Al Mazamma, une cité séculaire qui peine à sortir de l'oubli
Située à une dizaine de mètres de la plage de Souani d'Al Hoceima et au milieu d'une épaisse forêt d'eucalyptus, la cité séculaire d'Al Mazamma a pu être conservée, ne serait-ce que partiellement. Aujourd'hui, elle peine à sortir de l'oubli et des amas de sable.
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Ilias Khalafi
Le 27 janvier 2014 à 12h06
Modifié 27 janvier 2014 à 12h06Située à une dizaine de mètres de la plage de Souani d'Al Hoceima et au milieu d'une épaisse forêt d'eucalyptus, la cité séculaire d'Al Mazamma a pu être conservée, ne serait-ce que partiellement. Aujourd'hui, elle peine à sortir de l'oubli et des amas de sable.
Cette cité portuaire, qui a été fondée par la dynastie des Banu Salih, servait de port à l'émirat de Nekor (9 -11e siècle) dont la capitale se situait à 22 km au sud d'Al Hoceima. Elle tire son importance historique, d'abord du rôle économique qui lui revenait en tant que plateforme commerciale de taille, puis, de sa mission en tant que base de contrôle et de riposte contre toute attaque venant de l'autre rive de la Méditerranée.
Selon le président de l'association Mémoire du Rif, Omar Lemallam, la construction de la ville d'Al Mazamma est intervenue suite à l'expansion de la principauté du Nekor, fondée à la fin du 7e siècle par Saleh Ben Mansour, et qui s'étendait du Oued Moulouya à l'est, à Oued Ouringa à l'Ouest (Jebha). Le développement qu'a connu cette principauté a créé le besoin de mettre en place des structures portuaires, ce qui s'est concrétisé par la création des ports d'Al Mazamma, et celui de Bades (50 km à l'ouest d'Al Hoceima, NDLR), a-t-il dit.
Cette nouvelle structure, qui a connu des jours prospères, accueillait des caravanes venant de plusieurs pays subsahariens et qui étaient destinées à l'Europe, notamment l'Espagne, la France et l'Italie, a relevé M. Lemallam, notant que la destruction de la ville de Nekor par Youssouf Ibn Tachafin au XIe siècle a poussé les populations de la ville à s'abriter dans le port d'Al Mazamma ce qui a été derrière sa transformation en une cité à part entière.
La ville d'Al Mazamma est citée, ainsi, dans plusieurs documents historiques, notamment la Description de l'Afrique de Hassan Al Wazzan, dit Léon l'Africain, qui a donné un aperçu général sur les activités économiques, culturelles et religieuses pratiquées par la population de la ville (construction de bateaux, confection d'ustensiles à base d'argile, les mosquées, les études, etc.), a ajouté M. Lemallam.
Un rapport publié dans le cadre du Programme d'aménagement côtier du Rif central (PAC-Maroc) sur le «Patrimoine culturel historique du Rif central», a signalé que malgré l'importance des potentialités archéologiques de ce site, on constate qu'il souffre aujourd'hui d'un manque d'entretien, surtout en ce qui concerne les structures dégagées et fragilisées, comme on constate l'absence des infrastructures nécessaires à sa mise en valeur (itinéraires, signalisation, panneaux).
L'acteur associatif, Omar Lemallam, indique également que les fouilles partielles qui ont été effectuées ont permis de déterminer la superficie totale de la ville estimée à 9 ha, déplorant que jusqu'à maintenant aucun texte légal n'a été promulgué par les autorités compétentes pour préserver ce site historique en le considérant comme un patrimoine archéologique national protégé.
Dans cette optique, le président de la Commune urbaine d'Ajdir, Abdelilah El Hattach, dont le site archéologique est situé dans son territoire de compétence, n'a pas caché son inquiétude de la situation actuelle de ce patrimoine ancestral, notant que la commune prévoit de construire une clôture en grillage pour délimiter le site et éviter sa détérioration, notant, d'autre part, que le la commune a adopté durant sa dernière session le projet du classement du site d'Al Mazamma comme patrimoine national.
M. Hattach a souligné, en outre, la disposition de la commune à tisser des partenariats en vue de réhabiliter ce site qui, non seulement fait partie de l'identité régionale et nationale, mais pourrait aussi jouer un rôle majeur dans la promotion du tourisme dans la région vu qu'il se situe dans un circuit touristique important près des plages, d'une forêt et d'infrastructures touristiques très importantes.
La ville d'Al Mazamma ne nous a pas encore livré tous ses secrets, et la poursuite des recherches mettra certainement au grand jour des «perles» archéologiques qui sont jusqu'à aujourd'hui enfouies sous le sable. La mise en exergue de ce maillon perdu représente ainsi un nouveau pas dans la reconstitution de l'histoire du Rif en tant que composante intégrante de l'identité nationale.
(Par MAP)