Amina Lotfi (ADFM) : “Institutionnaliser l’égalité des sexes dans la loi, la pratique et les programmes scolaires”

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, l’Association démocratique des femmes du Maroc a organisé, le mardi 24 janvier, une table ronde dans le cadre de son initiative citoyenne de plaidoyer et de sensibilisation, baptisée "Pour l’école de l’égalité".

L’Association démocratique des femmes du Maroc a organisé, mardi 24 janvier 2023, une table ronde dans le cadre de son initiative citoyenne de plaidoyer et de sensibilisation baptisée "Pour l’école de l’égalité".

Amina Lotfi (ADFM) : “Institutionnaliser l’égalité des sexes dans la loi, la pratique et les programmes scolaires”

Le 27 janvier 2023 à 10h33

Modifié 27 janvier 2023 à 17h16

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, l’Association démocratique des femmes du Maroc a organisé, le mardi 24 janvier, une table ronde dans le cadre de son initiative citoyenne de plaidoyer et de sensibilisation, baptisée "Pour l’école de l’égalité".

A l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a organisé, le mardi 24 janvier, une table ronde dans le cadre de son initiative citoyenne de plaidoyer et de sensibilisation, baptisée "Pour l’école de l’égalité".

La table ronde a réuni les représentants des principales parties prenantes du système éducatif, en l’occurrence les associations féministes, les associations de droits humains et de développement, les syndicats de l’enseignement, les organismes représentant les inspecteurs pédagogiques, les associations de professeurs de diverses disciplines, ainsi que les fédérations des associations de parents d’élèves.

Elle a été l’occasion de présenter le mémorandum "Pour l’école de l’égalité entre les deux sexes", adressé à ce titre par l’association au ministère de l’Education nationale, en décembre 2022, explique à Médias24 la présidente de l’ADFM, Amina Lotfi.

A travers ce mémorandum, l’association espère que le ministère intègrera "l’école de l’égalité" dans les indicateurs clés du "changement de paradigme" et de la "nouvelle école marocaine", annoncés comme une réponse aux problèmes majeurs du système éducatif.

"Une école marocaine digne de ses fils comme de ses filles"

Pour Amina Lotfi, l’école marocaine telle qu’elle est aujourd’hui peine à former des apprenants et des apprenantes avec une tête bien faite. "Une tête capable de raisonner et d’analyser les valeurs humaines, avec en premier lieu le principe d’égalité", explique la présidente de l’ADFM.

Pour elle, l’école égalitaire est un établissement scolaire qui accorde la même valeur aux deux sexes. "L’école marocaine de l’égalité est digne de ses fils comme de ses filles. C’est un espace où ne règnent ni discriminations ni préjugés sexistes, et où les apprenants, conscients de l’existence de ces discriminations, apprennent à ne pas les véhiculer et à lutter contre", poursuit-elle.

La présidente de l’ADFM reconnaît que le Maroc enregistre des avancées dans ce sens, tout particulièrement en matière de réduction de l’écart de scolarisation entre filles et garçons. Elle déplore cependant l’absence d’une stratégie à dimension culturelle visant à lutter contre les stéréotypes sexistes et discriminatoires, qui devrait selon elle accompagner "cet effort quantitatif".

État des lieux de l’égalité dans les écoles marocaines

Le mémorandum adressé au ministère de l’Education nationale est fondé sur la loi-cadre sur l’éducation et la formation et sur les grandes lignes de la feuille de route 2022-2026 de la réforme de l’éducation. L’ADFM y dresse un état des lieux de l’égalité dans les établissements scolaires du pays.

Il y a bien quelques mesures positives entamées au Maroc au cours des deux dernières décennies, à l’instar de l’amendement des cahiers des charges des manuels scolaires, après la réforme de la Moudawana, ou de l’intégration du 8-Mars à la liste des journées devant être célébrées dans les établissements scolaires. Mais un autre constat s’impose. L’association estime en effet que les initiatives prises depuis lors, en faveur d’une école dénuée de stéréotypes, ont manqué :

- d’une vision fondée sur le principe universel de l’égalité ;

- d’une stratégie de mise en œuvre à travers l’ensemble des composantes du système ;

- d’une planification budgétisée inscrite dans la durée ;

- d’un dispositif de suivi, d’évaluation, d’adaptation et de développement continu.

"Il y a une incohérence entre le discours tel qu’il est prononcé et la pratique de ce discours au sein des classes et des espaces scolaires", regrette Amina Lotfi. "On le voit couramment, on en parle. Ce qui se passe en classe ne répond pas aux principes constitutionnels de l’égalité et de la lutte contre les discriminations. Prenons l’exemple cliché d’enseignants qui, pour punir les garçons, les séparent des filles, ou ceux qui les mettent devant elles, et celles-ci derrière", ajoute-t-elle.

Autre incohérence selon la présidente de l’ADFM : celle relative aux manuels scolaires. "Leur révision n’est pas suffisante ; il y a toujours de la discrimination directe et indirecte. Je cite à titre d’exemple les ouvrages qui diffusent encore la scène du papa et du fils regardant la télé, tandis que la mère et la fille s’occupent de la maison. C’est un exemple classique, il y en a plein d’autres."

Les recommandations de l’ADFM

Une fois ces constats établis, comment faire de l’école marocaine une école égalitaire ? Il faut d’abord institutionnaliser l’égalité des sexes dans notre système, insiste Amina Lotfi. "On ne part tout de même pas de zéro ! Beaucoup de choses ont été réalisées depuis les années 1990, mais elles ont malheureusement été menées par différents gouvernements et ministres sans aucune continuité. Il faut intégrer le principe d’institutionnalisation de l’égalité des sexes dans la loi, dans la pratique et dans les programmes, le tout de manière transversale. Et pour cela, il faut une approche globale et un système de suivi et d’évaluation pour une approche résultats."

En résumé : former les enseignants et les enseignantes à l’égalité des sexes, dépouiller tous les manuels scolaires de leurs connotations sexistes, directes ou indirectes, et budgétiser l’ensemble de ces actions.

Le pronostic optimiste de Amina Lotfi

Interrogée sur son pronostic sur l’avenir de l’école marocaine de l’égalité, la présidente de l’ADFM estime que tous les éléments sont réunis pour relever ce défi. "Je suis optimiste ; j’estime que nous avons toutes les données nécessaires. Nous avons un plan gouvernemental qui souhaite une éducation égalitaire ,et un ministère qui veut aller de l’avant, changer le cours des choses. Nous avons également une société civile très active et un Parlement engagé lui aussi dans cette cause", relève-t-elle.

"Il ne faut pas oublier non plus que le Nouveau Modèle de développement préconise la promotion des droits humains et l’égalité du genre, conditions sine qua non du développement", conclut Amina Lotfi.

L’Association démocratique des femmes du Maroc œuvre depuis 1985 pour les droits fondamentaux des femmes, à partir de deux entrées principales, fermement consacrées par la Constitution : l’harmonisation des lois et des politiques publiques, et la promotion de la culture de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Son initiative "Pour l’école de l’égalité" bénéficie d’un soutien particulier des anciens ministres de l’Education nationale ayant assumé la responsabilité du département depuis l’adoption, par le Maroc, de la Constitution de 1992, date à laquelle le Maroc affirmait, pour la première fois, son adhésion aux Droits de l’Homme tels qu’universellement reconnus.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

AMAZZIN SA-Objet: TRAVAUX DE SIGNALETIQUE DU PROJET DU CENTRE COMMERCIAL MOROCCO MALL MARRAKECH AVEC SS SOL- R+2.

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.