Walid Regragui à L’Équipe : “Les joueurs y ont cru jusqu’au bout”

Après des vacances bien méritées, le sélectionneur national est revenu sur les prouesses individuelles et collectives qui ont permis à ses protégés de réaliser un exploit sans précédent, lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Walid Regragui à L’Équipe : “Les joueurs y ont cru jusqu’au bout”

Le 13 janvier 2023 à 14h51

Modifié 13 janvier 2023 à 16h40

Après des vacances bien méritées, le sélectionneur national est revenu sur les prouesses individuelles et collectives qui ont permis à ses protégés de réaliser un exploit sans précédent, lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

En succédant à Vahid Halilhodzic à la tête de l’équipe nationale en août 2022, Walid Regragui a réussi son pari en un temps record. Surfant sur les succès glanés avec le Wydad de Casablanca, le sélectionneur national a mené les Lions de l’Atlas à des hauteurs inespérées, lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, trois mois à peine après sa nomination. 

Première équipe africaine à atteindre les demi-finales d’un Mondial, le Maroc a changé la face du football marocain, africain et arabe. Après un coup de fatigue lié à la charge émotionnelle qui accompagne tout exploit, le technicien est revenu dans les colonnes du quotidien sportif L’Équipe, ce vendredi 13 janvier, sur les ingrédients qui ont permis aux Lions de l’Atlas de créer la surprise et de gagner les cœurs aux quatre coins du monde. 

"Ziyech ne répondait plus, donc je suis passé par un ami en commun"

Conscient de l’importance de sa mission, Walid Regragui n’a pas perdu de temps et a d’emblée posé les bases de son animation. "On a disséqué tous les matchs avec mon staff pour définir un style. J’opte pour le 4-1-4-1, un système que j’utilisais au WAC et qui nous convient", confie-t-il. Il ne lui restait plus qu’à en convaincre les joueurs. "J’ai multiplié les appels en visio et j’ai aussi voyagé et parlé à 40 ou 45 joueurs."

"Les premiers que j’ai vus étaient Romain Saïss, Achraf Hakimi et Yassine Bounou pour savoir comment ils voyaient les choses", poursuit-il. Du pain bénit en comparaison avec le cas épineux de Hakim Ziyech. Le milieu offensif de Chelsea boudait la sélection depuis sa brouille avec Vahid Halilhodzic.

"Ziyech ne répondait plus, donc je suis passé par un ami en commun", révèle Regragui. "On s’est parlé en visio. Il fallait que l’on soit unanimes, les joueurs comme moi, sur son retour." Une fois l’entente installée au sein du groupe, le sélectionneur national a mis en place une ambitieuse feuille de route pour la Coupe du monde 2022.

"L’objectif était d’abord de passer le premier tour. Je n’aurais jamais accepté ce challenge sans cette condition. J’ai dit aux joueurs que nous avions une équipe qui pouvait battre n’importe qui." L’histoire lui a donné raison. Et à force de persuasion, "les joueurs y ont cru jusqu’au bout".

En atteste l’envie de se surpasser démontrée par son groupe, mais aussi la cohésion et l’esprit de camaraderie dont ses hommes ont fait preuve tout au long de la compétition. "Il n’y a pas eu une seule embrouille en cinq semaines", se réjouit Walid Regragui, et ce en dépit de la barrière linguistique.

"Les causeries étaient en arabe, c’est notre identité"

"L’organisation était claire : tous les meetings, les causeries étaient en arabe, c’est notre identité. Et on avait une personne qui parlait une autre langue à côté de ceux qui ne la comprenaient pas. Romain Saïss traduisait pour les anglophones", souligne le sélectionneur, comme pour assurer que l’équipe nationale parlait d’une même voix.

Il n’en fallait pas moins pour se qualifier dans le groupe F, le plus relevé de la compétition. La solide entrée en lice des protégés de Walid Regragui face à la Croatie a représenté un véritable tournant. "Il ne fallait pas le perdre, rester vivant. Le nul (0-0) nous a rassurés et j’étais persuadé ensuite qu’on serait durs à battre", relate l’entraîneur. 

Les victoires contre la Belgique (2-0), puis le Canada (2-1), ont offert au Maroc la première place du groupe, ce qui a permis de créer une dynamique positive et de conforter l’équipe dans ses aspirations. Le succès en huitièmes face à l’Espagne fut une libération psychologique.

"L’Espagne est la meilleure équipe qu’on ait jouée. Si on ne les avait pas sortis, ils auraient pu aller au bout", souligne le sélectionneur, qui n’a pas hésité à jouer sur une corde sensible pour galvaniser ses joueurs. "Pour préparer ce match, c’était assez simple puisque la presse espagnole avait expliqué qu’ils avaient perdu en poules contre le Japon (1-2) pour affronter le Maroc en 8èmes. En gros, le message a été qu’ils ne nous respectaient pas."

