A Marrakech, l’environnement devient une priorité pour les maisons d’hôtes

A quelques mois de la COP 22, les grandes chaînes hôtelières sont incitées à mettre en avant les efforts qu’elles font en matière de développement durable. Les 1.200 maisons d’hôtes que compte Marrakech ne veulent pas être en reste.

A Marrakech, l’environnement devient une priorité pour les maisons d’hôtes

Le 16 mars 2016 à 11h56

Modifié 16 mars 2016 à 11h56

A quelques mois de la COP 22, les grandes chaînes hôtelières sont incitées à mettre en avant les efforts qu’elles font en matière de développement durable. Les 1.200 maisons d’hôtes que compte Marrakech ne veulent pas être en reste.

Christian Le Bour, président de l’Association des maisons d’hôtes de Marrakech et du sud, rappelle que depuis plusieurs années, les petites structures qu’il représente ont fait de la défense de l’environnement une priorité.

«Tout le monde peut le constater: beaucoup de maisons d’hôtes ont installé sur leurs terrasses des chauffe-eau solaires, signale Christian Le Bour. Cela n’était pas évident, a priori, car les terrasses sont souvent utilisées à des fins touristiques. Mais, comme nombre de mes confrères, j’ai tenu  à réserver une partie de l’espace pour installer 4 chauffe-eau solaires, ce qui nous permet d’alimenter en eau chaude 8 de nos 17 chambres».

Bien sûr, les maisons d’hôtes, progressivement, s’équipent toutes en lampes LED, ce qui représente un investissement non négligeable. «D’autant plus, ajoute Christian Le Bour, qu’à Marrakech, on est forcé d’installer, en plus, des stabilisateurs d’électricité, sinon, vu le courant qui nous est fourni, les ampoules ne dureraient pas: ici, une ampoule à incandescence classique dure quelques semaines, contre plusieurs mois en Europe, où l’électricité fournie est beaucoup plus stable. Et c’est pareil pour les ampoules LED qui, sans stabilisateur, ne dureraient au Maroc que quelques mois, au lieu de quelques années».

Et ce ne sont pas les seuls efforts entrepris depuis plusieurs années par les maisons d’hôtes de la ville ocre: certaines d’entre elles, par exemple, ont transformé leurs salles de bains, en supprimant purement et simplement les baignoires pour les remplacer par des douches, diminuant ainsi de façon importante la consommation d’eau. 

Comment réagissent les clients? «Très bien, affirme Christian Le Bour, surtout les clients européens, pour qui les économies d’énergie sont totalement entrées dans les mœurs. D’ailleurs, quand, à l’arrivée, on signale à nos clients que les serviettes ne sont pas changées systématiquement tous les jours, mais uniquement si elles sont posées au sol, personne n’est choqué et la  réaction est  toujours la même: oui, c’est comme partout».

Pour signaler à l’attention de tous les établissements qui font de véritables efforts en matière de développement durable, il existe un label, à l’échelle internationale: la clé verte, attribuée au Maroc par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, après examen d’un dossier de candidature.

Pour Loubna Chaouni, en charge du tourisme responsable au sein de la Fondation, la clef verte est un outil de sensibilisation des professionnels du tourisme et des touristes eux-mêmes au développement durable. Les établissements labellisés deviennent naturellement des ambassadeurs verts de Marrakech, des relais citoyens auprès des acteurs locaux, fournisseurs, associations, transporteurs touristiques, guides et agences de voyages, mais aussi de l’ensemble des touristes et des résidents à Marrakech».

