Abbas Azzouzi : “Ce que sera Medi1 TV en 2015”

Medi1 TV vit un tournant de son histoire en passant du public au privé. Quels sont les changements impliqués par cette refonte de son statut, mais aussi de son tour de table ? Entretien avec Abbas Azzouzi, PDG de la chaîne de télévion.  

Abbas Azzouzi : “Ce que sera Medi1 TV en 2015”

Le 29 mai 2014 à 18h30

Modifié 29 mai 2014 à 18h30

Medi1 TV vit un tournant de son histoire en passant du public au privé. Quels sont les changements impliqués par cette refonte de son statut, mais aussi de son tour de table ? Entretien avec Abbas Azzouzi, PDG de la chaîne de télévion.  

La Haca vient de valider le nouveau cahier des charges de Medi1 TV. Quelles en sont les conséquences immédiates pour la chaîne ?

Il faudra d’abord attendre que ce document soit publié dans le Bulletin officiel. Mais de prime abord, je peux vous dire que la Haca a voulu mettre en avant un processus d’autorégulation qui prône la responsabilisation de la chaîne plutôt que de lui imposer un cadre rigide. 

De quelle manière sera-t-elle responsabilisée?

 

En clair, notre nouveau cahier des charges implique des principes de responsabilité vis-à-vis du téléspectateur. Cela porte par exemple sur le respect des jeunes publics, la liberté d’expression, le statut de la femme, la représentativité des différents courants de pensée…

Il porte aussi sur le positionnement de Medi1 TV en tant que chaîne news continue où seront renforcés les programmes liés aux volets information, connaissance et culture.

Contrairement aux cahiers des charges appliqués au secteur audiovisuel public, en ce qui nous concerne, la haute autorité n’interviendra pas dans la définition des volumes horaires, des types de programmes, des grilles… autant de points contraignants d’un point de vue éditorial.

A partir de quelle date constatera-t-on ces changements au niveau de la programmation?

Les prémices d’un changement visible pour le téléspectateur au niveau de la grille et du type de programme auront lieu dès début 2015.

Cela suppose de réaliser un long travail en amont. Par exemple, pour ce qui est des ressources humaines, il faudra étoffer le réseau des journalistes et des équipes qui travailleront sur le terrain que ce soit au Maroc et à l’étranger et développer de nouveaux concepts d’émissions qui correspondent à notre nouveau positionnement.

Un effort tout aussi immense est à faire au niveau du volet technique. C’est vous dire que la mécanique est très lourde à mettre en œuvre.

En tant que chaîne d’information à hauteur de 30% au minimum, quelle place occupera le divertissement ?

Il faut faire le distinguo entre le contenu et le format. Ce n’est pas parce qu’une chaîne est centrée sur l’information, la culture et la connaissance que sa programmation ne doit pas être attrayante.

La seule manière d’intéresser un public très large dans ces domaines-là est de passer par le divertissement. La télévision est d’abord un loisir même si elle est une source de connaissance et de découverte.

Ceci étant, nous n’avons pas vocation à faire du divertissement de type variétés. Mais développer des talk-show, des concepts d’informations et de découvertes qui soient en même temps divertissants est parfaitement possible.

Qu’est-ce qui a convaincu les deux opérateurs émiratis de débourser 95 millions de dollars pour détenir 54% de Medi1 TV ?

Arrêtons de nous auto-flageller. Certes, il faut connaitre ses faiblesses mais aussi se rendre compte de ses potentiels. Dans le monde arabe, il se trouve que l’audiovisuel le plus avancé est le nôtre en terme de libéralisation, de liberté et de potentialités.  

Vous oubliez peut-être le modèle égyptien et celui des pays du Moyen Orient ?

En tout cas, il y a très peu de pays arabes qui passent outre le monopole de l’Etat et qui stimulent le développement d’opérateurs privés. Ce sont des points très positifs. Pour ce qui est du Maghreb et de l’Afrique, le Maroc est un cas d’école.  

Outre les fonds financiers, qu’apporteront les deux investisseurs émiratis ?

