Fitch Ratings publie un rapport mettant en perspective les performances en termes de notation souveraine des pays importateurs et exportateurs de pétrole au sein de la région Mena, notant un creusement de l’écart entre les pays selon qu’ils importent ou exportent du pétrole.

Les notations des pays de la région Mena sont très hétérogènes, du fait du rôle fondamental joué par le pétrole pour les perspectives de croissance et les finances publiques des pays de la région. Mais ce rôle est différent selon que les pays sont importateurs nets ou exportateurs nets de brut : c’est bien connu, quand les prix augmentent, le bonheur des uns (les exportateurs) fait le malheur des autres (les importateurs) et inversement !

Ainsi alors que la moyenne des pays du groupe Conseil de coopération du Golfe (CCG) se situe au dessus de la note A, celle des autres pays avoisine le BB. Cet écart avait tendance à se réduire en 2009-2010, notamment du fait de la baisse des prix du pétrole qui s’est situé entre 60 et 80 dollars en moyenne ces années-là, mais il est reparti à la hausse depuis 2011, suivant en cela l’évolution des prix du brut.

L’écart se creuse à nouveau depuis le dernier trimestre 2013 avec la dégradation de la notation de la Tunisie en octobre, celle des perspectives du Liban en décembre, alors que du côté du CCG la notation de l’Arabie Saoudite s’est appréciée en mars 2014, le pays étant maintenant noté AA.

Pour l’année 2014, les prévisions des prix du brut font apparaît un léger repli pour les deux ans à venir avec un prix moyen de 105 dollars pour 2014 et 100 dollars pour 2015.

Les risques géopolitiques dans la région ne manquent pas, que ce soit l’incertitude planant sur le programme nucléaire iranien, le conflit en Syrie, le conflit israélo-palestinien ou encore les tensions internes au groupe GCC.

Parmi les pays importateurs, le Maroc tire son épingle du jeu…

Parmi les pays importateurs, hors Israël, le Maroc est celui qui obtient le meilleur rating avec une note de BBB-, l’Egypte fermant la marche avec la note de B-. La dernière mise à jour de la notation du Maroc date du 29 novembre 2013.

Fitch Ratings souligne les efforts du Maroc pour résorber ses déficits jumeaux en 2013 grâce à la baisse des prix du pétrole, la réforme de la compensation et les bonnes performances du secteur agricole. Celles-ci ont dopé la croissance du PIB en 2013 et selon Fitch Ratings, elle devrait avoisiner les 4% en 2014 et 2015, du fait de la reprise en Europe.

La stabilité politique du Maroc et le changement de coalition politique qui s’y est fait en douceur en octobre 2013 contrastent avec la situation que connaissent la Tunisie et  l’Egypte.

… mais la vigilance est tout de même de mise

L’évolution de la notation du Maroc, à la hausse comme à la baisse, dépend de la capacité du pays à répondre aux deux grandes sources de faiblesse qui plombent sa notation :

-Les déficits jumeaux : si le pays ne parvenait pas à résorber durablement et significativement ses déficits, avec à la clé une détérioration des réserves de change et un affaiblissement de la croissance, la notation du pays pourrait être revue à la baisse ;

-Les réformes structurelles nécessaires : la mise en place de réformes visant l’amélioration des indicateurs sociaux, tels que le chômage ou l’IDH (indice de développement humain), qui sont significativement inférieurs à ceux des pays comparables, pourrait conduire à une appréciation de la notation du Maroc.

Selon le calendrier de revue des notations, la mise à jour de la notation du Maroc devrait avoir lieu aux alentours du 25 avril.