Face aux interrogations des citoyens, la classe politique se mure dans le silence

COMMENTAIRE. Face à la montée des interrogations inquiètes de la population relatives au choc des prix sur le marché des produits alimentaires, la classe politique, toutes obédiences confondues, oppose le mutisme. Le champ médiatique et l’espace public, qui devraient être investis en force en ces moments de doute, sont désertés. Ou comment la politique se meurt en silence…

Face aux interrogations des citoyens, la classe politique se mure dans le silence

Le 8 février 2023 à 18h07

Modifié 8 février 2023 à 18h47

COMMENTAIRE. Face à la montée des interrogations inquiètes de la population relatives au choc des prix sur le marché des produits alimentaires, la classe politique, toutes obédiences confondues, oppose le mutisme. Le champ médiatique et l’espace public, qui devraient être investis en force en ces moments de doute, sont désertés. Ou comment la politique se meurt en silence…

Lors de son investiture, le gouvernement a fait plusieurs promesses. Une en particulier devait signer la fin d’une ère et le début d’une autre : "Travailler beaucoup, parler peu". Une signature qui collait à l’identité de ce nouvel exécutif qui voulait rompre avec les débats politiciens stériles, le populisme, les pratiques des gouvernements qui l'ont précédé, dont certaines figures gouvernaient du lundi au vendredi et faisaient de l’opposition durant le week-end.

Sur ce point, le gouvernement actuel a tenu sa promesse, et plus encore. Il l’a poussée à l’extrême, vidant la politique de son sens noble : débattre, échanger, vulgariser, expliquer, rassurer… Des actes qui font pourtant partie du travail quotidien de tout gouvernement qui se respecte.

La devise "Travailler beaucoup, parler peu" s’est transformée en un modus operandi dans l’acte de gouverner, créant un silence politique assourdissant sur pratiquement l’ensemble de l’action publique.

En politique, travailler dans le silence, c’est mal faire son travail

Nous avons vécu cela en 2022, avec la crise des prix de l'énergie. Et nous le vivons encore une fois cette année avec la flambée des prix des produits alimentaires, problématique qui affecte la majorité écrasante de la population marocaine. Face à la bronca générale des citoyens contre la cherté de la vie et l’explosion du panier de la ménagère, le gouvernement oppose un silence froid.

Aucun responsable gouvernemental, membre de la majorité RNI-PAM-PI, n’est sorti pour expliquer ce qu’il se passe dans le pays, répondre aux interrogations des Marocains, démonter les fakes news, exposer les mesures prises ou prévues pour freiner la hausse des prix, rassurer la population quant à l’avenir.

En principe, quand ce genre d’évènement survient dans n’importe quel pays, les politiques sonnent la mobilisation générale. L'exercice de com’ devient une obligation, un devoir. Les ministres, les députés, les membres des bureaux politiques, les figures de l’exécutif ou de la majorité investissent le champ médiatique, les télévisions publiques, les radios, remplissent l’espace politique, montrent qu’ils sont là, qu’ils partagent les préoccupations des gens, qu’ils les comprennent, qu’ils réfléchissent à des solutions, qu’ils travaillent… Car le risque est énorme et tient en deux mots : la tension sociale. Un gouvernement élu ne peut pas se contenter du silence quand tous les citoyens sont confrontés à l'un des pires chocs économiques affectant leur pain quotidien, leur pouvoir d’achat.

Certains avancent que les politiques ont de plus en plus peur de parler, car ils s’exposent à chaque sortie de route ou déclaration maladroite - les risques du métier - à des procès populaires sur les réseaux sociaux. Or, un politique est prêt à prendre des risques, affronter la colère populaire, défendre ses idées, son projet politique. C’est cela le métier de politique, être un intermédiaire entre la rue et les institutions, prendre des coups quand il le faut, absorber les chocs, les apaiser, exposer les faits, les expliquer au plus grand nombre, montrer la voie, rassurer quant aux choix qui sont faits, convaincre… En politique, surtout dans les moments difficiles, travailler dans le silence, c’est faire mal son travail.

Le silence comme modus operandi dans les tops et les flops

Le pire, comme nous le constatons tous les jours en tant que journalistes et comme le font remarquer également plusieurs de nos confrères vedettes des médias publics, c’est que ce modus operandi est devenu la règle. Nos gouvernants, les responsables de la majorité, ses figures, ne fuient pas seulement lors des crise, mais se dérobent également quand ils sont invités à prendre la parole pour vulgariser les succès politiques du travail gouvernemental.

La réforme de l’éducation, la réforme du système de la santé ou encore la généralisation de l’AMO en sont les parfaits exemples. Ces trois grands chantiers réunis sont une sorte de révolution sociale quand on les analyse de très près. Leur réussite créera un nouveau Maroc, donnera naissance à un nouvel Etat, un Etat social en bonne et due forme. Et le gouvernement a ici du contenu à "vendre", aussi bien technique que politique. Mais personne malheureusement pour le porter, pour prêcher la bonne parole, pour "marketer" le travail considérable accompli au jour le jour pour transformer le pays et le quotidien d’une grande majorité de Marocains… A tel point que nos chaînes publiques, qui restent le principal canal de communication avec le peuple, se plaignent de l’absence de répondant de la classe politique quand ils essaient de monter des plateaux, des débats, des talks pour offrir un contenu politique positif à leurs téléspectateurs.

Dans les tops comme dans les flops, le silence est devenu la règle. Curieuse politique !

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