Leur expérience dans le domaine de la production et des médias nous permettra  de produire plus de programmes et de pouvoir en exporter certains. Notons que l’une des principales faiblesses de l’audiovisuel marocain réside dans son incapacité de s’exporter. Le marché marocain est trop petit pour supporter financièrement des productions de qualité et en grand nombre. La solution est de trouver des opportunités de distribution de ces programmes à l’international. Nous y travaillerons d’arrache-pied.

Vous faites allusion à quels types de programmes ?

Nous allons favoriser la production de documentaires patrimoniaux sur l’histoire et la culture marocaines. Ces programmes peuvent trouver écho à l’étranger.

Je vais vous donner un exemple concret pour vous en convaincre. Le concepteur de la célèbre émission Pékin Express a vu notre programme Enigma et a voulu en savoir plus sur les modalités de rachat de ce format. C’est une reconnaissance de nos compétences créatives et des modalités de production qui sont les nôtres.

Il ne faut pas perdre de vue que toutes les chaînes cherchent aujourd’hui à produire moins cher vu que les tarifs publicitaires baissent et que les parts de marché s’effritent. La concurrence d’Internet et la  forte disponibilité du contenu font que les modèles économiques sont tous appelés à être révisés, s’ils ne le sont pas déjà. A notre niveau, nous avons l’habitude de travailler dans ces conditions où les moyens sont limités. Il s’agit d’un atout majeur qui nous permettra d’exister au-delà de nos frontières.

Comment allez-vous gérer la période de transition ?

Sur le plan de la production, nous ne travaillons pas en flux tendu, mais avec neuf mois d’avance. La grille de ramadan par exemple a été définie en novembre dernier, ce qui a permis de finir la production de ses programmes. Il reste à boucler le volet de la commercialisation. La grille de septembre, elle aussi, est déjà définie. Maintenant, nous allons commencer à travailler sur la grille de janvier 2015.

Et au niveau des ressources humaines. Avez-vous déjà défini vos besoins futurs ?

C’est en fonction de nos ambitions en termes de production et de programme que nous allons définir nos besoins en termes d’effectifs et de type de profils.

Mais d’ores et déjà, nous savons qu’il faudra renforcer toute la partie informations et mobiliser des équipes sur le terrain. Pour optimiser nos RH, nous ne recrutons que des JRI (journalistes reporters d’images) capables de réaliser leurs propres reportages.

Sur la partie production et conception d’émissions, le besoin en compétences existe au niveau des concepteurs rédacteurs  ainsi que des producteurs.

Au niveau de la rédaction, nous allons renforcer les équipes des news en arabe et en français.

Allez-vous miser plus sur la langue arabe sachant que le cahier des charges n’évoque pas cet aspect ?

On est une représentation de la société marocaine, d’où la prédominance de l’arabe. Le cahier des charges ne s’attarde pas sur la question car nous ne faisons plus partie du service public.

Mais vu que nous comptons nous déployer à moyen terme sur l’Afrique francophone, il est clair que les émissions en français seront développées par la suite. 

Avant de vous attaquer à l’Afrique francophone, vous visez d’abord le marché maghrébin. Medi1 TV sera-t-elle la concurrente de la chaîne Nessma?

 

On ne peut pas définir une chaîne par rapport à une zone géographique. Une chaîne se définit par rapport à son contenu.Je tiens à préciser que nous sommes et resterons une chaîne marocaine qui puise son contenu dans la culture, l’histoire et les traditions marocaines. Mais en tenant compte des attaches que le pays a et entretient avec le Maghreb, l’Afrique francophone et ses ressortissants à l’étranger. Notre rôle est de renforcer ces liens en mettant en place des programmes appropriés.

Le fait que les Emiratis détiennent la majorité du capital aura-t-il une incidence sur le top management ? L’équipe de direction va-t-elle changer ?

Dans l’absolu, un actionnaire majoritaire fait ce qu’il veut (rires). En fait, c’est le conseil d’administration qui décide de ce genre de détails Mais dans le cas de NekstInvestments et Steeds Medias, je peux vous dire qu’en s’intéressant à Medi1 TV, ils ont aussi été convaincus par les équipes existantes.Et pour le moment, je reste en poste. Mon remplacement n’est pas à l’ordre du jour.

Quid du nom Medi1 TV. Sera-t-il appelé à changer ?

Il n’y a aucune raison d’y apporter des modifications. On ne change pas une équipe qui gagne (rires).

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