Gaz: la Norvège se défend d'être “un profiteur de guerre”, déclare le Premier ministre à l'AFP

(AFP)

Le 1 février 2023

Toujours plus riche grâce à des revenus gaziers démultipliés par le conflit en Ukraine, la Norvège n'est pas un "profiteur de guerre", se défend son Premier ministre dans un entretien à l'AFP mercredi, à quelques jours d'un nouveau plan d'aide à Kiev.

Jonas Gahr Støre balaie l'accusation avancée par ceux qui voudraient qu'Oslo en fasse plus pour les Ukrainiens et laisse entendre que son pays se hissera bientôt parmi les tout premiers donateurs.

"La Norvège est un pays chanceux", a-t-il dit après avoir visité une usine de liquéfaction du gaz de Melkøya, près de Hammerfest, dans l'Arctique. "Nous avons les moyens de faire la différence et je suis conscient de cette responsabilité".

Depuis l'an dernier, le royaume scandinave met les bouchées doubles pour contribuer à compenser l'effondrement des livraisons de gaz russe vers une Europe dont il est devenu le premier fournisseur, l'aidant ainsi à passer l'hiver au chaud.

Au passage, la Norvège remplit considérablement ses caisses, tirant parti de l'emballement du prix du gaz, toujours à un niveau élevé aujourd'hui après avoir battu des sommets historiques l'an dernier du fait de la guerre.

Cette année, le gouvernement prévoit un excédent budgétaire record de 1.127 milliards de couronnes (104 milliards d'euros) qui viendra abonder le fonds souverain du pays, déjà le plus gros au monde avec plus de 13.400 milliards de couronnes d'actifs.

A l'intérieur et hors des frontières, des voix se sont élevées pour que le royaume nordique redistribue au moins une partie de cette manne aux Ukrainiens, sous peine de passer pour un "profiteur de guerre".

"C'est une notion que je rejette catégoriquement", confie M. Støre.

"Depuis 50 ans, la Norvège explore, à ses propres risques, et produit des ressources énergétiques, pétrole et gaz", explique-t-il. "Ce n'est pas la Norvège qui en fixe les prix".

Le renchérissement du gaz, remarque-t-il, se traduit aussi par une envolée des factures électriques des familles et entreprises norvégiennes, "ce qui est politiquement un gros défi pour nous" dans un pays qui tourne, se chauffe et se déplace largement à l'électrique.

- "Paquet d'aides pluriannuel" -

Face aux revenus vertigineux indirectement engendrés par la guerre, la contribution norvégienne à Kiev paraît modeste: Oslo dit avoir consacré 10,7 milliards de couronnes (985 millions d'euros) à l'assistance civile et militaire.

En termes d'aides consenties au regard du PIB, la Norvège occupe un modeste 15e rang dans le classement établi par le Kiel Institute for the World economy.

"Je pense que ce classement va changer très bientôt", affirme M. Støre.

Son gouvernement doit présenter dans les prochains jours "un paquet d'aides pluriannuel" qui bénéficiera à l'Ukraine et aux pays pauvres affectés par les retombées de la guerre, telles que l'envolée des prix des céréales.

Il aidera les Ukrainiens "à maintenir leurs infrastructures civiles, à -espérons-le- reconstruire un jour une Ukraine libre tout en les soutenant aussi militairement".

Le montant et le contenu précis seront donnés "début février".

La guerre en Ukraine et le bouleversement du paysage énergétique qu'elle a entraîné en Europe confortent en tout cas la Norvège dans sa volonté de ne pas renoncer à l'exploitation de ses hydrocarbures, malgré l'urgence climatique.

L'an dernier, le pays a accru de 8 à 10% ses livraisons de gaz à l'Europe, aidant celle-ci à éviter les rationnements d'énergie redoutés.

"Cela représente 100 TWh, c'est une quantité considérable d'énergie", note M. Støre.

Si le continent européen semble en passe de traverser l'hiver sans heurts, grâce aussi à des températures clémentes, des inquiétudes se font déjà jour pour l'hiver prochain.

M. Støre se veut rassurant.

"C'est difficile de prédire mais je pense qu'une efficacité énergétique accrue (...) combinée avec des livraisons toujours élevées en provenance de Norvège (...) et les différents contacts que l'Europe a pris pour obtenir du GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr) en provenance d'Amérique, du Sud, du Golfe... Tout cela pointe dans la bonne direction pour 2024".

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Le 1 février 2023

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