Cependant, aujourd’hui, sur les 1.200 maisons d’hôtes de la ville, seules 10 ont la clé verte

«Cela ne veut absolument pas dire, réagit Christian Le Bour, dont la maison est labellisée clef verte depuis 5 ans, que les maisons d’hôtes qui n’ont pas la clé verte ne font rien dans le domaine de l’environnement. Simplement, les questionnaires qu’il faut remplir pour faire la demande ne sont pas adaptés aux maisons d’hôtes. Ces questionnaires sont longs, complexes et il faut refaire la demande tous les ans: c’est plus adapté aux établissements disposant de 100 ou 150 chambres et pouvant s’offrir les services d’un responsable de la protection de l’environnement et du développement durable. Nous, avec nos 17 chambres et notre personnel, nous pouvons le faire, mais le propriétaire d’une maison d’hôte de 4 ou 5 chambres, même s’il fait les efforts nécessaires, ne demandera pas la clé verte pour ne pas avoir à remplir un tel dossier».

Loubna Chaouni reconnaît volontiers qu’adhérer à la clé verte demande une motivation certaine, mais ne pense pas que le dossier soit complexe au point de décourager les candidatures: «Le label, explique-t-elle, est accessible à tous types d’hébergement, du gîte rural aux grandes chaînes internationales. Nous comptons d’ailleurs, à travers le Maroc, de nombreux gîtes ruraux labellisés de 4 à 5 chambres. La labellisation est un processus sérieux, mais simple, qui repose d’abord sur un véritable engagement pour l’environnement. Nous l’avons rendu le plus accessible possible: l’inscription est gratuite, la candidature est gérée en ligne pour plus de facilité et la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement prend même en charge l’audit de labellisation, alors qu’il est payant partout dans le monde et tourne autour de 800 euros!»

Il reste un problème dans la médina de Marrakech qui est loin d’être réglé. Un problème pourtant essentiel, quand on parle de développement durable: le tri sélectif des ordures.

«Nous trions, explique Christian Le Bour, tout ce qui est plastique, essentiellement les bouteilles d’eau. Deux ou trois fois par semaine, quelqu’un passe les récupérer. Mais ce n’est pas une structure officielle: c’est quelqu’un qui, grâce à cela, gagne un peu d’argent en revendant les bouteilles. C’est une manière, pour nous de faire du tri sélectif, avec nos moyens! Certes, il y a aujourd’hui quelques containers dans la médina qui permettent de faire du tri sélectif, mais le plus proche de chez nous est à 1,5 km. Et il faut se frayer un chemin dans des petites ruelles, où on ne peut pas forcément passer avec une carriole. Ce n’est donc pas du tout adapté à nos besoins: on manque de containers, plus nombreux et mieux répartis. Les maisons d’hôtes sont sensibles au problème du tri sélectif, mais il faut leur donner les moyens de le faire, même si je reconnais que le problème du tri et du ramassage est complexe en médina: c’est plus facile à Gueliz ou à l’Hivernage!».

Mais quand on demande à Christian Le Bour ce qui, à ses yeux, devrait être la priorité en matière de respect de l’environnement, sa réponse est immédiate: «L’éducation! Il y a, par exemple, toute une information à faire passer auprès de la population sur le gaspillage de l’eau. Dans les maisons, il est fréquent que les gens commencent par jeter au sol un grand seau d’eau, avant même de passer un coup de balai, alors qu’il suffirait de balayer ou de passer l’aspirateur, puis un simple coup de serpillère: certes, à l’échelle d’une maison, cela ne fait pas beaucoup d’eau gaspillée, mais à l’échelle d’une ville comme Marrakech, ce sont des milliers et des milliers de litres gaspillés chaque jour!»

Cette réflexion va dans le sens du travail entrepris par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement: «Pour nous, en matière de développement durable, l’éducation est essentielle, confirme Loubna Chaouni. C’est pourquoi nous mettons en place des programmes pour sensibiliser les enfants dans les écoles dès leur plus jeune âge au respect de l’environnement et donc de la sauvegarde de notre planète».

Mais il faudra sans doute une génération pour que les réflexes que demande la protection de la nature soient acquis par tous et que le gaspillage des matières premières essentielles, comme l’eau, ne soit plus qu’un mauvais souvenir…

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