L'Afrique est omniprésente à la COP22. Le Roi Mohammed VI réunit, ce mercredi 16 novembre, un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement africains présents, et promeut en parallèle deux initiatives panafricaines: la triple A et la triple S. Pour la première fois selon une source sûre, l'Afrique va figurer dans les décisions des négociations climatiques.

C'est également à Marrakech que le Gabon et la Guinée équatoriale ont signé, mardi 15 novembre, un accord par lequel les deux pays soumettent leur litige frontalier à la Cour internationale de Justice. Le Roi Mohammed VI a également reçu mardi soir le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, allié de longue date de l'Algérie. C'est dire que le Maroc est très actif sur les dossiers africains.

Alors que la 22e conférence sur le climat bat son plein, ce sommet de "l'action africaine", selon ses organisateurs cités par l'AFP, veut "donner une nouvelle impulsion" à la lutte contre le réchauffement et à la "construction d'un modèle de développement durable" sur le continent.

Pour les pays du Sud, particulièrement exposés au réchauffement, il s'agit désormais de pouvoir "bénéficier d’un soutien financier et technique urgent" pour "renforcer leurs capacités et s'adapter aux changements climatiques".

 Mobiliser 100 milliards de dollars d'ici à 2020 

Il s'agit d'obtenir des pays avancés qu'ils honorent leurs promesses de mobiliser cent milliards de dollars d'ici à 2020 au bénéfice des pays en voie de développement, a prévenu le Souverain.

Les pays du continent doivent également s'assurer de "l'implication de tous" dans le transfert de technologie, "la recherche et de l'innovation dans le domaine du climat".

Pour cela, le sommet sera l'opportunité pour les pays africains "de se coordonner et de parler d'une seule voix pour défendre leurs positions", selon une source diplomatique marocaine haut placée citée par l'AFP.

Une trentaine de chefs d'Etat ont fait le déplacement, parmi lesquels les traditionnels alliés du Royaume au sud du Sahara (Sénégal, Gabon, Côte d'Ivoire...), les pays ayant des relations suivies avec Rabat, ainsi que le Nigérian Muhammadu Buhari.

L'Afrique de l'Est sera représentée par le Kényan Uhuru Kenyatta et le Rwandais Paul Kagame, qui affiche depuis six mois sa proximité avec le Roi Mohammed VI. A noter les absences du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, initialement annoncés. Le Zimbabwéen Robert Mugabe, ainsi que le Soudanais Omar El-Béchir seront présents.

Le président français François Hollande devrait s'exprimer à ce sommet selon l'AFP.

Toujours sur le climat, ce sommet est pour l'hôte marocain l'occasion de vendre son initiative Triple A en faveur de l'agriculture africaine, basée en partie sur l'accroissement de la fertilité des terres, alors que le pays - avec ses importantes réserves de phosphate - est l'un des principaux producteurs d'engrais au monde.

 Objectif UA 

Mais l'enjeu clé pour le Royaume est surtout diplomatique. En réunissant une brochette de leaders africains sur son sol, le Maroc entend démontrer son engagement très fort en Afrique, désormais au coeur de sa diplomatie. Avec comme principal enjeu la question du Sahara, et comme objectif à court terme la réintégration du Maroc au sein de l'UA.

Le Roi enchaîne ces derniers mois les tournées diplomatiques sur le continent, non plus seulement dans sa traditionnelle zone d'influence ouest-africaine ou chez son ami le président gabonais Ali Bongo. Il revient d'un long périple au Rwanda et en Tanzanie, et devrait se rendre à Addis Abeba après la COP22. Selon une source de haut niveau contactée par Médias24, le départ du Roi pour l'Ethiopie dans le cadre de la seconde étape de sa tournée africaine "est imminent" et pourrait intervenir jeudi ou vendredi, au plus tard la fin de cette semaine.

Geste symbolique, il avait prononcé son traditionnel discours du Trône le 6 novembre depuis Dakar, proclamant que "le Maroc est de retour pour retrouver sa place naturelle" en Afrique. La diplomatie marocaine, qui a procédé récemment à un important redéploiement, entend désormais exercer son influence sur tout le continent.

Dans l'immédiat, il s'agit d'obtenir l'adhésion du Maroc au sein de l'UA. Sauf manoeuvres et violations des statuts, cette adhésion sera une formalité, elle est en effet prononcée à la majorité simple.

Coalition africaine pour l’adaptation de l’agriculture africaine

En marge des allocutions des chefs de délégations en plénière, la journée de ce mercredi devrait être consacrée à la poursuite des travaux ministériels qui portent sur les décisions concrètes relatives à la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Pour la première fois, l’Afrique devrait figurer au menu des décisions.

Le 30 septembre dernier à Marrakech, 27 pays africains avaient adopté la Déclaration de Marrakech, qui crée une coalition en faveur de l’Adaptation de l’Agriculture africaine (initiative triple A) en vue des négociations de la COP22 Marrakech. (avec AFP)