Le séisme d’Al Haouz démasque les malfaçons dans les constructions neuves en zone urbaine

Même les constructions les plus récentes en zone urbaine présentent d’importantes fissures provoquées par le puissant séisme du 8 septembre. Selon Rachid Boufous, architecte urbaniste, ces fissurations sont dues aux malfaçons et à une mauvaise construction des habitations.

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Le séisme d’Al Haouz démasque les malfaçons dans les constructions neuves en zone urbaine

Le 18 septembre 2023 à 16h13

Modifié 18 septembre 2023 à 16h55

Même les constructions les plus récentes en zone urbaine présentent d’importantes fissures provoquées par le puissant séisme du 8 septembre. Selon Rachid Boufous, architecte urbaniste, ces fissurations sont dues aux malfaçons et à une mauvaise construction des habitations.

De profondes fissures ont été observées dans de nombreuses constructions neuves en zone urbaine. C’est le cas à Marrakech, où des immeubles ont subi d’importants dégâts alors même que la ville est située à des dizaines de kilomètres de l’épicentre du séisme d’Al Haouz. Les grosses fissures concernent aussi bien les habitations du segment économique que celles du haut standing, selon la presse locale et de nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux En colère, les propriétaires revendiquent une commission technique pour évaluer les dégâts causés aux immeubles d’habitation à Marrakech à la suite du tremblement de terre.

Malfaçons et vices de construction

Joint par Médias24, Rachid Boufous, architecte urbaniste et membre du Conseil national du Mouvement Populaire, estime que de telles fissures dans des constructions pourtant neuves et très éloignées du foyer du séisme sont dues aux malfaçons et à une mauvaise construction.

"Nous constatons effectivement des fissurations très importantes dans des habitations et des immeubles neufs, notamment dans les logements sociaux et le haut standing. Ce n’est pas normal. Le séisme a été relativement moins intense à Marrakech en comparaison aux zones sinistrées qui, elles, sont très proches de l’épicentre. Les fissurations constatées à Marrakech sont démesurées par rapport à l’intensité du séisme ressenti dans la ville ; elles ne devraient être constatées que dans les zones situées dans le voisinage de l’épicentre", estime Rachid Boufous.

"Nous sommes donc devant de la malfaçon, de la mauvaise construction et un non-respect du règlement de construction parasismique RPS 2000. Cela prouve que les immeubles n’ont pas été contrôlés, que ce soit par les architectes, les bureaux d’étude ou les bureaux de contrôle. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que les promoteurs immobiliers s’attellent directement à la construction et ne consultent que très rarement les bureaux d’étude et les architectes", poursuit notre source.

"Des promoteurs immobiliers trichent assez souvent ; ils trichent sur les matériaux de construction, sur le ciment, sur l’enrobage de la construction en barre de fer... Ils sous-estiment le risque de survenue d’incidents ou de catastrophes naturelles... et au final, ce sont les acheteurs qui en paient le prix élevé".

L’assurance habitation, une option à considérer 

Pour se prémunir contre les pertes en cas de dommages imprévus ou accidentels, Rachid Boufous recommande une souscription à l’assurance habitation.

"Je recommande toujours aux gens qui achètent un appartement − aussi bien dans le social que dans le haut standing −, et même une villa, de souscrire une assurance habitation. La loi 110-14, promulguée en 2016 et entrée en vigueur en 2020 après la publication des décrets d’application en 2019, oblige désormais les assureurs à rembourser et à attribuer des indemnités aux gens qui ont souscrit une assurance habitation sur toutes les atteintes en matière d’inondations et de séismes", précise-t-il.

"La souscription à l’assurance habitation est un choix. Personnellement, je demande qu’il y ait un décret, une loi, qui la rende obligatoire. Aujourd’hui, la notion de responsabilité civile est limitée aux voitures et aux cyclomoteurs, pour lesquels une assurance est effectivement obligatoire. Les droits des tiers entrent cependant plus en jeu pour le logement par exemple, en cas de séisme ou de dégâts des eaux", poursuit l’architecte urbaniste, qui suggère également que le syndic souscrive une assurance habitation pour les parties communes.

Déclaration de l’assuré en cas de sinistre 

Joint par Médias24, le directeur général délégué de SanlamAllianz, Mohamed Afifi, explique la démarche à suivre pour déclarer un sinistre à son assurance habitation. "Il faut tout simplement notifier le sinistre à la compagnie d’assurance. Cette dernière désigne un expert qui effectuera son expertise sur la base de laquelle la compagnie décidera si l’assuré a droit à une indemnisation".

Les sinistrés non assurés peuvent à leur tour être indemnisés grâce au Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles alimenté par des taxes parafiscales, complète Rachid Boufous.

"Les dons à l’instar du don privé alloué par le Roi ou de celui effectué par Bank Al-Maghrib seront reversés au Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles alimenté par des taxes parafiscales. Ces dons permettront justement d’indemniser les gens ne disposant pas d’une assurance habitation. Ces personnes sont amenées à faire des déclarations de sinistre auprès des autorités locales (le caïd), photos à l’appui. Elles bénéficieront d’indemnisations après la déclaration, par le chef du gouvernement et par décret, de l’état de catastrophe naturelle dans les trois mois suivant le séisme", précise l’architecte urbaniste.

"Une fois l’état de catastrophe naturelle déclaré par le chef du gouvernement, les registres sont ouverts dans tous les arrondissements. Ces registres seront communiqués au fonds pour indemniser chaque personne en fonction de la dangerosité des sinistres subis", conclut-il.

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