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Le PDG de CaixaBank, Gonzalo Gortázar, sherpa des multinationales espagnoles au Maroc

Le PDG de la première banque espagnole, Gonzalo Gortázar, est venu en mission d’affaires durant plusieurs jours au Maroc pour se "faire sa propre idée" des remontées d’informations de plus en plus fréquentes sur le Maroc en Espagne. Une visite qu’il a clôturée par une rencontre avec la presse nationale.

Le PDG de CaixaBank, Gonzalo Gortázar, sherpa des multinationales espagnoles au Maroc

Le 5 septembre 2024 à 15h02

Modifié 5 septembre 2024 à 16h16

Le PDG de la première banque espagnole, Gonzalo Gortázar, est venu en mission d’affaires durant plusieurs jours au Maroc pour se "faire sa propre idée" des remontées d’informations de plus en plus fréquentes sur le Maroc en Espagne. Une visite qu’il a clôturée par une rencontre avec la presse nationale.

Dans une rencontre restreinte avec la presse économique nationale, Gonzalo Gortázar, PDG de CaixaBank, première banque espagnole, a fait part de ses impressions sur une mission de quelques jours dans le Royaume. Un déplacement où il a notamment rencontré la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, ainsi que des représentants du ministère de l’Equipement, d'entreprises et d'institutions financières présentes au Maroc, comme la CDG.

Organisée à l’occasion des 15 ans de présence de la banque ibérique au Maroc, cette visite a permis, selon notre interlocuteur, de constater que le contexte marocain est particulièrement intéressant. "Nous aimons le pays, et nous aimons la direction et le momentum du pays", s'enthousiasme-t-il.

Le PDG de la Caixa est toutefois réaliste : les entreprises espagnoles sont particulièrement sous-représentées localement, malgré le fait que l’Espagne est le principal partenaire commercial du Maroc et, selon lui, bientôt, le principal investisseur étranger.

"Une partie très importante de la raison de ma visite aujourd'hui est d'être en mesure de présenter à nos clients ce que j'ai vu et les opportunités que nous voyons, afin de mettre le Maroc dans leur scope pour y croître", affirme celui dont la banque finance d’ores et déjà plus de 60% des 800 entreprises espagnoles présentes au Maroc.

Une faiblesse numérique que le patron de la Caixa souhaite renverser en transmettant un "feeling positif" aux entrepreneurs espagnols. Les ambitions de la banque sont ainsi simples : doubler le chiffre d’affaires avec les entreprises en deux ans. C'est-à-dire passer de 250 millions à 500 millions d’euros.  "Nous avons de très fortes ambitions, et si on regarde les cinq prochaines années, il y a beaucoup d’options. Nous avons de l’argent, nous avons le savoir-faire, de la liquidité et nous connaissons bien le pays et les entreprises espagnoles", résume-t-il.

Avec des dépôts de plus de 400 millions d’euros et des fonds propres conséquents, soutenus en grande partie par la maison mère, la banque, qui est aujourd’hui considérée au Maroc, et de l’aveu même de son patron, "la banque de l’Espagne", veut aussi s’ouvrir sur des clients institutionnels marocains.

Contrairement aux banques françaises qui quittent le pays, Gonzalo Gortázar affirme sa volonté de rester et de développer l’activité, mais essentiellement dans le corporate banking. "Pour s’attaquer au retail, il faut une grande taille, ainsi qu’une part de marché importante. Les banques marocaines, avec qui l'on entretient d’excellentes relations, sont puissantes dans ce domaine. Ce qui nous intéresse, c’est une croissance endogène : le financement et l’accompagnement des entreprises, qu’elles soient publiques ou privées. C’est un élargissement de ce que l’on faisait avant, mais pas seulement avec les entreprises espagnoles".

Avec 40 milliards de valorisation boursière et d’equity, la 8e banque de l’Eurozone se dit ainsi prête à prendre des risques au Maroc et à convaincre les entreprises espagnoles d’en faire autant.

Voici l'échange de Médias24 avec Gonzalo Gortázar.

Médias24 : Commençons par une question directe : la dernière banque française s’apprête à quitter le Maroc ; pourriez-vous être intéressé par ce genre de deal ?

Gonzalo Gortázar : On est très concentré sur notre croissance organique, qui est déjà un succès, en particulier au Maroc. On prévoit de croître, mais de manière organique.

- Quelle est votre analyse du retrait des banques européennes d’Afrique, et aussi du Maroc ? Est-ce que vous comptez rester durablement ?

- En vérité, nous sommes très contents de notre présence au Maroc. Et nous voulons croître de manière significative. C’est-à-dire doubler notre business dans les deux à trois ans. Et après ça, continuer à croître significativement. Nous ne prenons pas la même voie que les autres banques étrangères. On veut rester avec des objectifs sur le long terme. Nous avons déjà 15 ans de présence dans le pays. Nous sommes donc familiarisés avec le business ici, et la manière de faire les choses. Et j’aime à croire que dans cinq à dix ans, nous serons encore plus significatifs que ce qu’on est aujourd’hui.

