Proche-Orient : lorsque Macron “cherche un successeur à Mahmoud Abbas”

Étrange initiative d'Emmanuel Macron, révélée par Le Figaro. Le chef de l'Etat français a entrepris de lui-même de rechercher un successeur à Mahmoud Abbas, le président palestinien.

Proche-Orient : lorsque Macron “cherche un successeur à Mahmoud Abbas”

Le 15 février 2023 à 10h54

Modifié le 15 février 2023 à 17h18

Étrange initiative d'Emmanuel Macron, révélée par Le Figaro. Le chef de l'Etat français a entrepris de lui-même de rechercher un successeur à Mahmoud Abbas, le président palestinien.

Dès le titre, on est interloqué. L'article publié le 12 février par Le Figaro ne prend pas de gants : "Israël-Palestine : la France cherche un successeur à Mahmoud Abbas". Au moins, il a le mérite de la clarté.

On y apprend que "l’Élysée a demandé des noms pour envisager la succession du chef de l’Autorité palestinienne". Et que Macron est "préoccupé par l’impasse persistante dans le dossier israélo-palestinien", et de ce fait,  "voudrait changer certains de ses paramètres. En ligne de mire du chef de l’État, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, 87 ans, qui s’accroche à son pouvoir".

Citant une source dans l'entourage présidentiel, l'article de Georges Malbrunot révèle que Macron "a réclamé que les cinq anciens et actuel consuls généraux de France à Jérusalem (en charge des relations avec les Palestiniens, ndlr), les cinq anciens et actuel ambassadeurs de France à Tel-Aviv (côté israélien), et les cinq anciens et actuel patrons de la DGSE (les services de renseignements extérieurs), établissent, chacun de leur côté, une liste de deux noms de Palestiniens d’avenir", soit au total une trentaine de noms au maximum. "Emmanuel Macron souhaite que la France "soutienne ces personnalités et assure leur promotion". "Il est perturbé par le fait que rien n’avance et qu’on ne puisse trouver personne autour d’Abbas", ajoute l'article.

De quoi je me mêle ?

Le président français veut ainsi reprendre la main sur le conflit israélo-palestinien, mais en n’exerçant la pression que sur l’un des deux protagonistes du conflit, comme le note si bien le quotidien français. Les motifs invoqués sont de "trouver de nouvelles idées" et de "sortir de l’impasse".

Mais au-delà du conflit israélo-palestinien, qu’est-ce qui permet au président français de se prendre pour le maître du monde et de s’ingérer de cette façon dans le choix d’un peuple pour son président ?

Contacté par Médias24, l’ancien ambassadeur et expert en relations internationales, Ahmed Faouzi, ne se dit pas surpris par ce comportement d’Emmanuel Macron vis-à-vis de la souveraineté d'autres pays.

"On a vu le même comportement de Macron au Liban, où il est allé dire aux dirigeants de ce pays de trouver une solution (lors des explosions survenues à Beyrouth le 4 août 2020, ndlr) et qu’il reviendrait quinze jours plus tard pour s’enquérir de la situation. Ou encore lors de son discours de Ouagadougou, où il a déclaré face à des étudiants que c’était auprès du président burkinabé qu’il fallait se plaindre du manque d’électricité", ajoute-t-il.

"Ce comportement hautain n’a rien à avoir avec la retenue et la sagesse que doit avoir un chef d’Etat. Emmanuel Macron agit avec les pays arabes et africains comme un golden boy de la finance. Or, cela ne peut certainement pas fonctionner ; on le voit d'ailleurs avec un vieil Etat comme le Maroc, pour prendre cet exemple."

Une gestion atypique des affaires étrangères

La France d’Emmanuel Macron est en train de perdre du terrain dans plusieurs régions où elle avait de l’influence.

"Au Maghreb, Macron a réussi à se fâcher avec tout le monde ; même sa lune de miel avec le président Tebboune a été brève. Elle a pris fin avec l’affaire Amira Bouraoui ! Au Sahel, l’armée française s’est fait expulser du Mali et du Burkina Faso au profit des Russes de Wagner."

D’autres prennent sa place, en premier lieu la Chine, mais aussi la Russie, la Turquie et l’Iran, des pays qui ne sont pas en très bons termes avec la France. Que ce soit au niveau économique, militaire ou diplomatique, elle a de moins en moins d’influence sur ce qui était jadis considéré comme sa chasse gardée. A titre d’exemple, "le franc CFA est plus que jamais contesté par la jeunesse africaine", rappelle Ahmed Faouzi.

Cette Afrique de l’Ouest qui échappe aux mains des Français est devenue la cible de l’influence de l’Iran et de la Russie, alliés de l’Algérie. Les ministres des Affaires étrangères de l'Iran et de la Russie multiplient les visites dans les pays de la région, offrant leur services sécuritaires et signant des accords de coopération économique.

Même en Europe, les relations d’Emmanuel Macron avec les autres grands pays de l’Union européenne ne sont pas réellement au beau fixe, que ce soit avec Olaf Scholz, Giorgia Meloni ou Pedro Sánchez.

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