France: Pas de « reprise » sans investissement des entreprises

La croissance française devrait bien être de 0,2% cette année mais une véritable reprise n'interviendra que lorsque les entreprises auront recommencé à investir, selon des économistes interrogés par l'AFP après la publication par l'Insee de chiffres détaillés pour le 3e trimestre.  

France: Pas de « reprise » sans investissement des entreprises

Le 24 décembre 2013 à 14h40

Modifié 24 décembre 2013 à 14h40

La croissance française devrait bien être de 0,2% cette année mais une véritable reprise n'interviendra que lorsque les entreprises auront recommencé à investir, selon des économistes interrogés par l'AFP après la publication par l'Insee de chiffres détaillés pour le 3e trimestre.  

L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a révisé mardi à la hausse le taux de croissance pour le deuxième trimestre, à 0,6%, et confirmé son repli de 0,1% au troisième trimestre, comme déjà au premier. Alors qu'il prévoit un nouveau rebond (0,4%) en fin d'année, l'Institut confirme une année 2013 à l'activité erratique qui devrait au 1er janvier assurer un acquis de croissance pour 2014 de 0,1%. Composante essentielle de la croissance française, la consommation des ménages reste en petite forme au troisième trimestre (+0,1%) reflétant un pouvoir d'achat en baisse de 0,1% après des hausses les deux trimestres précédents. Sur le mois de novembre néanmoins, la consommation a augmenté de 1,4%, laissant augurer une progression au 4e trimestre.

Quant au commerce extérieur, sa contribution comptable à l'évolution du produit intérieur brut est négative: -0,6 point, après +0,1 point le trimestre précédent. « La composition de la croissance n'est pas très rassurante (...) surtout parce que l'investissement des entreprises ne repart pas », commente Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. « La vraie reprise sera le jour où l'investissement repartira », rappelle-t-il.

Il cite trois facteurs qui expliquent que celui-ci soit en baisse de 0,4% au troisième trimestre: la sous-utilisation des équipements, le crédit toujours en panne et des perspectives économiques peu attrayantes. « Le plus préoccupant, c'est le taux de marge des entreprises qui est au plus bas depuis 1985 », confirme Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis. Celui-ci a en effet reculé de 0,5 point entre juillet et septembre, à 27,7% (rapport de l'excédent brut d'exploitation à la valeur ajoutée).

Le CICE « nécessaire mais pas suffisant »

Or, explique M. Waechter, ce taux très bas empêche les entreprises d'investir. C'est par l'investissement « qu'on pourrait imaginer une reprise de l'activité, quelque chose d'un peu durable à partir de 2014 », détaille-t-il, précisant que « si on n'a pas d'investissement, on va rester sur une croissance sans effet de persistance ». Interrogé sur la respiration que pourrait apporter le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) aux entreprises en 2014 (10 milliards reversés aux entreprises), l'économiste estime que « c'est une condition nécessaire mais pas une condition suffisante ». « Je pense que l'année 2013 nous donne en quelque sorte les problèmes et les solutions: elle nous montre à quel point c'est l'investissement privé qui fait la croissance et à quel point, pour fabriquer et soutenir cet investissement privé, il faut un accord économique et social profond », renchérit l'économiste Jean-Paul Betbèze. Pour lui, cela passe par « des accords de modération salariale » mais aussi par une « stabilisation » fiscale puis une « décrue ». « Pourquoi ce problème d'investissement qui fait la croissance? Parce qu'on a aujourd'hui une pression beaucoup plus forte des deux compétitivités: la compétitivité hors coût, l'innovation, qui fait que vous devez obligatoirement investir, c'est l'investissement à l'allemande. Et, d'autre part, vous avez les effets des baisses de salaires d'Espagne et d'Italie qui, elles, mordent sur la compétitivité coût », argumente-t-il.

Pour l'économiste néanmoins, le plus risqué pour l'économie française à long terme est « la déqualification des gens du fait des technologies nouvelles ». « Le maintien d'un emploi qualifié me paraît beaucoup plus important que les négociations salariales », avance-t-il. Eric Heyer se veut un peu plus optimiste. Selon lui, « il pourrait quand même y avoir en 2014 un petit cycle d'investissement parce que ça fait à peu près 2 ans et demi que les entreprises désinvestissent ». Elles vont donc avoir besoin de renouveler leurs équipements.

(Avec AFP) 

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