Fret maritime : le coût du conteneur depuis la Chine tombe à 9.000 dollars

Ces dernières semaines, le coût du fret maritime a amorcé une baisse conséquente, estimée entre 50% et 65% en moyenne par rapport à un an auparavant. Les causes avancées par les experts ont trait aux variations de l'offre et de la demande, mais également à la pression du régulateur américain.

Fret maritime : le coût du conteneur depuis la Chine tombe à 9.000 dollars

Le 13 septembre 2022 à 18h48

Modifié 13 septembre 2022 à 18h48

Ces dernières semaines, le coût du fret maritime a amorcé une baisse conséquente, estimée entre 50% et 65% en moyenne par rapport à un an auparavant. Les causes avancées par les experts ont trait aux variations de l'offre et de la demande, mais également à la pression du régulateur américain.

  • La baisse est de 50% à 65% au Maroc.
  • Une baisse bien accueillie par les opérateurs marocains.
  • Les prix ne reviendront pas à leurs niveaux d'avant la pandémie en raison des prix du fioul.

Au cours des dernières semaines, les tarifs du fret maritime ont baissé au Maroc comme partout dans le monde, apprend Médias24 de sources professionnelles. La baisse est considérable puisqu’elle atteint jusqu’à 65% en comparaison avec 2021.

L’expert en transport maritime Najib Cherfaoui, joint par Médias24, nous confirme cette baisse. “Le conteneur de 40 pieds effectuant Shangaï-Casablanca, qui était à 25.000 dollars au plus haut de la crise, est tombé à à 9.000 dollars mercredi dernier.”

Le vice-président de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) et président de la commission logistique, Abdelaziz Mantrach, nous précise que les lignes de l’Asie vers le Maroc ont connu une baisse qui se situe en moyenne entre 50% et 65% par rapport à un an auparavant.

Il cite l'exemple des taux de fret à partir du Moyen-Orient qui se situaient “entre 7.000 et 8.000 dollars il y a quelques semaines, alors qu'ils atteignaient 18.000 dollars il y a un an”.

Une nouvelle bien accueillie par les opérateurs marocains, qu’ils soient importateurs ou exportateurs, et qui devrait logiquement limiter l’inflation des produits bruts et manufacturés.

Si le constat est similaire, nos deux experts ne s’accordent pas sur l'origine de cette baisse. Le premier défend l’hypothèse des pressions américaines sur les compagnies maritimes, alors que le deuxième privilégie les changements qu’a connus le marché en termes d’offre et de demande.

La régulation américaine profite au marché mondial du fret maritime

Selon Najib Cherfaoui, en 2022, une réforme du Shipping Act aux Etats-Unis a donné plus de pouvoir à la Commission fédérale maritime (FMC) que Joe Biden avait relancée en 2021, sur fond de soupçons d’entente.

Ce marché est en effet dominé par une dizaine de compagnies maritimes au niveau mondial, elles-mêmes regroupées en trois alliances qui représentent 95% de la capacité totale des navires.

“Dès que Joe Biden a annoncé la mise en place de la Commission fédérale, en 2021, pour faire la chasse à l’abus de position dominante, les grands opérateurs comme Maersk, Hapag-Lloyd, CMA-CGM et Evergreen ont annoncé qu’ils n’allaient plus augmenter leurs tarifs”, explique-t-il .

“Quand la commission a commencé ses travaux, elle s’est attaquée à des cas d'abus de position dominante. Hapag-Lloyd a fait l’objet d’une amende négociée de 2 millions de dollars. A partir de ce moment-là, les compagnies maritimes ont compris qu’elles ne pouvaient plus pratiquer des tarifs injustifiées”, ajoute-t-il.

La FMC enquêtait en recoupant l’output des données des compagnies maritimes et l’input des données des consommateurs. “En ce sens, la Commission fédérale a réussi dans son rôle de régulation.”

Selon Najib Cherfaoui, la congestion portuaire n’était qu’un prétexte pour les compagnies maritimes. Celles-ci sont accusées d'avoir alimenté cette crise, car elle les arrange. Il explique que c’est le client, à savoir le destinataire de la marchandise, qui paie les retards dus au chargement des marchandises. “C’est ce qui est arrivé avec Hapag-Lloyd qui n’a pas pu justifier la raison pour laquelle il n’a pas chargé alors qu’il pouvait le faire.”

