Zouhair Lahna, médecin marocain humanitaire à Gaza et en Syrie

De retour à Aubervilliers après une mission humanitaire en Syrie, le Dr Zouhair Lahna nous livre son témoignage à la fois poignant et émouvant sur la situation sanitaire en Syrie et à Gaza. Et nous révèle ses projets au Maroc.

Zouhair Lahna, médecin marocain humanitaire à Gaza et en Syrie

Le 20 mars 2015 à 17h35

Modifié 20 mars 2015 à 17h35

De retour à Aubervilliers après une mission humanitaire en Syrie, le Dr Zouhair Lahna nous livre son témoignage à la fois poignant et émouvant sur la situation sanitaire en Syrie et à Gaza. Et nous révèle ses projets au Maroc.

Dans un pays ravagé par cinq ans de guerre et un président déterminé à écraser la révolte, le Dr Zouhair Lahna s’est porté au chevet des populations syriennes rescapées. Que ce soit à Sarmada ou à Al-Dana, ce gynécologue marocain de 48 ans résidant en France s’est investi à plusieurs reprises dans des missions humanitaires et dispensé des formations.

«Dans une guerre, il y a deux camps, et au milieu, une population qui subit les affres de la guerre», souligne cet acteur associatif qui a fait le choix d’une vie pas ordinaire. Témoin de premier ordre, il a, chevillée au corps, la vocation d'aider les autres. «J’ai un peu de science médicale que j’essaye de partager», dit-il, modeste.

Des formations en Syrie

En novembre 2014 puis en mars 2015, il a formé des femmes de tout âge venues de plusieurs localités de Syrie, aux techniques d’obstétrique d’urgence, à l’hôpital Bab Al Hawa situé à la frontière avec la Turquie.

 «Beaucoup de sages-femmes syriennes exercent ce métier sans avoir suivi de formation. D’autres se retrouvent obligées d’apprendre un métier alors que la crise ne cesse de s’allonger».

Pour sa dernière formation qui s’est achevée il y a quelques jours, il a encadré des dizaines de femmes parmi lesquelles «une ancienne étudiante en médecine qui dû arrêter ses études en quatrième année, des licenciées en littérature, ou encore une mère de famille battante et qui a tout fait pour assister à la formation».

Cette dernière, veuve de 35 ans, a démarré sa carrière dans ce même hôpital comme femme de ménage, avant d’apprendre sur le tas le métier d’infirmière pour devenir assistante sage-femme, puis sage-femme par expérience. «Elle a eu les larmes aux yeux quand on lui a remis son premier diplôme, signe de reconnaissance et d’encouragement».

Aujourd’hui, en dépit de ces exemples qui mettent du baume au cœur, la situation reste extrêmement critique et la population syrienne vit dans une crise médicale et sanitaire aiguë.

«Le système de santé s’est dégradé. Pour de nombreuses personnes, l'accès aux soins n'est pas assuré et la situation ne fait qu'empirer. De nombreux médecins ont déserté la Syrie. D’autres sont restés malgré la crise», raconte celui qui compte se rendre à Alep pour répondre à la sollicitation de «la seule gynécologue restée dans cette ville ravagée par la guerre». 

Trois missions à Gaza sous les bombes

L’engagement humanitaire du Dr Zouhair Lahna remonte à 1999, date à laquelle il a participé à sa première mission dans les Comores. D’autres suivront en Afghanistan, au Congo, en Ethiopie, en Libye, et même au Maroc, son pays d’origine où il a suivi sa formation de médecin avant de se spécialiser en gynécologie obstétrique en France.

En août dernier, il devait donner une formation de chirurgie obstétrique aux médecins de Gaza. Un mois plutôt, l’attaque israélienne contre Gaza a commencé, c’est la raison pour laquelle il a avancé son voyage et rejoint une association de médecins palestiniens. «A cause de l’agression israélienne sur Gaza, je suis devenu par la force des choses un apprenti urgentiste qui porte les blessés, nettoie les blessures, défait les habits ou plutôt les déchire pour pouvoir accéder et soigner les corps martyrisés».

Pendant 51 jours, il tente tant bien que mal de sauver des vies dans les blocs opératoires d'Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza. «Les blessures sont souvent graves et multiples. Dès que le blessé arrive, nous essayons de le sauver mais sans acharnement. La mort bien que douloureuse est acceptée comme un destin, une élévation», dit-il, un brin stoïque. Pendant les guerres de 2009 et 2013, il s’était déjà rendu à Gaza pour participer à des missions humanitaires.

Des projets au Maroc

Dans une semaine, il se rendra au Maroc pour mener un projet qui le tient à cœur: s’investir dans un projet de formation des sages-femmes et lutter contre la morbidité maternelle dans les hôpitaux publics. Le regard qu’il porte sur le système de santé marocain est d’ailleurs sans concession.

 «Avant la guerre, la Syrie disposait d’un système de santé plus performant que celui du Maroc, qui est très inégalitaire. Les inégalités entre les riches et les pauvres, les villes et les campagnes sont criantes. Les soins coûtent cher, les médicaments aussi. Des soins de qualité sont délivrés dans les cliniques privées alors que ceux qui manquent de moyens sont livrés à eux-mêmes dans les hôpitaux publics. Cela encourage la corruption, occasionne des erreurs médicales et rend le patient Marocain méfiant à l’égard du système de santé», dit-il. 

Mais le plus étonnant est là: ce médecin engagé «trouve plus de mal à mener ses actions humanitaires au Maroc que dans des pays en guerre ».

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