Le Maroc veut sauver le singe magot qui est en danger
"Si rien n'est fait, cette espèce disparaîtra dans dix ans", met en garde l'affiche sur la vitre d'un vieux 4X4. A son bord, Ahmed Harrad sillonne le nord du Maroc pour convaincre la population de protéger le singe magot.
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Le 3 mai 2017 à 13h30
Modifié 3 mai 2017 à 13h30"Si rien n'est fait, cette espèce disparaîtra dans dix ans", met en garde l'affiche sur la vitre d'un vieux 4X4. A son bord, Ahmed Harrad sillonne le nord du Maroc pour convaincre la population de protéger le singe magot.
Seul macaque vivant hors d'Asie, le magot ou "macaque de Barbarie", qui peut peser 15 à 20 kilos, était autrefois répandu en Afrique du nord. Mais, disparu depuis 1900 de Tunisie, il ne vit plus aujourd'hui qu'au Maroc dans les zones montagneuses du Rif (nord) et du Moyen Atlas, ainsi qu'en Algérie, surtout dans les massifs de Kabylie.
Environ 230 macaques de Barbarie -introduits d'Afrique du nord- vivent aussi à Gibraltar où ils constituent une célèbre attraction touristique.
L'espèce est aujourd'hui menacée d'extinction, selon l'Union internationale de conservation de la nature (UICN).
En cause, la surexploitation des forêts qui réduit son habitat naturel, le braconnage à des fins d'exportation illégale vers l'Europe et l'inconscience des touristes qui nourrissent ce primate aux dépens de sa santé.
En 2016, sur proposition du royaume et de l'Union européenne, l'espèce a été classée sur l'annexe I de la Cites, la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction, afin qu'elle soit considérée comme "très protégée".
Ce qui "permettra au Maroc et à d'autres pays de fédérer leurs efforts pour lutter contre le commerce illégal du magot", se félicite Zouhair Ahmaouch, cadre au Haut commissariat aux eaux et forêts de ce pays.
De fait, face au danger, le Maroc a lancé un plan de sauvegarde et compte sur une société civile "très active" pour protéger l'espèce, souligne Violeta Barrios de l'UICN Méditerranée.
"Nous travaillons sur deux axes: la surveillance, le suivi et le recensement de cette espèce dans le Rif, ainsi que la sensibilisation des populations locales afin qu'elles deviennent des actrices actives de sa sauvegarde", explique à l'AFP M. Harrad, président de l'association Barbary Macaque Awareness & Conservation (BMAC), une des plus engagées dans la défense du singe magot au Maroc.
D'après lui, le macaque de Barbarie est vendu illégalement entre 1.000 et 3.000 dirhams (entre 100 et 300 euros) à des clients en Europe, au mépris de la législation marocaine qui interdit ce commerce. "Beaucoup d'étrangers achètent des singes magots pour en faire des animaux de compagnie."
Petit, le magot est "calme et mignon", mais adulte, il peut vite devenir encombrant: "il casse, mord, se bagarre avec les enfants, grimpe aux rideaux". Ces primates sont alors abandonnés par leurs propriétaires, relève M. Harrad.
Or le Maroc, qui a pourtant "la responsabilité de conserver ce patrimoine, ne peut pas rapatrier les singes lâchés en Europe", indique à l'AFP Zouhair Ahmaouch, "car nous ne savons pas s'ils viennent de Gibraltar, d'Algérie ou du Maroc."
Aucun recensement à l'échelle du Maroc n'a été réalisé, mais selon les estimations, les magots seraient au total entre 3.000 et 10.000 aujourd'hui, contre 17.000 il y a 30 ans, selon des études scientifiques.
(Avec AFP)
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