L'élimination de la Roja a permis aux Marocains de croire plus que jamais en leurs capacités et leurs chances d’aller plus loin dans la compétition. Forts de leurs succès, les Lions de l’Atlas ont fait pleurer Cristiano Ronaldo en écartant le Portugal en quart de finale (1-0). "Pour les jeunes, c’était extraordinaire de jouer contre lui. Dans le vestiaire, ils voulaient le consoler. C’était beau", se souvient Walid Regragui.  

"La marche était un peu trop haute pour nous"

Mais l’équipe nationale a été rattrapée par les blessures et la fatigue liées à une fabuleuse mais énergivore épopée. "Selim Amallah a joué avec une petite entorse au genou, Hakimi un début d’élongation, Mazraoui s’est blessé aux côtes dès le premier match avant d’attraper une grippe comme Aguerd", regrette le sélectionneur. 

Ajoutez-y la cuisse endolorie de Romain Saïss et vous obtenez une défense remaniée par obligation, au moment d’affronter les champions du monde, lors du rendez-vous le plus important de l’histoire du football marocain. Pour s’adapter à ces contraintes, Walid Regragui a certainement pris un gros risque, en titularisant Romain Saïss, alors blessé.

Pis, le technicien marocain a changé un système de jeu adopté depuis le début de la compétition pour lui permettre de tenir sa place. "On a eu la belle surprise de voir Aguerd et Saïss aptes. Mais juste après l’échauffement, en entrant dans le vestiaire, Aguerd s’est senti mal. Achraf Dari a eu une minute pour entrer dans le match et ça a poussé Jawad El-Yamiq, qui avait travaillé à droite pendant la préparation, à gauche."

"Et on prend le but d’entrée sur ce côté", déplore le sélectionneur qui ne regrette pourtant aucun de ses choix. Après le match, il a uniquement concédé le fait que les incertitudes et les changements de dernière minute n’ont pas mis ses joueurs dans les meilleures dispositions face à une équipe de France qui se nourrit de chaque erreur de l’adversaire, aussi insignifiante soit-elle.

"À la mi-temps", reprend-il, "j’ai dit à mes joueurs que la France était la moins bonne équipe depuis le début des matchs à élimination directe. Mais je ne suis pas naïf. Le très très haut niveau, tu penses toujours que tu n’es pas loin mais, en fait, tu l’es. La marche était un peu trop haute pour nous", consent le sélectionneur avec lucidité, en dépit de ses ambitions affichées avant le début de la compétition.

"C’est le choix du cœur qui compte, pas le projet individuel"

“Quand nous sommes allés en reconnaissance au Qatar voir les deux stades où l'on devait jouer, j’ai demandé à voir celui de la finale", se souvient-t-il encore. "On y a prié avec mon adjoint et on l’a filmé pour le montrer aux joueurs, car on venait pour gagner et les gars se sont pris au jeu." Un jeu qui s’est transformé en doctrine à confirmer dès la prochaine compétition.  

"L’objectif est de gagner la CAN en Côte d’Ivoire (janvier-février 2024)", insiste le sélectionneur. "On se doit d’avoir des objectifs élevés. Je viens pour gagner, sinon je laisse la place à un autre, car je dois montrer l’exemple. Et le prochain sélectionneur saura qu’il y a encore des défis importants à relever. Il faut faire entrer l’ADN de la gagne dans cette sélection."

Des objectifs dont la concrétisation est tributaire des meilleurs joueurs. Notamment les binationaux, repérés de plus en plus tôt, par des scouts missionnés en Europe par la Fédération royale marocaine de football. "On essaye de prendre contact avec les jeunes pour les sensibiliser, pas pour imposer un choix mais pour les accompagner", avance-t-il. Et de prévenir que le talent ne suffira pas. "Ma politique est claire, c’est le choix du cœur qui compte, pas le projet individuel", prévient-il.  

"Celui qui vient par dépit ne respectera pas trop la sélection. Si tu choisis le Maroc, tu passes dans le processus comme Hakimi, Ziyech, en commençant en sélection de jeunes", annonce Walid Regragui. Bilal El-Khannouss (Genk) en est le parfait exemple. Alors qu’il avait la possibilité de jouer pour la Belgique, il a accepté sans broncher de jouer pour les U23 marocains.

"C’était donc le choix du cœur", se félicite le sélectionneur. "À l’arrivée, il a fait la Coupe du monde. Personne ne pourra me faire de chantage, on ne joue pas avec l’amour du maillot. Et si tu choisis le Maroc, je ne garantis rien." Excepté d’appartenir à une sélection composée de joueurs de très haut niveau et dont l’avenir s’annonce encore radieux.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: FCP “UPLINE HORIZON DYNAMIQUE” Rapport du commissaire aux comptes exercice du 1er Janvier 2023 au 31 Décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.