Un lien entre exposition au pesticide DDT et risque de contracter la maladie d’Alzheimer est enfin établi. Ces résultats, publiés dans la revue scientifique de référence JAMA Neurology, signalent en effet que le risque de développer la maladie neurodégénérative est quatre fois plus élevé chez des individus en contact avec le pesticide dichlorodiphényltrichloréthane, dit DDT, utilisé dans les pays où sévit le paludisme et employé au Maroc dans les années 1980.

Les chercheurs de la Rutgers University du New Jersey, à l’origine de cette étude, n’ont pas identifié avec certitude les causes de la maladie d’Alzheimer, ils reconnaissent en revanche l’existence d’une corrélation entre le facteur environnemental et le développement de la pathologie. L’équipe de scientifiques a procédé à des prélèvements sanguins auprès de 86 patients de plus de 60 ans atteints de la maladie d’Alzheimer qu’ils ont comparé à un groupe témoin composé de 79 individus. Si l’étude a certes porté sur un échantillon restreint, les conclusions n’en restent pas moins probantes. En effet après comparaison du taux sérique de dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE) qui persiste après métabolisation du DDT, auprès des deux groupes participant à l’étude, les chercheurs américains notent que le niveau de DDE est quatre fois plus élevé chez les patients souffrant d’Alzheimer.

Les spécialistes ont par ailleurs poursuivi leurs expériences en s’appuyant sur des tests réalisés sur des patients post-mortem ou effectués en laboratoire, in-vitro. Les conclusions de ces observations supplémentaires confortent les précédents résultats.

Selon le Docteur Allan Levey, Directeur du Centre de recherche sur la maladie d’Alzheimer à l’Université Emory de Géorgie au sud des Etats-Unis, le danger du DDT et son implication dans le développement de la maladie d’Alzheimer est indubitable. « L’ampleur de l’effet du DDT est important, comparable au facteur génétique le plus courant prédisposant à la maladie d’Alzheimer » précise-t-il dans sur le site BBC News.

Ce pesticide incriminé, employé au Maroc depuis les années 1980 pour lutter contre les foyers de paludisme, est devenu obsolète à partir de 2010, date à laquelle l’OMS a déclaré le pays « indemne du paludisme autochtone ». Pourtant, ce ne sera qu’en été 2013 que les 50 tonnes de produits chimiques et les déchets associés, déclarés dangereux et toxiques, ont été envoyés en France pour destruction, sous la houlette du ministère de la Santé, en collaboration avec la FAO-Maroc, l’OMS ainsi que le FEM, fonds pour l’environnement mondial.