Mondial 2022. Comment le Maroc a éliminé le Portugal (analyse)

Au terme d’une rencontre tendue jusqu’au bout, l'équipe nationale a battu le Portugal (1-0), le samedi 10 décembre en quart de finale de la Coupe du monde 2022. Les ajustements tactiques de Walid Regragui, l'apport offensif du côté gauche et le dévouement défensif des ailiers n’y sont pas étrangers.

Mondial-2022 : Le Maroc en demi-finale en battant le Portugal par 1 but à 0

Mondial 2022. Comment le Maroc a éliminé le Portugal (analyse)

Le 12 décembre 2022 à 18h22

Modifié 14 décembre 2022 à 16h54

Au terme d’une rencontre tendue jusqu’au bout, l'équipe nationale a battu le Portugal (1-0), le samedi 10 décembre en quart de finale de la Coupe du monde 2022. Les ajustements tactiques de Walid Regragui, l'apport offensif du côté gauche et le dévouement défensif des ailiers n’y sont pas étrangers.

L’équipe nationale croisera le chemin de la France, championne du monde, en demi-finale du Mondial 2022, ce mercredi 14 décembre à 20 h. Pour avoir la peau du Portugal (1-0) et s’accorder le droit de rêver à une finale inattendue, les Lions de l’Atlas ont convoqué les même ressources qui les ont accompagnés jusqu’ici.

Déjà en phase de poules, le Maroc fut la seule équipe à s'être qualifiée avec 7 points en n’ayant encaissé qu’un seul but, marqué par son propre défenseur, Nayef Aguerd. Et comme depuis le début de la compétition, les Lions de l'Atlas ont construit leur qualification sur la base d’une animation défensive remarquable.

“Ce Maroc nous étonne. On ne les prend jamais en défaut de concentration ou de discipline”, a souligné Arsène Wenger, directeur du développement du football à la FIFA et ancien coach du club anglais d'Arsenal (1996–2018).

Face au Portugal, une équipe taillée pour le dernier carré, l’équipe nationale a ouvert le score sur une superbe tête smashée de Youssef En-Nesyri (42'). Mais presque toute la suite a été une souffrance. Les Marocains ont gagné ce quart de finale par bravoure et prouvent que le sport collectif récompense d’autres vertus que le talent individuel. Bien que le mérite de cette équipe fut aussi d'avoir bien joué par séquences.

L'entonnoir axial

Les Portugais ont eu le ballon (75%), mais leur jeu a manqué de vitesse et de percussion. Aussi de changement de rythme et de profondeur. Cette incapacité à changer de registre offensif a servi les desseins marocains. Joao Felix, Bruno Fernandes, Bernardo Silva et Otavio ont eu tendance à trop se concentrer dans l’axe en première période.

Il est vrai que les nationaux ont parfois laissé les Portugais se rapprocher un peu trop et manœuvrer à leur guise, notamment par le jeu à l'opposé, côté gauche ou côté droit. “Nous avons été moins bons que contre l’Espagne. On aurait pu concéder l’égalisation à plusieurs reprises”, reconnaît avec lucidité le sélectionneur national, Walid Regragui.

Ce fut notamment le cas sur des pertes de balles dans des zones dangereuses, alors que le bloc équipe était déstructuré afin de jouer à fond les transitions offensives. Cependant, dans l’ensemble, Yassine Bounou a été très peu inquiété (3 tirs cadrés), et Gonçalo Ramos a été cette fois muselé par la charnière centrale.

Medias24
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L’attaquant de Benfica a quasiment autant touché de ballons face au Maroc (6) qu’il a été décisif face à la Suisse en huitième (3 buts et une passe décisive). D’où l’impressionnante sérénité défensive dégagée par l’équipe nationale. Elle prend forme dans la fermeture de l’axe grâce au duo de centraux, Saïss-El Yamiq, protégé par la sentinelle Sofyan Amrabat, l’un des meilleurs récupérateurs de cette Coupe du monde.

Joao Felix est cerné par plusieurs joueurs marocains qui lui ferment les solutions axiales.

Le passage à une défense à cinq 

En seconde mi-temps, en réponse au passage du Portugal à deux avants-centres avec la sortie du banc de Cristiano Ronaldo, Walid Regragui a été inspiré de renforcer l’axe en basculant vers une défense à cinq et trois défenseurs centraux avec l'entrée de Badr Benoun.

Avec l'entrée de C. Ronaldo, Walid Regragui a décidé de lancer Badr Benoun pour passer à trois défenseurs axiaux.

Avec Jawad El Yamiq, auteur d’une prestation monumentale, ainsi que Achraf Dari et Badr Benoun, la charnière composée de joueurs formés au Maroc a été à la hauteur de l’évènement. El Yamiq, natif de Khouribga, a été intraitable dans les duels. Sa lecture du jeu, son sens de l'anticipation et sa dureté ont quasiment fait oublier l’absence de Nayef Aguerd.

