Réforme de la santé : de nombreux obstacles restent à franchir

Le grand chantier pour l’élaboration d’une charte nationale pour la santé est lancé. Mais pour plusieurs responsables, les réformes buttent sur plusieurs écueils en termes de financement, de ressources humaines et de formation.  

Réforme de la santé : de nombreux obstacles restent à franchir

Le 5 juillet 2013 à 11h06

Modifié 5 juillet 2013 à 11h06

Le grand chantier pour l’élaboration d’une charte nationale pour la santé est lancé. Mais pour plusieurs responsables, les réformes buttent sur plusieurs écueils en termes de financement, de ressources humaines et de formation.  

Après la deuxième Conférence nationale sur la santé, qui s’est terminée le 3 juillet à Marrakech, et conformément aux volontés royales, les recommandations produites serviront de base à l’élaboration d’un avant-projet de charte. Celui-ci sera ensuite finalisé avec les partenaires sociaux. Une fois élaboré, ce projet de charte sera soumis à l’approbation du conseil de gouvernement en décembre prochain avant d’être discuté au parlement. Cependant le secteur reste confronté à d’importantes difficultés.

De multiples handicaps majeurs

Il est nécessaire, pour une mise en place d’un système de santé global, efficace et efficient, de se donner les moyens financiers et humains de l’atteindre. Ainsi, deux aspects de la question méritent une attention toute particulière. Problèmes qui ont été d’ailleurs largement débattus lors de la de la conférence nationale sur la santé

Le premier concerne la pénurie en personnel de santé. A ce propos, le Maroc est très en retard par rapport à ses voisins ; le rapport du nombre de médecin par habitants et de 1 pour 1800, alors qu’il est de 1 pour 800 en Tunisie, et de 1 pour 350 en Egypte, d’après les chiffres dévoilés par Simon Gray, directeur des opérations pour le Maghreb au sein de la Banque mondiale.

Le second est lié au financement du nouveau système de santé, et dont le budget est inférieur au minimum de 8% recommandé par l’organisation mondiale de la santé.

Comment augmenter l’effectif en personnels de santé

Abdelouahed Souhail, le ministre de l’Emploi voit grand. Dans un entretien accordé à Médias 24, il estime que « l’Etat doit œuvrer à former des professionnels en santé en quantité suffisante, compte tenu des besoins urgents, tout en assurant une qualité supérieure ». Plus facile à dire qu’à faire, estime Jilali Hazim, directeur de la planification et des ressources financières au ministère de la Santé.

Pour lui, le problème de l’allocation de nouveaux postes budgétaire est au système de santé ce que l’entorse est à la paralysie. « Il ne s’agit pas de créer ou pas des postes budgétaires. Le problème est général, il s’agit de la capacité du système à produire des professionnels de la santé. Le système marocain produit, chaque année entre 700 et 1.000 médecins et environ 3.000 infirmiers issus du secteur public. Quant aux infirmiers du secteur privé, ils ont un problème de reconnaissance » confie-t-il.

Avant de proposer une piste : « il faudrait, pour mettre fin à cette pénurie, prendre des mesures urgentes, par exemple, intégrer les infirmiers immédiatement, qu’ils viennent de l’enseignement public ou privé ».

Remontons la filière en amont. Les universités publiques sont les seules à décerner les diplômes en médecine, en nombre insuffisant au regard du besoin du marché marocain. Et les avis sont partagés au sein des ministères quant à la privatisation de l’enseignement. Jilali Hazim y voit le seul moyen d’atteindre l’objectif qui est de former 3.300 médecins en 2020, fixé depuis l’ère du gouvernement de Driss Jettou.

Une autre réforme est proposée : appliquer le cursus LMD à l’ensemble des branches de la médecine. Le ministère de la Santé y est complètement favorable. Dans ses négociations avec le ministère de l’Enseignement supérieur, il soutenait l’idée que l’on pouvait très bien exercer la médecine au bout de 5 ans d’études, « la durée n’est pas importante, le plus important est le contenu des programmes. D’ailleurs, c’est le cas en Amérique du nord » affirme le docteur Abdelali Belghiti Alaoui, secrétaire général du ministère de la santé. Les deux ministères se sont finalement mis d’accord sur une durée de 6 ans pour le master… ça fait toujours une année de gagnée !

Financer la santé, à quel prix ?

« Avez-vous une idée sur le montant des dépenses engagées dans la santé ? Il s’agit de plusieurs milliards de dirhams. Avec la croissance économique et l’accroissement des besoins, le secteur de la santé rapporte beaucoup d’argent, et crée énormément d’emplois » a affirmé Abdelouahed Souhail à Médias 24.

Nous avons voulu en savoir plus, et avons posé la question à Jilali Hazim, notamment concernant la décision gouvernementale du gel de 15 milliards du budget d’investissement, et l’impact qu’elle a eue sur le développement du secteur de la santé : « il y a des projets qui ont souffert parce qu’ils on été arrêtés ». Arrêtés ? « Nos projets ne se sont pas arrêtés, ils ont continué, mais à un rythme moins soutenu. En revanche, il y a des projets prioritaires qui ne sont pas concernés par cette restriction budgétaire… »

La réponse la plus convaincante, nous la retrouverons un peu plus tard, dans la bouche d’une responsable à la direction des entreprises publiques et de la privatisation au ministère de l’économie et des finances : « Nous élaborons des montages financiers, et mettons en place des projets pilotes. Nous procédons ensuite à l’évaluation du coût du projet. Sur la base de cette étude, nous choisissons l’option la plus rentable, qu’elle soit en gestion déléguée, en faisant appel au marché public, ou au partenariat public-privé. »

Par exemple, « au lieu d’investir dans la construction d’un nouvel hôpital, nous pouvons, par exemple, réserver le budget au lancement de 4 ou 5 projets, et profiter des installations de partenaires privés moyennant le paiement de loyers. » Toute une gymnastique !

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

SRM: Conseil d’Administration du 27 Mars 2024

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.