Attaque meurtrière des Farc en Colombie, en plein processus de paix

(AFP)

Le 15 avril 2015

Dix soldats ont été tués dans l'ouest de la Colombie lors d'une attaque de la guérilla des Farc, l'une des plus meurtrières depuis l'ouverture de négociations de paix par le président Juan Manuel Santos en 2012.

L'attaque a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi à La Esperenza, hameau de la province du Cauca, un des fiefs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), dont le cessez-le feu unilatéral n'avait été entaché jusqu'ici que par des accrochages.

"Malheureusement 10 militaires ont péri, et 17 ont été blessés, dont quatre sont dans un état grave", a annoncé à la radio Temistocles Ortega, gouverneur de cette région.

Un bataillon est tombé dans une embuscade des Farc alors qu'il patrouillait à l'aube dans ce secteur rural et isolé, selon le haut commandement de l'armée.

"Ils ont été attaqués avec des explosifs, des grenades et des armes à feu", a déclaré le général Mario Augusto Valencia, commandant de la troisième division de l'armée. L'évacuation des blessés s'est déroulée, avec l'aide de Croix Rouge et de la Défense civile, dans des conditions climatiques difficiles dans cette région montagneuse.

Engagée depuis novembre 2012 dans des pourparlers de paix avec le gouvernement, délocalisés à Cuba, la guérilla marxiste a décrété une trêve unilatérale illimitée en décembre, tout en se réservant le droit de répliquer aux offensives de l'armée.

Depuis La Havane, les Farc ont rejeté la responsabilité des combats dans le Cauca sur les autorités. "C'est dû à l'incohérence du gouvernement qui ordonne des opérations miliaires contre une guérilla en trêve", a affirmé l'un de leurs dirigeants, Pastor Alape.

La rébellion a de nouveau appelé les autorités à observer à leur tour une trêve armée, alors que le président Santos a toujours exclu un armistice avant un accord de paix.

"Nous déplorons la mort des soldats dans le Cauca. C'est précisément la guerre que nous voulons terminer", a réagi sur Twitter le chef de l'Etat, qui s'est réuni avec l'état-major de l'armée pour examiner "les circonstances des faits".

- Uribe parle d'"extermination" -

L'attaque attribuée aux Farc intervient moins d'une semaine après que M. Santos eut renouvelé une suspension d'un mois des bombardements contre les Farc, mais en soulignant que le maintien de cette mesure dépendrait du respect de son cessez-le-feu.

Interrogé par l'AFP, Jorge Restrepo, directeur du Cerac, centre d'études spécialisé dans le conflit colombien, a qualifié de "grave" l'attaque de la guérilla, estimant possible "une reprise des bombardements" mais "pas une rupture des pourparlers".

L'action des Farc "peut servir à accélérer la négociation d'un cessez-le-feu définitif à La Havane", a-t-il encore indiqué.

Médiateur public chargé du respect des droits de l'Homme, le Défenseur du peuple, Jorge Armandao Otalora, a dénoncé pour sa part "un fait ouvertement contradictoire" avec le discours des Farc.

Fondées en 1964 dans la foulée d'une insurrection paysanne, les Farc comptent près de 8.000 combattants, repliés dans les régions rurales. Le conflit le plus ancien d'Amérique a fait, en un demi-siècle, quelque 220.000 morts et plus de cinq millions de déplacés, selon des chiffres officiels.

L'attaque contre les militaires a relancé le camp de l'opposition au processus de paix, emmené par l'ancien président Alvaro Uribe.

"La paix de Santos, c'est l'extermination des forces armées", a tempêté l'ex chef de l'Etat, qui accuse régulièrement son successeur de trahison pour avoir ouvert un dialogue avec les Farc.

"Arrêtez de nous tromper s'il vous plaît, ne justifiez pas l'assassinat de nos soldats avec ce conte selon lequel la +guerre doit finir+", a poursuivi M. Uribe, dans une violente charge sur Twitter.

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Le 15 avril 2015

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