L’IA pour mieux comprendre son exploitation agricole et faciliter sa gestion

Hamza Rkha Chaham, directeur général de Sowit, nous livre ses recommandations sur l’usage de l’IA dans le secteur de l’agriculture, à la suite de sa participation au séminaire sur la digitalisation et les jeunes entrepreneurs dans la région MENA, organisé par le FMI et la Banque mondiale le 13 avril à Washington DC.

L’IA pour mieux comprendre son exploitation agricole et faciliter sa gestion

Le 26 avril 2023 à 17h26

Modifié 26 avril 2023 à 17h29

Hamza Rkha Chaham, directeur général de Sowit, nous livre ses recommandations sur l’usage de l’IA dans le secteur de l’agriculture, à la suite de sa participation au séminaire sur la digitalisation et les jeunes entrepreneurs dans la région MENA, organisé par le FMI et la Banque mondiale le 13 avril à Washington DC.

Ayant participé au séminaire sur la digitalisation et les jeunes entrepreneurs dans la région MENA, organisé par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, Hamza Rkha Chaham n’omet pas de rappeler que l’IA, l’apprentissage automatique et les capteurs IoT qui fournissent des données en temps réel pour les algorithmes, augmentent l’efficacité de l’agriculture, améliorent les rendements des cultures et réduisent les coûts de production alimentaire.

"L’utilisation de l’IA et de l’apprentissage automatique dans l’agriculture peut aider à surveiller les conditions météorologiques, les sols, les cultures et les animaux, ce qui permet une prise de décision plus rapide et plus précise pour les agriculteurs. Pourquoi irriguer 4 heures par jour quand on peut irriguer 3 heures en ajustant les apports aux besoins réels?", résume-t-il.

Les chiffres sont en effet éloquents : "Les dépenses mondiales consacrées aux technologies et aux systèmes agricoles connectés intelligents, y compris l’IA et l’apprentissage automatique, devraient tripler d’ici 2025 pour atteindre 15,3 milliards de dollars, selon les recherches de BI Intelligence", note Hamza Rkha Chaham, fondateur et directeur général de la startup Sowit, qui propose des solutions basées sur la technologie de l’IA et dédiées au secteur de l’agriculture. La startup accompagne aujourd’hui plusieurs milliers d’agriculteurs à l’échelle continentale et compte des partenaires comme le Crédit Agricole du Maroc ou la Société financière internationale.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le Salon international de l’agriculture de Meknès SIAM, qui aura lieu du 2 au 7 mai et aura pour thématique "Génération Green : pour une souveraineté alimentaire durable". "Sowit y présentera une ferme digitale permettant à l’agriculteur de recourir à l’IA et d’analyser son exploitation en temps réel : capteurs, drones, satellite…", annonce l’entrepreneur.

L’IA, pour une agriculture plus efficiente en phase avec l’enjeu de l’eau

Selon notre interlocuteur, plusieurs modèles existent pour améliorer la compétitivité et la productivité du secteur grâce l’IA. Par exemple, l’IA peut être utilisée pour optimiser les cultures en temps réel. "Les capteurs et les drones ou satellites équipés de caméras haute résolution peuvent surveiller les champs et fournir des informations précieuses sur l’état des cultures, comme l’estimation du rendement, la détermination du besoin en eau des cultures ou le suivi précis de la météo permettant de déclencher des alertes phytosanitaires", souligne-t-il.

Les modèles de prévision météorologique basés sur l’IA peuvent fournir des informations précises sur les conditions météorologiques à venir, ce qui permet aux agriculteurs de planifier et de prendre des mesures préventives pour minimiser les pertes, comme par exemple planifier la récolte du maïs pour s’assurer de sa qualité.

Il met également en lumière le rôle préventif de l’IA pour l’estimation des rendements des cultures et même des calibres de fruit : "Les smartphones et les drones équipés de caméras aident à estimer le rendement des cultures ainsi que les calibres des fruits, comme les agrumes ou les pommes". Les modèles de prévision basés sur l’IA peuvent ainsi aider les agriculteurs à mieux dimensionner la logistique, mais surtout à mieux se positionner sur les marchés export en fonction de la qualité et du tonnage prévisionnels, ajoute notre interlocuteur.

L’IA peut également être une solution de premier rang pour optimiser la gestion de l’eau et des sols, faisant ainsi face à la pénurie des ressources. En effet, les systèmes d’irrigation basés sur l’IA peuvent surveiller l’utilisation de l’eau, à travers la teneur en eau des sols par exemple, et ajuster automatiquement les niveaux d’irrigation pour une utilisation plus efficace de l’eau. De même, les systèmes d’analyse de sol basés sur l’IA peuvent fournir des informations précises sur la composition du sol et les niveaux de nutriments, ce qui permet aux agriculteurs de planifier la fertilisation et d’améliorer la qualité des cultures, explique-t-on.

