Sarkozy : “La France devrait maintenant prendre clairement position en faveur de la marocanité du Sahara occidental”
Nicolas Sarkozy reçu à la CGEM en septembre 2019. Ph. MEDIAS24
Nicolas Sarkozy demeure une voix écoutée en France, avec une influence certaine dans le paysage politique, notamment dans son camp qui est celui de la droite, malgré ses déboires judiciaires. Il garde de bonnes relations avec le président Macron. C'est dire que le livre qu'il a publié, le samedi 19 août chez Fayard, est l'événement médiatique du moment. Un événement qui ne passe pas inaperçu dans le microcosme politique français, faisant grincer des dents certains de ses anciens collègues, dans les chapitres réservés à son mandat et son parcours.
Vu du Maroc, ce livre est en soi un événement. Et cela tient à trois thèmes, tous liés : le Maroc, le Sahara, l'Algérie.
Sur le Maroc, il y a parfois une tonalité quasi chiraquienne. "J’ai toujours aimé le Maroc", écrit-il simplement. Et tout est dit. "Des trois nations d’Afrique du Nord, elle est celle qui nous est la plus proche", explique-t-il. Mais pas seulement. Il déroule à plusieurs reprises, et en des termes forts, "l'admiration" qu'il voue au roi Mohammed VI qui "restera dans l’histoire comme l’un des plus grands souverains marocains". Le roi est "un homme de large culture et d’une finesse intellectuelle éblouissante. Combien de fois ai-je été impressionné par sa capacité à anticiper les événements et à garder le cap de sa vision pour le royaume !". Il loue "la chance qu’a le Maroc d’avoir un roi comme Mohammed VI, dont la personnalité est "unique dans le monde des têtes couronnées et des chefs d’État. Il est un homme que je n’ai cessé d’admirer et de respecter".
Le Maroc, ce "pays frère", est un "égal de la France", devenu "une grande puissance africaine". Sarkozy estime que le Maroc doit être compris et aidé. Ce ne fut ni l'un ni l'autre. Au lieu de cela, "le président Macron n’a pas toujours su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient".
Il souligne "le tropisme algérien du président" qui lui "procurera bien des déceptions". Il estime que plus la France essaiera de bâtir avec l'Algérie une "amitié artificielle", plus elle sera refusée par les Algériens. Les dirigeants algériens, rappelle-t-il à juste titre, ont "besoin d'un adversaire". Ce tropisme, qui part d'un "bon sentiment", risque de détourner les Marocains de la France, les premiers étant "ulcérés" par l'attitude de leur voisin. "À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie et perdrons celle du Maroc. C’est un pari dangereux, de surcroît condamné d’avance."
Pour le Maroc, l'une des phrases les plus importantes du livre est celle-ci : "La France devrait maintenant prendre clairement position en faveur de la marocanité du Sahara occidental." Une affirmation suivie d'un argumentaire solide et objectif. Sarkozy constate d'ailleurs "la lente dégradation des relations franco-marocaines depuis une dizaine d’années", une dégradation qu'il impute d'abord à "l’entêtement" de ses deux successeurs à vouloir "à tout prix surjouer et surinvestir la relation avec l’Algérie", ce qu'il qualifie d'erreur stratégique vouée à l'échec.
Ce ne sont là que quelques phrases extraites d'analyses et témoignages présentant un intérêt politique, diplomatique et historique, d'abord celles du témoin qu'il a été. Un livre qui mérite d'être lu posément et qui aura un impact certain.
Nicolas Sarkozy. Le Temps des Combats. Fayard.
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