'a pas encore cédé à cette tentation autoritaire", mais "dans un contexte de marasme économique, la nostalgie d'un Etat fort, à l'image de celui que l'ancien régime prétendait défendre, se répand", écrit ce think tank dans un rapport publié jeudi.

 Hausse des prix 

Après plusieurs années de marasme économique et d'embauches massives dans la fonction publique, le pays est confronté à d'importantes difficultés financières. L'inflation a dépassé les 6% fin 2017 tandis que dette et déficit commercial atteignent des niveaux inquiétants.

Tunis a obtenu en 2016 une nouvelle ligne de crédits du Fonds monétaire international (FMI), d'un montant de 2,4 milliards d'euros sur quatre ans, en échange d'un programme visant à réduire les déficits.

Les militants de la campagne "Fech Nestannew" (Qu'est-ce qu'on attend) lancée en début d'année contre les hausses de prix, ont appelé à manifester massivement vendredi.

Ils réclament une révision de la loi de finances, qui a augmenté la TVA et créé différentes autres taxes, ainsi qu'une meilleure couverture sociale pour les familles en difficulté et une lutte plus efficace contre la corruption.

Dans un communiqué, la centrale syndicale UGTT a appelé à un rassemblement dimanche devant son siège à Tunis pour la commémoration du 7e anniversaire de la révolution de 2011. (AFP)

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