A Francfort, 6.000 militants anti-austérité contre la BCE et son nouveau siège

(AFP)

Le 18 mars 2015

Quelque 6.000 manifestants anti-austérité s'étaient déplacés à Francfort mercredi pour protester contre la politique de la Banque centrale européenne (BCE), qui inaugure son nouveau siège, faisant une trentaine de blessés.

La police de la capitale financière allemande a indiqué avoir procédé à 16 arrestations. Elle déplorait dans l'après-midi 14 blessés dans ses rangs, et quelque 80 personnes victimes d'irritations des yeux dues aux gaz lacrymogènes et spray au poivre. Blockupy, le collectif qui avait appelé à manifester, a fait état de 21 blessés à coups de matraque et 107 personnes irritées par les gaz.

Les heurts ont été particulièrement violents tôt le matin, quand des centaines de manifestants, cagoulés pour certains, ont tenté de se rapprocher des deux tours de la BCE, un bâtiment d'1,3 milliard d'euros où l'institution est installée depuis l'automne.

Des voitures de police ont été incendiées, des jets de pierres et de pavés ont visé des bâtiments administratifs et certaines banques du centre-ville. Un commissariat a été attaqué par des militants anarchistes du Black Block, selon une vidéo mise en ligne par la police.

Dès le milieu de journée la tension était nettement retombée aux abords de la BCE, mais les vitres de nombreux abribus et de trams étaient brisées, des pavés jonchaient le sol.

- Kermesse -

L'action s'était déplacée vers le centre-ville, où avait lieu dans une atmosphère de kermesse ensoleillée un grand rassemblement ponctué de discours. L'euro-député espagnol Miguel Urban, l'un des fondateurs du mouvement anti-austérité Podemos donné favori des prochaines législatives, s'est ainsi exprimé, de même qu'un représentant du parti de gauche radicale Syriza, récemment porté au pouvoir à Athènes.

Les manifestants brandissaient des pancartes critiquant la Troïka, les trois institutions -dont la BCE - chargées de contrôler les avancées des réformes des pays européens en crise. "La Troïka aide les banques au lieu des gens", pouvait-on y lire, ou encore "BCE arrête tes diktats".

La foule devait défiler à partir de 16H00 GMT dans le centre-ville. "Nous ne voulons pas que l'après-midi ressemble au matin", a assuré Ulrich Wilken, un porte-parole du mouvement Blockupy, se disant "choqué" par le tour violent pris par les événements dans la matinée. "Ce n'est pas ce que nous avions prévu", a-t-il déploré.

Blockupy a revendiqué 6.000 participants aux diverses actions, en-deçà des estimations de 10.000 qui circulaient ces derniers jours.

Le mouvement, collectif regroupant des partis de gauche, des syndicats et des ONG comme Attac, né en 2012 à Francfort dans la lignée du mouvement d'occupation Occupy, a jugé que la forte présence policière - une des plus fortes mobilisations jamais vues dans la ville avec pas loin de 10.000 agents - avait contribué aux débordements du matin.

De nombreux manifestants avaient fait le voyage du reste de l'Allemagne et environ 1.000 personnes d'autres pays d'Europe, selon Blockupy. Ainsi Eleonora Forenza, députée européenne communiste italienne, venue de Bari dans une grosse délégation italienne, pour qui la BCE "est responsable du chômage élevé" qui gangrène son pays, a-t-elle déclaré à l'AFP.

- 'Nous payons' -

Comme beaucoup, elle était aussi là pour manifester sa solidarité avec la Grèce, première victime des politiques de la BCE, selon beaucoup des personnes présentes.

"L'objectif commun de tous les partis de gauche doit être le combat contre l'austérité", a déclaré à l'AFP Georgios Chondros, membre du comité excéutif de Syriza.

Miguel Urban, de Podemos, a jugé que dans son pays "les coupes budgétaires imposées par la BCE dans le cadre de la troïka (faisaient) tomber des milliers et des milliers de personnes dans l'exclusion sociale et la pauvreté".

"La BCE a invité à une fête", a-t-il ajouté, mais "c'est nous qui payons ces fêtes et (...) ces fêtes sont notre misère".

Pendant la cérémonie d'inauguration qui a réuni en fin de matinée une centaine d'invités triés sur le volet, le président de la BCE Mario Draghi a reconnu que celle-ci était devenue "le centre des critiques de la part de ceux qui sont frustrés de la situation" en Europe, mais a jugé ces reproches "injustes". Son action "a visé précisément à adoucir les choses", a-t-il plaidé.

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Le 18 mars 2015

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