Tarik Fadli, jeune prodige, inventeur de l’automate de légalisation

Tarik Fadli est un challenger qui veut calquer les bonnes pratiques américaines dans les IT au Maroc. Il vient d'inventer une solution de dématérialisation de la légalisation de signature et de certification de copies conformes.

Tarik Fadli, jeune prodige, inventeur de l’automate de légalisation

Le 10 septembre 2014 à 15h30

Modifié 10 septembre 2014 à 15h30

Tarik Fadli est un challenger qui veut calquer les bonnes pratiques américaines dans les IT au Maroc. Il vient d'inventer une solution de dématérialisation de la légalisation de signature et de certification de copies conformes.

Il livre son parcours et explique son invention à Médias 24.

 

Après 9 ans d’expérience aux Etats-Unis, Tarik avait été sollicité par Microsoft Londres pour occuper le poste de Lead Architect Moyen-Orient et Afrique. «J’ai alors remarqué qu’il y a une réelle opportunité au Maroc dans le domaine des nouvelles technologies», souligne-t-il. Il a décidé de se lancer à son propre compte. C’était en 2007, il crée alors Algo Consulting, à l’âge de 27 ans. C’est là que l’aventure marocaine démarre.

Jeune SSII, elle compte déjà dans son portefeuille client des grands comptes comme Microsoft, l’ONCF, LGV, Autoroutes du Maroc, Jet4U, OCP, Bank Al Maghrib ou la BMCE. Mais aussi en tant qu’entreprise qui se veut citoyenne et responsable, elle compte des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental, la Fondation Mohammed VI, quatre universités marocaines et une pakistanaise.

En seulement 6 ans, Algo Consulting s’est vu gratifié du prix «Best cloud partner» de Microsoft et du «prix de l’innovation» au Salon Med IT 2013. Elle est également candidate pour le prix de l’innovation en Afrique dont les délibérations sont prévues pour mars 2014.

Tarik est un adepte de la dématérialisation. «Aux Etats Unis, c’est l’économie de l’immatériel qui règne», souligne-t-il. Et ce, malgré les problèmes techniques d’intégration de différents systèmes qui existent, «l’un depuis les années 70, les autres depuis les années 80, 90 ou encore 2000». Il estime qu’au Maroc, grâce à plusieurs chantiers déjà entamés dans les secteurs des TIC, de la modernisation du secteur public, du développement durable et de la démocratisation de l’information publique, il y a une base solide pour lancer les chantiers de dématérialisation.

Une machine qui mise sur la traçabilité, l’économie verte, la rapidité et la transparence

Tarik Fadli a inventé une solution novatrice de dématérialisation de la légalisation de signature et de certification de copies conformes. Elle a été récompensée par le Trophée de l’innovation coup de cœur du salon Med-IT.

Au-delà de ces attraits techniques, cette invention constitue un levier puissant et innovant pour le développement durable, dans la mesure où il réduit notablement la consommation de papier, augmente la transparence et évite la multiplication des déplacements, plaide-t-il. Un brevet industriel a été déposé à l’OMPIC.

L’architecture de la machine comporte un emplacement consacré à l’introduction des pièces d’identité biométriques à l’instar de la CIN ou du passeport. Les scanners biométriques captent les informations, remplissent automatiquement les bases de données, valident l’authenticité des porteurs de la pièce en quelques secondes.

C’est donc une économie de temps et un gain de sécurité, qui évitent de remplir des registres avec un stylo ou saisir des données avec un clavier. Mais encore, cela évite la validation manuelle par un fonctionnaire étatique qui doit endosser la responsabilité totale du process. De plus, la carte CIN identifie la signature, les empreintes et la photo. Pour s’authentifier, le citoyen dispose d’un endroit dédié où mettre son doigt dans le scanner d’empreinte digitale, une caméra pour la reconnaissance faciale et un stylet pour signer sur un écran tactile. «Zéro fraude et rapidité de transaction assurée», explique Tarik.

«Nous avons déjà livré des solutions citoyennes au Maroc, mais celle-là me tient particulièrement à cœur, nous confie Tarik, car c’est une première au monde ».

Il cite Kennedy: «ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays».

Pour ce challenge, faire fonctionner cette solution pour les Marocains sera sa plus grande réalisation et source de fierté, pour le reste du monde ce sera du business. 

