Le nombre de jihadistes marocains en Syrie “s’accroît rapidement“, selon une chercheure américaine

EXCLUSIF. Selon Vish Sakthivel, chercheure au Washington Institute for Near East Policy, "s’il est difficile de dire avec précision combien de combattants marocains se trouvent engagés dans la guerre en Syrie,  leur nombre s’accroît rapidement".

Le nombre de jihadistes marocains en Syrie “s’accroît rapidement“, selon une chercheure américaine

Le 19 janvier 2014 à 13h37

Modifié 27 avril 2021 à 22h24

EXCLUSIF. Selon Vish Sakthivel, chercheure au Washington Institute for Near East Policy, "s’il est difficile de dire avec précision combien de combattants marocains se trouvent engagés dans la guerre en Syrie,  leur nombre s’accroît rapidement".

"Alors qu’il y a juste quelques mois, on estimait leur nombre entre 50 et 100, le chiffre est aujourd’hui revu à la hausse, plus de 700", indique-t-elle à Médias 24.

Ces jihadistes  sont originaires de Tanger et de la région de Marrakech mais aussi de Fès, Sebta, Alicante et Bruxelles.

Des motivations diverses

Des épouses dont le mari est parti combattre dans la guerre civile en Syrie il y a plusieurs mois, des jeunes qui en reviennent ou dont les anciens voisins ou camarades de classe sont aujourd’hui à l’autre bout de la Méditerranée mitraillette au poing… Les histoires de ce genre se font nombreuses notamment concernant les quartiers périphériques de Tanger.

 

 

 Des histoires, mais des photos également, circulent dans les quartiers de la périphérie de Tanger montrant des pères de famille partis avec leurs enfants.  «Il y en a beaucoup» indique un ancien militant salafiste aujourd’hui engagé sur le dossier des anciens jihadistes marocains emprisonnés en Irak.

Ces photos qui circulent dans certains quartiers de Tanger montrent des anciens habitants du quartier, armes à la main, leurs enfants à leurs côtés, quelque part en Syrie.

«Un nombre  important des jihadistes européens sont d’origine marocaine et on les retrouve en Syrie et au Mali ; il y a des anciens d’Afghanistan», précise V. Sakthivel.

Vish Sakthivel qui a  vécu pendant 3 ans au Maroc notamment au sein du Peace Corps et parle couramment l’arabe dialectal, est spécialisée dans l’étude et l’observation du mouvement islamiste marocain. Elle estime qu’il est «complexe de discuter des motivations des jihadistes marocains : il existe une combinaison de facteurs qui les attirent en Syrie et d’autres qui les poussent hors du Maroc ou du Maghreb».

«Les jihadistes, analyse V. Sakthivel, veulent s’impliquer et aider dans la crise humanitaire syrienne, un sentiment et une tendance  partagés des Algériens et des Tunisiens. Certains attribuent cela au “facteur Al Jazeera“», indique-t-elle. « Ceci est en substance l’aspect, la version romantique entourant  le désir d’aller en Syrie au secours de leurs coreligionnaires sunnis qui souffrent entre les mains d’Assad». «Certains Marocains ordinaires avec qui j’ai eu l’occasion de discuter accusent la télévision saoudienne d’inciter les jeunes à partir», ajoute V. Sakthivel.

Des anciens d’Afghanistan et de Guantanamo

«Quelque chose de similaire peut être dit des facteurs qui incitent ces jeunes à partir», explique V.Sakthivel . «Ces motivations sont très partagées à travers le Maghreb, et cela, plus que les analystes ne pourraient le penser. Beaucoup parmi les combattants sont des jeunes défavorisés, alors que les émirs, comme vous le savez, sont généralement des combattants aguerris dont certains sont passés par Guantanamo».

Selon un décompte publié par Médias 24 le 29 décembre dernier, le nombre de Marocains morts dans les combats en Syrie est estimé à 412 depuis mars 2011 date du début de la guerre civile syrienne. En mars 2014, cela fera 36 mois que la guerre dure en Syrie.

Dans une analyse mise en ligne le 25 septembre dernier, le Washington Institute for Near East Policy attirait déjà l’attention sur l’engouement des jeunes Marocains pour le jihad en Syrie. «Les combattants marocains voyagent en nombre en Syrie et ils forment leurs propres groupes jihadistes, suscitant des inquiétudes sur ce qu’ils pourraient faire une fois qu’ils retournent au Maroc», indiquait Vish Sakthivel  il y a 6 mois, précisant que les recrues marocaines se retrouvent au sein des Kataeb Ahrar al-Cham, du Front Nousra proche d’Al Qaïda, et de l’Armée libre syrienne, l’ALS.

 

 

Le think tank américain rapporte que Brahim Benchekroun, 35 ans, alias  Abou Ahmed al-Mouhajer (photo ci dessus, barbe blanche), ancien détenu marocain à Guantanamo établi en Syrie, a créé un nouveau mouvement, Harakat Sham al-Islam, une organisation jihadiste marocaine. Selon  Abdallah Rami cité par le Washington Institute, «l’objectif du mouvement est de recruter pour la guerre contre Bachar al-Assad mais également d’établir une organisation jihadiste à l’intérieur du Maroc».

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