Pascal Lamy: voilà pourquoi le Maroc réussit mieux que l'Algérie

L’ancien directeur général de l’OMC a publié avec une géo-politologue un ouvrage sur les nouveaux désordres politiques qui impactent négativement le développement économique des Etats. Il en a profité pour louer l’exemple d’un Maroc qui a préféré, en réaction à la fermeture politique de l’Algérie, faire son deuil de l’UMA pour conquérir les marchés africains. 

Pascal Lamy: voilà pourquoi le Maroc réussit mieux que l'Algérie

Le 10 avril 2017 à 16h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

L’ancien directeur général de l’OMC a publié avec une géo-politologue un ouvrage sur les nouveaux désordres politiques qui impactent négativement le développement économique des Etats. Il en a profité pour louer l’exemple d’un Maroc qui a préféré, en réaction à la fermeture politique de l’Algérie, faire son deuil de l’UMA pour conquérir les marchés africains. 

Lors d’une présentation de son dernier livre dans les locaux de l’OCP Policy Center, ce lundi 10 avril, Pascal Lamy qui fut directeur de cabinet de Jacques Delors, ex-président de la commission européenne, est revenu sur l’état des relations internationales agitées dans le monde actuel.

Fruit d’un dialogue contradictoire entre deux co-auteurs, le livre présente la vision du géo-économiste et celle de la géo-politologue Nicole Gnesetto sur les priorités de développement.

Chacun interprète différemment l’origine du malaise mondial qui a vu un milliardaire outrancier élu à la tête des Etats-Unis, l’apparition de Daech comme première puissance mondiale terroriste, l’explosion du nombre de réfugiés en Europe, la fermeture des frontières, la montée des populismes ….

Pour la co-auteure, le désarroi actuel de la planète s’explique par le fait que "la mondialisation politique qui n’existe pas dans les faits n’a rien apporté en 40 ans" alors que pour Lamy, c’est d’abord le manque d’intégration des économies à la globalisation qui est à l’origine du malaise mondial.

Afin d’illustrer sa conviction que l’économie doit primer sur le politique pour surmonter les nouvelles menaces, l’ancien directeur général de l'OMC a cité l’exemple du rêve "brisé" du Maghreb uni.

"Le cas marocain illustre bien ce que Nicole et moi avons essayé de montrer à savoir la gestion des rapports difficiles entre le géopolitique et le géoéconomique. Le Maghreb est un exemple parfait où l’on voit que la géopolitique l’emporte sur la géo-économie. L’interdiction de l’intégration économique est de nature purement politique alors que les forces économiques auraient dû pousser à la construction de cet ensemble régional. La conséquence de ce rendez-vous raté a entraîné le récent rapprochement du Maroc avec l’Afrique et bientôt avec la CEDEAO.

"Sur les 30 dernières années, on remarque qu’il y a eu une synergie intelligente entre les décisions économiques et politiques qui a permis au Maroc de se développer au niveau national tout en élargissant son périmètre économique grâce à une stratégie diplomatique ouverte.

"C’est un mariage réussi entre deux forces qui ont marché main dans la main mais le Maroc ne serait pas aussi influent en Afrique s’il n’avait pas d’abord misé sur les performances économiques intérieures".

Interrogé par Médias24 sur le choix africain du Maroc au détriment de l’UMA, l’économiste déclare que c’est la fermeture politique algérienne à l’égard de l’économie ouverte qui l’explique.

"L’Algérie n’a pas fait le choix de l’intégration économique car elle travaille avec  un logiciel qui n’est pas celui de l’ouverture sur le monde. Regardez le temps qu’elle prend pour négocier son entrée à l’OMC alors que depuis 20 ans, j’ai en tant qu’ancien directeur de cet organisme tout fait pour l’aider.

"Je ne m’étendrai pas sur l’exemple algérien mais je ne vois pas comment ses faibles performances économiques augmenteraient sa puissance continentale d’autant plus que le rétrécissement de ses recettes pétrolières va s’accentuer. Alors que c’était une vérité économique, on voit bien que ses choix purement politiques ont cassé le rêve maghrébin. Cela prouve que la géopolitique ne gagne pas à tous les coups et l’UMA en est le meilleur exemple", juge Lamy.

En conclusion, l’auteur affirme que l’intégration économique doit primer sur l’intégration politique car la première fait appel à la raison alors que la construction d’ensemble politique est abstraite et doit gérer des susceptibilités et des mentalités que souvent tout oppose.

Voici en vidéos, les déclarations de M. Lamy:

 

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