La copie légalisée se reproduit en format papier ou virtuel

La machine peut être reliée aux bases de données étatiques. Elle pratique ce que l’on appelle l’OCR, la reconnaissance optique des caractères.

Dans le cas de la production de copies conformes d’un diplôme de baccalauréat par exemple, la machine valide l’authenticité de ce dernier avant de produire des copies certifiées ouune copie signée électroniquement et sauvegardée sur le cloud.

Au cas où le citoyen souhaiterait une copie, le document s’imprime avec un code à barres 2D. Donc plus besoin de timbres. Ce code à barres peut être scanné par un Smartphone, sinon il peut être vérifié sur le site communal suite à une référence qui se trouve en bas du document légalisé. De plus, le papier légalisé peut être cacheté avec un cachet sec afin de rendre la possibilité de le photocopier impossible en format papier.

En format  virtuel légal, il est stocké dans un compte personnel à vie dédié à la légalisation (diplôme, attestation d’habitat, passeport, état civil, contrat, etc), et parallèlement dans un cloud étatique central.

«La traçabilité des documents ne fera plus défaut», commente notre geek. Et d’ajouter: «on dématérialise les transactions citoyen-à-gouvernement (C2G), business-à-gouvernement(B2G), et gouvernement-à-gouvernement(G2G)».

Statistiques en temps réel

Le système est équipé d’un portail internet permettant au citoyen-usager  de prendre  rendez-vous en ligne avec la possibilité de soumettre le document sous format PDF.

La partie backoffice permettra aux Communes et à l’Etat d’avoir des statistiques en temps réel sur les transactions en cours, ainsi qu’une visibilité sur les encaissements par région.

Le prototype de la machine a été fabriqué aux Etats-Unis mais sa production à long terme est prévue au Maroc, ce qui contribuera au développement social. Deux machines pilotes seront livrées en Janvier 2014.

Déjà des clients potentiels: en Afrique et dans les pays du Golfe

Des pays du Golfe ont déjà exprimé leur besoin d’acquérir cette solution de dématérialisation de la légalisation de signature et de certification de copies conformes. Avec l’automatisation, ils envisagent la  dématérialisation de tous les processus de soumission de papier B2G, C2G et G2G.

Quant aux pays africains intéressés, l’application concernerait les élections. Non seulement, le vote sera transparent, mais les résultats pourront être comptabilisés statistiquement dans la seconde suivant le dernier vote. Cet automate, grâce à son haut degré de cryptage, élimine d’une manière considérable les risques de fraude dans le comptage des votes. Il s’agit d’accompagner la sécurisation et de fait la légitimation du processus politique tout en responsabilisant le citoyen durablement, lance Tarik. Il n’omet pas de penser aux analphabètes, en installant une iconographie d’identification sur la machine qui à l’aide d’une voix  renseigne pédagogiquement sur les démarches à suivre.

Remède pour la fracture numérique au Maroc

Aux Etats-Unis, il y a une fracture numérique intergénérationnelle qui exclut principalement les séniors de la révolution technologique.  Au Maroc, non seulement les anciens ne maîtrisent guère les outils de la modernité et sont touchés relativement par l’analphabétisme, mais également la précarité des jeunes empêche leur accès  à l’informatique.

Si l’Etat adopte cette solution qui incarne véritablement la stratégie numérique du pays, les citoyens apprendront de manière didactique l’emploi informatique. En comprenant les usages, ils feront des nouvelles technologies un allié du quotidien.

Le rêve américain… réalisé par un marocain

D’une mère avocate sociale et un père professeur-chercheur en géologie à l’université, Tarik est un amoureux de l’informatique, qu’il juge comme étant un «art au service du plus grand nombre». Il s’auto-formait depuis son plus jeune âge. Mais, il n’a jamais cru qu’il ferait carrière dans le domaine.

Baccalauréat scientifique en poche en 1997, obtenu au Lycée Hassan II à Ben Slimane, il a voulu à tout prix étudier aux Etats-Unis. « Ce n’était pas évident pour mes parents de financer toute ma scolarité. Elle coûtait au minimum 120.000 DH par an, sans compter le coût de la vie. Et en plus, je suis l’aîné d’une fratrie de 5 enfants», nous raconte-t-il. Mais il a fini par obtenir gain de cause, ses parents ont décidé de  financer uniquement sa 1ère année.

