Turquie: de retour, Erdogan prend le risque d'une escalade des violences

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé vendredi 07 juin, ses partisans dans la bataille pour enrayer le mouvement de contestation sans précédent qui agite le pays depuis une semaine, avec le risque de provoquer une escalade des violences.  

Turquie: de retour, Erdogan prend le risque d'une escalade des violences

Le 7 juin 2013 à 14h26

Modifié 7 juin 2013 à 14h26

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lancé vendredi 07 juin, ses partisans dans la bataille pour enrayer le mouvement de contestation sans précédent qui agite le pays depuis une semaine, avec le risque de provoquer une escalade des violences.  

Contesté dans les rues d'Istanbul, d'Ankara et des grandes villes turques par une jeunesse qui dénonce l'islamisation rampante de la société et la main-mise de son parti sur le pouvoir, le chef du gouvernement a transformé dans la nuit son retour d'une visite au Maghreb en démonstration de force. Fidèle au ton ferme qu'il a adopté depuis le début de la crise, il a exigé la fin «immédiate» des manifestations devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés à l'aéroport. «Les manifestations (...) ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme», a lancé le Premier ministre à plusieurs milliers de ses partisans, qui agitaient des drapeaux turcs en scandant «nous sommes prêts à mourir pour toi, Tayyip» ou encore «allons-y, écrasons-les tous». «Ils nous ont demandé le retrait de la police. Et puis quoi encore ? Ce n'est pas un no man's land !», a poursuivi le chef du gouvernement, qui revendique le soutien d'une large partie de la population.

M. Erdogan devait prononcer un discours vendredi en milieu de journée dans un grand hôtel d'Istanbul avant de recevoir le commissaire européen à l'Elargissement Stefan Füle. C'est la première fois que les partisans du chef de file de l'AKP descendent dans la rue. Et même s'il ne s'agissait pas d'une confrontation directe, elle marque un virage dans la gestion de la crise politique par Recep Tayyip Erdogan. En outre, selon des médias turcs, un jeune manifestant de 17 ans a été passé à tabac à Eskisehir (nord-ouest) par des hommes armés de bâtons qui l'ont grièvement blessé à la tête. Réunis sur l'emblématique place Taksim, dans le centre d'Istanbul, des dizaines de milliers de manifestants ont débattu, dansé, chanté, aux cris de «Tayyip, démission», alors que les plus hardis d'entre eux consolidaient les barricades qui bloquent l'accès à la place. Un rassemblement similaire s'est tenu à Ankara.

Vendredi matin, la situation était calme dans ces deux villes, où les manifestants qui ont dormi dans l'herbe ou sous des tentes installées dans le parc Gezi se réveillaient lentement, toujours aussi déterminés. «Nous n'avons peur de rien» «Nous ne partirons pas», a assuré à l'AFP Murat Tepe, un styliste de mode de 36 ans. «Les gens vont continuer à venir», a-t-il pronostiqué, «nous n'avons peur de rien, avant tout le monde craignait de parler, maintenant c'est fin». Le parc Gezi, et ses imposants platanes, a été le déclencheur de la contestation, les protestataires demandant l'arrêt du projet d'aménagement. Mais la revendication première a vite laissé place aux exigences de démission du gouvernement. Les détracteurs du Premier ministre lui reprochent un exercice «poutinien» du pouvoir: médias sous la main-mise du pouvoir, concentration par l'APK de l'ensemble des leviers, arrestations en masse des opposants kurdes et d'extrême gauche.

Le leader islamo-conservateur, artisan en onze ans au pouvoir d'une politique qui a fait de la Turquie une puissance régionale dotée d'une économie en pleine expansion qui frappe à la porte de l'Union européenne, a pu constater au Maroc et en Tunisie sa perte de crédit: le Roi du Maroc Mohammed VI ne l'a pas reçu et son voyage à Tunis a été marqué par des manifestations hostiles. La communauté internationale, Etats-Unis et pays européens en tête, appellent depuis plusieurs jours le gouvernement turc à la «retenue» et dénoncent la brutalité de la répression policière. Washington, partenaire d'Ankara sur la scène internationale, a dénoncé la «rhétorique inutile» du Premier ministre turc qui «ne contribue pas à apaiser la situation».

Le mouvement de contestation a provoqué la mort de deux manifestants et d'un policier. Outre les trois morts, 4.785 ont été blessées en une semaine, dont 48 très grièvement, selon un dernier bilan du syndicat des médecins turcs. Au lendemain d'une forte chute (-4,70%), la bourse d'Istanbul a ouvert vendredi en baisse de 1,20% mais pourrait creuser ses pertes en fonction des déclarations du chef du gouvernement dans la journée, selon des analystes. Le ministre des Finances, Mehmet Simsek, s'en est pris à la presse étrangère pour sa couverture des troubles, l'accusant de vouloir donner «une mauvaise image» de la Turquie. Il a cependant admis «une crispation» des marchés financier en raison des événements.


 

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