Quant à la planification des récoltes, l’entrepreneur explique que les systèmes de surveillance basés sur l’IA peuvent aider les agriculteurs à planifier la récolte en fonction de la maturité des cultures, ce qui permet une récolte plus efficace et une meilleure qualité des produits, comme c’est le cas par exemple pour le maïs ensilage, où l’agriculteur peut déclencher sa récolte afin d’optimiser sa matière sèche.

Enfin, et non des moindres, l’IA peut aider les agriculteurs à planifier la production en fonction de la demande du marché, en favorisant par exemple un certain calibre de fruit, permettant ainsi meilleure planification de la production et une maximisation des profits.

L’accélération des réformes s’impose pour faire émerger des actifs nationaux Agritech

Hamza Rkha Chaham appelle à l’accélération des réformes visant à libérer les énergies des jeunes entrepreneurs qui proposent des solutions innovantes pour le secteur. Interpellé par Jihad Azour, directeur de la région Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, sur le rôle des politiques dans l’émergence digitale de l’Afrique du Nord, Hamza Rkha Chaham brosse le portrait d’un écosystème national bouillonnant de potentiel mais qui peine à trouver l’élan nécessaire.

L’entrepreneur appelle les investisseurs internationaux à s’intéresser davantage à l’écosystème marocain, alors que "le capital international se retrouve piégé là où les opportunités de croissance sont limitées, et que les start-ups africaines répondent aux besoins fondamentaux des citoyens comme la sécurité alimentaire ou l’inclusion financière".

Une accélération des réformes nationales pourrait ainsi assurer une mise à niveau massifiant le financement international et construire un actif critique pour le leadership continental.

18 millions de dollars, c’est le montant levé par les start-ups marocaines en 2022. "C’est presque 50 fois moins que ce qu’ont levé les start-ups égyptiennes et 7 fois moins que ce qu’ont levé les start-ups tunisiennes pendant la même période", ajoute Hamza Rkha Chaham.

Selon lui, un débat public s’est déjà installé autour des questions suivantes et devrait aboutir à des reformes favorisant l’émergence de l’écosystème digital national, gage de souveraineté alimentaire :

1. Financement : accélérer l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI, qui pourrait jouer un rôle de banque publique d’investissement, mais aussi de promotion des innovations stratégiques, en fixant une feuille de route sur 5-10 ans concernant les innovations critiques (eau, agriculture, inclusion financière, paiement mobile…).

2. FinTech : faciliter l’accès aux licences Bank Al-Maghrib en imposant des règles prudentielles rigoureuses mais réalistes. La stabilité du système bancaire est la priorité et elle sortira renforcée par le choc de compétitivité que peuvent apporter des acteurs digitaux.

3. Parcours fast-track : créer un fast-track pour les start-ups innovantes (à l’image du Start-up Act tunisien) auprès des administrations publiques (Portnet, DGI, ministères…) qui motivera plus de Marocains à se lancer et à faire face aux risques perçus. Les mesures de l’ANAPEC telles que Tahfiz (contrats aidés) ou d’incitation fiscales (IR réduit) sont de très bons exemples valables pour les start-ups.

4. Internationalisation : la quasi-exclusivité des 5,2 milliards de dollars investis dans les start-ups africaines se fait à travers des domiciliations européennes ou américaines. Les start-ups ayant par essence une vocation internationale et devant donc se situer dans des places financières pouvant assurer le financement, notamment au-delà des stades d’amorçage, il faut, dans ce sens, saluer le travail déjà entrepris par l’Office des changes. Ce dernier permet aux fondateurs d’apporter leurs parts à l’étranger sous réserve d’une promesse d’investissement d’un investisseur étranger (article 169bis). Cet article peut servir de base pour permettre aux start-ups de mobiliser plus de financement, développer leurs actifs, créer de l’emploi et, in fine, générer des plus-values de cession. A l’image d’InstaDeep, start-up tunisienne structurée depuis le Royaume-Uni et cédée à 405 millions de dollars à Bio’N’Tech.

5. MRE : créer un programme spécifique ciblant les MRE à haut potentiel, à l’image du statut de Non-Resident-Indian, afin de les impliquer davantage dans l’économie. La diaspora marocaine est indispensable à l’émergence d’un entrepreneuriat technologique à forte valeur ajoutée et tourné vers l’international.

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