L’expert en transport maritime n’est pas d’accord avec l’idée que la baisse des prix découlerait de la baisse de la demande. D’après lui, la demande reste très forte et ne peut pas justifier la baisse des prix.

D'après lui, les prix pourront continuer à baisser à hauteur de la régulation. La FMC poursuit ses travaux et compte s’attaquer à présent aux soupçons d’entente sur les prix. Les résultats de ces enquêtes pourraient encore tirer les prix vers le bas.

En effet, plusieurs pays dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont lancé leurs propres enquêtes à ce sujet. En revanche, l’Union européenne dont quatre des cinq plus grandes compagnies maritimes sont originaires a refusé de s’inscrire dans cette lignée.

La Commission fédérale a des prérogatives d’extraterritorialité ; ce qui signifie que ses enquêtes et travaux peuvent concerner même les cas qui ne sont pas directement liés au marché américain, mais qui impactent indirectement l’économie américaine. C’est ce qui fait que cette régulation a retenti sur le marché mondial du transport de marchandises.

La chute du coût du fret résulte d’une baisse de la demande couplée à une hausse de l’offre

Abdelaziz Mantrach n’est pas du même avis. “La Commission fédérale n’a pas encore remis son rapport définitif ; on ne sait pas encore s’il y a entente ou pas. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème d’entente tarifaire ou de sanctions”, déclare-t-il à Médias24.

En revanche, pour lui, la baisse des taux du fret est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs liés à l’offre et la demande. D’abord, la demande des consommateurs et le volume du transport maritime ont légèrement baissé, à cause de la pression inflationniste sur le pouvoir d’achat des ménages.

En second lieu, il y a une surcapacité des moyens de transport. Les armateurs, qui ont passé commande de nouveaux navires géants de dernière génération, les ont mis sur le marché, engendrant l’ajout de capacités supplémentaires sur les lignes maritimes traditionnelles.

Enfin, le problème de la gestion portuaire, qui n’est pas totalement réglé, s’est beaucoup amélioré. Ce qui fait que les rotations de bateaux se font plus rapidement que l’année dernière.

“Au moment du confinement et de la crise du Covid, les gens ne pouvaient pas sortir, voyager, ils étaient coincés chez eux ; leur consommation s’est donc concentrée sur l’achat par internet, ce qui a provoqué une demande inhabituelle. On a une situation contraire actuellement où l’inflation décourage les personnes à consommer”, souligne le vice-président de l’ASMEX.

De son côté, dans un article en date du 5 septembre dernier, le Wall Street Journal rapportait une chute du prix du conteneur de la Chine vers la côte ouest des Etats-Unis à 5.400 dollars, baissant de près de 60% depuis janvier. Alors que les lignes entre la Chine et l’Europe auraient enregistré une baisse de 42%, pour atteindre 9.000 dollars.

Les arguments avancés par le média économique américain vont dans le sens de l’analyse de Abdelaziz Mantrach. Le journal cite en premier lieu les géants de la distribution aux Etats-Unis, tel Walmart, qui auraient passé leurs commandes plus tôt, en prévision de probables retards. Les distributeurs américains se sont retrouvés ainsi en surstock.

D’autre part, les distributeurs prévoient une baisse de la demande sur fond d’inflation et de récession aux Etats-Unis. Ils expliquent également que de nouveaux navires vont être mis à l’eau dans les deux prochaines années, augmentant la capacité nette de la flotte de 9%. Un rapport du S&P Global Market Intelligence, récemment publié, évoque des arguments similaires.

Toutefois, les prix ne devraient pas revenir aux niveaux d'avant la pandémie, où le transport du conteneur via le Pacifique coûtait en moyenne 1.500 dollars seulement, selon le Wall Street Journal, et ce, en raison de la hausse du prix du fioul.

Notons que les compagnies maritimes ont bénéficié de profits records depuis la crise sanitaire. Le résultat net trimestriel de Maersk est de 8,6 milliards de dollars, surpassant ce que la compagnie réalise habituellement au cours d'une année entière.

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