Les taux de croissance des arrivées (30%), des nuitées (14%) et des recettes de voyages (9%) augurent une année exceptionnelle, mais il convient d’actualiser les objectifs de la feuille de route pour être en phase avec les potentialités sous-exploitées offertes par l’échéance du Mondial de 2030, nous explique le consultant Zoubir Bouhoute en se disant très optimiste sur la dynamique en cours depuis quelques années.

 « En octobre, tous les marchés émetteurs ont réalisé un taux de croissance à 2 chiffres »

Selon Zoubir Bouhoute, le volume des arrivées d'octobre qui a explosé avec un taux de croissance de 30% par rapport au même mois de l'année dernière s'explique surtout par le renforcement des liaisons aériennes ainsi que par les campagnes de promotion (Terre de lumière...) et bien évidemment par la perspective de la co-organisation du Mondial par le Maroc, l’Espagne et le Portugal qui constitue une carte de visite unique pour un pays touristique.

Rappelons en effet que les principaux marchés émetteurs étrangers ont enregistré des performances inédites à l'instar de la France qui a crû de 32%, l'Espagne avec un taux de croissance de 15%, la Grande-Bretagne avec 72%, l'Italie avec 75%, l'Allemagne avec 36%, les États-Unis avec 16%, la Belgique avec 25% et enfin les Pays-Bas avec 40%.

Concernant l'évolution des arrivées par nationalité entre octobre 2023 et octobre 2024, notre interlocuteur tient à préciser que le marché français qui caracole toujours en tête du classement général devrait continuer à occuper la première place du podium des arrivées. 

 Explosion du trafic aérien, maritime et terrestre

Concernant la ventilation des arrivées recensées en octobre dernier dans les différents postes frontaliers, on relève la même dynamique haussière avec une croissance de 47% du trafic à l'aéroport de Marrakech, de 13% à l'aéroport de Casablanca, 46% à l'aéroport d’Agadir, 33% à l'aéroport de Tanger, 33% à l'aéroport de Fès et enfin 56% à l'aéroport de Rabat-Salé.

En dehors du trafic aérien qui a connu une croissance moyenne de 30% entre octobre 2023 et 2024, les arrivées par voie maritime ont augmenté de 13% et celles issues de la voie terrestre de 29%.

Idem pour l'évolution des arrivées entre les dix premiers mois de 2023 et la même période de janvier-octobre 2024 qui montre une croissance de 19% avec 14,6 millions de visiteurs reçus contre 14,5 millions pour l'ensemble de l'année précédente.

Ainsi durant les 10 premiers mois de 2024, cette dynamique a engendré une hausse de 22% des entrées aériennes et de 13% par voie maritime ou terrestre par rapport à la même période de 2023.

 Malgré la diversification en cours, le classement des marchés émetteurs restera identique d’ici 2030 

En comparant le nombre de visiteurs des marchés reçus entre janvier-octobre 2023 et janv-oct 2024, les mêmes tendances apparaissent avec une croissance de 21% des français, 14% des espagnols, 46% des anglais, 30% des italiens, 31% des allemands, 1% des américains, 20% des belges, 25% des hollandais, 37% des portugais, 14% des canadiens et enfin 15% des suisses avec une croissance moyenne de 22%.

Sachant que le marché allemand avait été marqué par une certaine désaffection depuis 2019, notamment à Agadir, le consultant s'est félicité du fait que la croissance actuelle de ses arrivées montrait un indéniable regain d'intérêt des allemands rendu possible par les nouvelles connexions aériennes directes.

Zoubir Bouhoute estime cependant que les opérateurs ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers afin que cette tendance puisse se poursuivre d’ici 2030 car il s'agit du deuxième marché émetteur du Maroc après la France qui gardera sa place de leader en termes d’arrivées et de nuitées.

Et d’ajouter que les autres nationalités européennes (notamment anglaise, italienne et allemande) occuperont toujours la même place dans le classement des marchés émetteurs traditionnels avec une avance sur celui émergent des américains malgré le fait qu'il soit désormais connecté au Maroc avec une ligne directe New-York-Marrakech desservie par la compagnie United Airlines.

Marrakech est en train de devenir la première porte d’entrée des touristes

A l’horizon 2030, ce classement restera inchangé avec des parts de marchés croissantes pour un pays comme le Royaume-Uni dont la principale porte d’entrée au Maroc est en train de se déplacer de Casablanca vers la ville ocre.

En effet, la récente  multiplication des lignes low-cost à Marrakech commence à porter ses fruits en en faisant le premier poste-frontière aérien du pays avec une véritable explosion des arrivées étrangères.

Les derniers chiffres des arrivées montrent que si la voie terrestre et maritime attirent toujours autant de MRE, les touristes étrangers de séjour (TES) privilégient de plus en plus l’aéroport Menara pour entrer au Royaume.

 Le trend haussier des nuitées et des recettes ne suit pas celui des arrivées

Entre octobre 2023 et octobre 2024, les nuitées dans les établissements hôteliers touristiques classés (EHTC) ont augmenté de 14% et de 10% entre les 10 premiers mois de 2023 et la même période de 2024 avec un temps d'occupation passé de 49% à 51% grâce à une hausse des nuitées de 2% du tourisme domestique et de 19% du tourisme international.

Le consultant a cependant relevé que la croissance annuelle des nuitées de 14% contre 30% pour les arrivées et 9% pour les recettes à montré un décalage important du trend des trois indicateurs d’activité.

Tout en expliquant qu’une partie importante des MRE ne séjournent pas dans les hôtels classés mais chez leur famille ou dans des logements informels non répertoriés, il estime qu’un effort reste à faire pour faire coïncider le taux de croissance des arrivées avec celui des nuitées et des recettes en devises qui se sont élevées à 97 milliards de dirhams en 10 mois contre 88 MMDH jusqu’à octobre 2023 (9,3%).

2025 sera l’occasion d’actualiser les objectifs dépassés de la feuille de route de 2026

Se voulant malgré tout optimiste, Zoubir Bouhoute avance que l'année 2024 devrait se terminer avec 115 milliards de dirhams de recettes contre 105 MMDH en 2023.

"Partant du constat que nous serons très proches de l’objectif des 120 MMDH prévu en 2026, il convient de revoir à la hausse les prévisions de la feuille de route devenus dépassées”, conclut notre source pour qui les résultats prometteurs actuels ne doivent pas faire oublier que le secteur ne sera vraiment attractif que le jour où l'Etat saura remédier aux problèmes structurels du secteur et où il n’aura plus besoin de subventionner des transporteurs étrangers ou des hôteliers pour rénover leur parc…