Achraf Dari (5 interceptions, 4 dégagements), défenseur central déclassé à Brest, est entré à l’heure de jeu pour suppléer le capitaine Romain Saïss dont la cuisse a fini par lâcher. Il a contenu au mieux les attaquants portugais, malgré une faute à l’entrée de la surface de réparation qui aurait pu coûter très cher. Badr Benoun (2 interceptions, 4 dégagements) a été moins en vue que ses coéquipiers. Mais son intervention sur un ballon en profondeur en direction de Cristiano Ronaldo a valeur de but.

La fermeture des ailes  

Le second symbole de l'étanchéité marocaine tient au travail fourni par les ailiers, Hakim Ziyech et Sofiane Boufal. “Leur implication défensive a été impressionnante. Je crois qu’il n’ont jamais couru autant de toute leur vie. Mais ils le font naturellement. Pour leur pays,” s'est réjoui Walid Regragui.

Le 4-3-3 marocain se transforme en 4-5-1. Sur le côté gauche de la défense, Sofiane Boufal, Selim Amallah et Yahya Attiat Allah forment un triangle des Bermudes où finissent par se perdre les attaquants portugais. Idem côté droit, où le trio Hakim Ziyech, Azzedine Ounahi et Achraf Hakim s’est chargé d'annihiler les velléités offensives adverses en harcelant systématiquement le porteur du ballon.

Sans oublier un mur infranchissable dans les cages. Spectaculaire, Yassine Bounou est une valeur sûre et un atout de poids. Impeccable de bout en bout dans ses prises de balles, ses arrêts (14) ont été déterminants, notamment devant Joao Felix par deux fois (5’, 83’) et Cristiano Ronaldo (91’).

Un côté gauche très actif 

Si les Lions de l’Atlas sont en demi-finale, c’est donc grâce à leur capacité de résilience et leur faculté à souffrir ensemble. Mais ils doivent également cet exploit à la faculté de leur staff technique d'identifier les faiblesses adverses.

Après le Costa Rica (30%), le Maroc est certes l’équipe qui a la plus faible possession dans ce mondial (33%). Face à l’Espagne, le plan de jeu restrictif des nationaux avait atteint son apogée. Mais les protégés de l’entraîneur marocain, qui mélange pragmatisme européen et vertus de combat africaines, nous ont offert quelques belles séquences contre la Seleçao, notamment en marquant au bout d’une action à 15 passes, symbole de ce Portugal qui a laissé trop d’espace aux Marocains lorsqu’ils sont sortis du pressing.

Ce fut particulièrement clair côté gauche. En s’appuyant sur un Yahya Attiat Allah débordant d’énergie qui a suppléé au dernier moment un Noussair Mazraoui malade, le Maroc a mis a nu les lacunes portugaises en termes de replis, notamment sur les ailes.

Pour sa première cape, le latéral gauche du Wydad de Casablanca a été impressionnant dans un sens comme dans l’autre. Il avait notamment des jambes pour prendre goulûment son couloir gauche pendant plus de 90’ et, en prime, il est passeur décisif sur l’unique but du match. Il aurait pu doubler le score si son appui ne s’était pas dérobé au moment de reprendre un centre dans la surface de réparation.

Yahya Attiat Allah s'est souvent engouffré dans les espaces laissés côté gauche par les Portugais.

Sur ses deux actions, Attiat Allah a été servi par la révélation de cette Coupe du monde, Azzedine Ounahi. L’Angevin ne risque pas de s'attarder en bas de tableau du championnat français tant sa prestation a été remarquable. Le Casablancais de 22 ans a brillé par ses remontées de balle spectaculaires.

Youssef En-Nesyri tutoie les étoiles 

Au retour du vestiaire, l'influence offensive de Ounahi a décliné au même titre que celle de Ziyech ou Boufal, mais ils ont couru comme des dératés pour préserver un avantage acquis sur une action qui restera dans les annales de la Coupe du monde, et du sport plus largement.

Sans omettre le travail défensif intense de Youssef En-Nesyri et ses formidables capacités physiques. Pour sauter 2,78 m, il faut un sacré gainage et des abdos en béton. Mais aussi le sens du timing et la détermination. Ce sont les ingrédients qui ont permis au Sévillan d’envoyer le Maroc en demi-finale et de devenir un sujet d’admiration et de conversation au quatre coins du monde, après avoir été parfois moqué par les observateurs.

Ainsi règnent les buteurs accompagnés par les critiques, qui ne touchent pas un ballon pendant tout un match et changent la donne en quelques secondes, en y mettant de la hargne et une grinta qui déplacent les montagnes. Cet engagement, cette intensité physique, les Marocains s'en font la promesse. Ce fut donc un grand combat qui en laisse présager un autre encore plus ardu face à la France, ce mercredi 14 décembre à 20 h.

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