Que retenir de cet événement ? De ces quatre heures écoulées si rapidement ? Pourquoi, au fond, l’avions-nous organisé ? Oui, les connexions se sont produites, la bonne ambiance a été créée, un concept est né, l’institut est mieux connu… Mais l’essentiel reste, tout de même, dans ce que l’être humain recherche le plus, et de plus en plus en dehors des circuits traditionnels : se connaître mieux, comprendre, être pour mieux faire, comme l’a si bien distillé Sally pour décanter échanges et émotions ! Une participante est venue nous voir et nous a révélé qu’en sortant d’Agora, elle avait senti un changement d’humeur profond après un triste événement qu’elle venait de vivre.

Agora du 2 mai, à Agadir, construit autour des parcours de nos quatre invités, nous a fait revisiter le Maroc. Ses villes : Tiznit, Meknès, Khouribga, Salé, Casablanca… Mais aussi ses hôpitaux, ses écoles, ses prisons, ses studios télé… De quoi donner le tournis aux géo-localisateurs les plus vigilants. Sans acrimonie, sans haine, comme disait le texte d’Onfray joué par notre petite troupe dirigée par Zohra. Avec des rires, et quelques larmes. Mais avec beaucoup de sincérité et de spontanéité, le Maroc d’hier a été dessiné devant les jeunes, le tiers de l’audience, pour qu’ils n’oublient pas que les marges de liberté d’aujourd’hui sont le fruit des sacrifices et des combats d’hier. Pour qu’ils prennent le relais.

Les jeunes, justement ! Ils apprennent certainement beaucoup de choses dans le cadre du programme Grow de leur institut. Ils sont impliqués dans les activités de Connect Institute autant que les adultes déjà établis, qu’ils soient chefs d’entreprise ou médecins… Ce qui fait l’originalité de cet institut et la fierté de ses membres. Mais le besoin était là d’en découdre. Ils sont venus, le coeur plein, répéter leurs craintes et leurs espoirs pour mieux baliser le terrain des conversations qui allaient suivre. Ils ont parlé passions, valeurs, changement, départs… Sous-entendant probablement que le monde dans lequel ils s’apprêtent à « fonctionner » ne leur est pas très souriant.

Ont-ils été édifiés par les leçons de vies tirées par nos quatre protagonistes ? C’est à chacun d’entre eux de répondre. Mais à travers les échanges, sans théorie, sans paternalisme, des phrases qui valent leur pesant d’expérience ont été prononcées : « Partez, partez, si vous en ressentez le besoin, mais n’oubliez pas… » « Agissez, militez, faites du bénévolat, … » « Votre destin semble tracé? Choisissez celui qui vous passionne… » « Femmes, n’oubliez pas le chemin qui reste à parcourir… » « Compromis, oui ! Compromissions, non! » « Les ruptures ? Il en faut pour forger sa personnalité… »

En comprenant le Maroc d’hier, en agissant dans le Maroc d’aujourd’hui, la jeunesse doit s’approprier le Maroc de demain.

Taha Balafrej est universitaire, chroniqueur et blogueur. Il vient de créer le Connect Institute qui a organisé Agora à Agadir.