- Comment expliquez-vous que, malgré votre compétitivité au Maroc en termes de coût du crédit, votre taille reste jusqu'à présent limitée ?

- Notre modèle de banque au Maroc est spécifique. Nous avons commencé il y a quinze ans en suivant les filiales de PME espagnoles qui se sont installées au Maroc dans le secteur industriel, agro packaging business. Avec l’expertise de la maison mère en Espagne, cela a été très facile de s’imposer dans cette configuration. Maintenant, nous sommes compétitifs, car nous sommes une petite équipe, marocaine, très très performante, ce qui fait que nous sommes efficients. Nous sommes très agiles dans la gestion de nos deals, ce qui fait notre différence. À côté, on voit les opportunités qui se présentent. Nous avons maintenant des entreprises publiques marocaines [en tant que partenaires, ndlr], et on envisage une croissance très forte pour le futur avec tous les projets aujourd’hui posés sur la table pour la Coupe du monde, mais surtout, voir les opportunités avec les entreprises espagnoles, au niveau des infrastructures, et aussi avec des entreprises marocaines.

- Avez-vous concrétisé des deals avec de nouvelles entreprises espagnoles ?

- On peut déjà citer le succès de notre financement de Acciona pour le projet de dessalement [la plus grande station de dessalement en Afrique, en chantier à Casablanca, ndlr]. On est aussi sur un nouveau projet avec Tanger Med, on est en train de financer deux avions pour RAM, avec la possibilité de faire plus encore.

On travaille aussi avec l’ONEE, l'ONCF, Lydec, et ce n’est que le début. Avant, on ne travaillait qu’avec des entreprises espagnoles, maintenant ce sont de plus en plus des entreprises marocaines. Notre idée est d’associer la croissance du Maroc avec de grandes entreprises espagnoles qui n'y sont pas encore présentes.

- Vous avez des exemples ?

- Vous pouvez voir que quasiment toutes les entreprises du CAC 40 français sont présentes au Maroc, mais pas les espagnoles. On doit jouer notre rôle de leader bancaire en Espagne. On doit être le phare pour nombre de compagnies espagnoles.

Si je peux ajouter, on a ces derniers jours rencontré nos clients, mais aussi les grandes institutions financières, avec un certain nombre d’institutionnels, y compris des ministres, la CGEM, la CDG. Nous voyons que notre approche est la bienvenue. Nous ne voulons pas compléter une offre déjà existante, mais coopérer avec les institutions financières locales, parce que le besoin d'investissement est très grand.

Par exemple, avec la CDG, nous avons pu discuter de notre institution dédiée au financement de la très petite entreprise axée sur la création d’emplois au niveau local, ce qui est un enjeu important au Maroc, et nous voyons qu’il y a beaucoup de choses à faire et qu’on a hâte de faire.

- Durant cette visite, avez-vous pu rencontrer la Banque centrale ?

- Non, mais c'était à cause de l'agenda. Nous n'avons commencé à planifier cette visite que depuis fin juillet. Nous avons quand même pu rencontrer la ministre des Finances qui était notre priorité. Mais notre relation avec la Banque centrale est très bonne. La prochaine visite, nous allons nous assurer de pouvoir rencontrer ses responsables.

- En termes de business, est-ce que vous recourez aux avances de la Banque centrale, ou bien vos dépôts couvrent-ils l'essentiel de vos crédits ?

- Pour l’instant, nous avons une belle position de liquidité. Et notre position en capital est adéquate. Mais on verra à l’avenir. S’il y a de la croissance, on pourrait y recourir.

- Il y a un gap d’intérêt intéressant entre l’Europe et le Maroc, pourquoi n’en profitez-vous pas ?

- Ce sont des marchés différents, des monnaies différentes. De notre côté, on travaille pour faire de gros chiffres d’affaires en euros et en dollars. Il y a aussi des limites de notre liquidité en dirhams. Mais on regarde toutes les opportunités. Il faut signaler que les grands projets nécessitent surtout des financements en devises.

- Vous participez, avec les banques marocaines, à des opérations en direction de toute l’Afrique ; pouvez-vous nous donner des détails ?

- D’une part, nous sommes l’unique banque espagnole implantée en Afrique avec nombre de prises de participations, de filiales, de succursales ou de bureaux de représentation. De l’autre côté, avec notre manière de travailler, on collabore avec toutes les banques marocaines. C’est une coopération exceptionnelle.

On travaille dans des pays qui ont beaucoup de relations avec l’Amérique du Sud par exemple. Avec notre expertise de ce marché aussi, on peut faire le lien avec les banques marocaines, les compagnies africaines et sud-américaines. On apporte aussi des garanties sur des opérations pour des clients qui sont en relation avec des banques marocaines.

- Que retenez-vous de votre séjour au Maroc ?

- Je suis très content des échanges très importants que nous avons eus. J’ai une idée très claire de ce qui se passe au Maroc aujourd’hui. Une idée et un feeling très positifs que je vais transmettre en Espagne. Et je pense que je vais revenir très bientôt.

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