Tarik a ainsi intégré l’Université du Colorado en génie mécanique. Il a persévéré pour pouvoir financer les années suivantes. Il ne quittait pas l’école, «de 7h à 22h».  Il étudiait et travaillait à mi-temps en tant que technicien informatique à l’université où il étudiait. Qui plus est, il y donnait des cours du soir aux élèves de 1ère année soit en mathématique, soit en informatique (College Algebra, Logic design, Programmation sous visuel Basic et Cisco LAN). Ce qui lui a permis de profiter d’un rabais sur les frais de scolarité.

Mais Tarik ne s’est pas arrêté là, c’est une vraie fourmi humaine. Il a enchaîné des petits jobs d’étudiants  les weekends afin d’arrondir ses fin de mois, comme peintre en bâtiment ou tondeur de gazon. Il n’avait que 19 ans.

Grâce à sa persévérance, au cours de sa 2ème année d’études en 1999, il n’est plus technicien mais ingénieur réseau.

L’année suivante, il a été sollicité par Spherion Technology Architects, une entreprise IT qui cherchait des professionnels expérimentés en « .NET ». Il est ainsi devenu ingénieur consultant développement tout en poursuivant son activité d’enseignant à mi-temps à l’université. « Mon expérience en tant qu’enseignant informaticien à l’université m’a permis de travailler sur toutes les technologies possibles, nous raconte-t-il, Mon CV en l’espace de 2 ans an m’a valu ce job de consultant alors que je n’avais que 20 ans».

Moins d’un an après, il a atterri à CTL Thomson en tant que coordinateur informatique et développeur logiciel. «C’est en rejoignant cette société que j’ai décidé de faire carrière en informatique» nous livre-il.

CTL Thomson opérait dans le Génie Civil et avait 9 bureaux aux Etats-Unis, « mais à l’époque le génie civil ne disposait pas d’ERP ». De sa propre initiative, Tarik avait décidé de relever ce défi.  «J’ai  consacré 8 mois à créer cet ERP de gestion d’entreprise de génie civil et test de matériaux de construction avec une solution Mobile».

Après ces 8 mois de travail acharné, il a présenté pendant 2 heures ce projet devant une assistance de 500 personnes, y compris le top management. «Quand j’ai terminé et que tout le monde s’est levé et applaudi, j’étais aux anges, se rappelle-t-il avec ce regard d’accomplissement, surtout que je n’avais que 21 ans». Grâce à cette solution, «le rapport d’activité nous prenait entre 1 heure et 2 heures. Et la concurrence qui, elle, le livrait en une semaine, nous a sollicités des années après pour l’achat de la solution».

Alors qu’il avait 23 ans et que les solutions qu’il a créées prenaient de l’ampleur, l’équipe informatique qui ne comptait que 3 ingénieurs s’est élargie à 8, et Tarik a été désigné pour la diriger. «J’étais le plus jeune directeur, n’ayant pas encore terminé ses études et arabe en plus, lance-t-il avec le sourire aux lèvres, surtout après le 11 Septembre ce n’était pas évident».

Il nuance : «mais j’avais affaire à des professionnels». Il est devenu actionnaire dans l’entreprise et a occupé ce poste pendant 3 ans. Ensuite, il a eu une offre pour le poste de Chief Technology Officer à NSL, entreprise de crédit de scolarité.

«Ici, mon challenge était d’optimiser la gestion d’octroi de crédit, j’ai créé une solution avec plusieurs indicateurs statistiques qui centralise toutes les informations des clients et qui remplace les formulaires. Pour répondre à une demande de crédit, cela ne prenait que quelques secondes. C’était une première aux Etats-Unis en termes de vente de crédits de scolarité».

Ce fut sa dernière expérience aux Etats-Unis avant qu’il ne décide de rentrer au bercail suite à l’offre d’emploi de Microsoft Londres pour le poste de Lead Architect Moyen Orient et Afrique. Il y passe 7 mois (de juin 2007 - décembre 2007) avant de fonder Algo Consulting. Le reste, vous le connaissez…

 

 

 

 

 

 

 

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