Comment le mausolée Moulay Idriss a été sauvé

EXCLUSIF. La restauration du mausolée Moulay Idriss Al Azhar à Fès est l’un des plus grands projets de restauration au Maroc. D’un coût de 52,2 MDH, la  reconstitution n’a pas altéré l'architecture de cet édifice de près de 3 siècles, qui risquait de s’effondrer.  

Comment le mausolée Moulay Idriss a été sauvé

Le 16 novembre 2014 à 7h59

Modifié 16 novembre 2014 à 7h59

EXCLUSIF. La restauration du mausolée Moulay Idriss Al Azhar à Fès est l’un des plus grands projets de restauration au Maroc. D’un coût de 52,2 MDH, la  reconstitution n’a pas altéré l'architecture de cet édifice de près de 3 siècles, qui risquait de s’effondrer.  

«C’est le plus grand projet de ma vie», lance sans hésitation Rachid Haloui, architecte responsable du projet de restauration du mausolée Moulay Idriss Al Azhar. «Il y aura d’autres projets de restauration au Maroc mais certainement pas de la même envergure. C’est le plus grand et le plus fascinant», ajoute M. Haloui. Il faut dire que l’architecte a été si impressionné par l’architecture et l’esprit du mausolée qu’il a décidé d’écrire un ouvrage de 600 pages sur ce monument dont il a «tiré beaucoup d’enseignements».

En quoi la restauration de ce monument est si particulière ?

Lancé en mai 2011 par le Roi Mohammed VI, le projet a porté sur la consolidation et la restauration complète du mausolée et de son sanctuaire, notamment, la grande coupole, le patio, la salle de prière, le minaret, les Mesrayat, la mosquée Mkalka (espace de prière d'une capacité de 240 fidèles et salles d'ablutions) et de Dar Kaïtoun, l'ancienne résidence de Moulay Idriss. Ainsi, 2.548 m2 de superficie devaient faire l’objet d’une restauration à l’identique pour la préservation d’un monument historique qui date du XVIIe siècle.

Avant le lancement des travaux, une étude technique et de préparation a été menée durant une année et au terme de laquelle il a été conclu que le mausolée Moulay Idriss est «le monument le plus riche en décors au Maroc, du point de vue de la quantité et de la qualité». La mission devient alors beaucoup plus délicate !

Les travaux ont duré 36 mois, au lieu de 24, car les chorfa et les habitants refusaient d’évacuer les lieux. «Le ministère des Habous a donc décidé de verser des indemnités dont le total s’élève à plus de 800.000 DH. C’était la première difficulté que nous avons rencontrée et elle nous a coûté 12 mois de retard», explique Rachid Haloui à Médias 24.

Les travaux de consolidation et de restauration ont porté précisément sur les parties menaçant ruine notamment la koubba, le mur de séparation du mausolée et kissaria Al Kifah, Dar Kaitoun et la mosquée Lmkalka.

«Quand on creuse, on ne peut pas savoir à quoi on peut s’attendre. Il y a toujours des découvertes et des imprévus. En plein travaux, nous avons découvert que la moitié de la mosquée Lmkalka a été construite sur une maison, construite elle-même sur une boutique», ajoute M. Haloui.

Il y avait également le volet concernant la restauration d’éléments d’ouvrage très dégradés. Ces travaux, d’une grande précision, ont porté sur le zellige, le plâtre, la ferronnerie, le bronze, les bois et les peintures décoratives. Ces éléments ont été restaurés à l’identique avec des matériaux traditionnels.

Les infrastructures n’étaient pas en reste. La plomberie, l’électricité, la sonorisation et la protection contre les incendies… tout a été refait à neuf.  

Au terme de 36 mois de travaux, le mausolée est totalement restauré : les fondations sont renforcées, les fissures réparées et les toitures et plafonds consolidés.  

Reconstitution de certains décors disparus

Quelles ont été les difficultés ou les risques rencontrés au cours de la restauration ?

La nature du mausolée est très particulière, notamment son ancienneté, le manque d’entretien, la présence de plusieurs fissures, l’impact de l’humidité et la nature des sols. D’ailleurs, la mosquée Lmkalka a été construite sur un oued, ce qui rendait le sol beaucoup plus vulnérable.

Les difficultés sont aussi liées à la reconstitution de certains décors disparus, d’une richesse exceptionnelle. L’équipe a été amenée à faire des recherches iconographiques pour retrouver les mêmes décors.

«Nous avons eu une très bonne entreprise qui a également fait appel aux meilleurs mâalmin de Fès dont un mâalem très âgés et très connu, mâalem Figuigui, qui a joué le rôle de superviseur et de conseiller».

«Quant aux risques, il y en avait pas car tout au long des travaux notre but était de préserver les ouvrages et nous étions bien préparés et bien équipés pour cela», rassure M. Haloui. 

Les travaux de restauration du mausolée Moualy Idriss ont mobilisé une main-d’œuvre de près de 60 personnes, en plus de deux bureaux d’études et un laboratoire.

«Le mausolée n’en est pas à sa première restauration, il y en a eu plusieurs, la dernière date des années 1960. Mais celle qui a fait l’objet de cette inauguration est de loin la plus importante, la plus générale et la plus exhaustive. Nous avons essayé de respecter au maximum la nature du monument. Il était hors de question d’utiliser des peintures chimiques, tout le travail a été basé sur une peinture avec des pigments naturels», rappelle Rachid Haloui.

Le mausolée, appelé également zaouia, est un lieu de culte ancré dans la mémoire collective des Marocains. Devenu lieu de pèlerinage, il abrite le tombeau d'Idriss II, fondateur du Maroc et de la dynastie Idrisside.

L'édifice a connu de nombreux aménagements, restaurations et agrandissements, surtout sous les Mérinides, les Wattassides, les Saadiens et les Alaouites.

Le répertoire ornemental de la mosquée est varié. L’essentiel des décors se trouve à l'intérieur. 
La plupart des décorations que le visiteur peut voir de l'extérieur ont été restaurées par le Roi Mohammed V après 1956.

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