Selon l’ambassade de France à Rabat, plus de 50.000 Français résident au Maroc, dont 60% de binationaux. D’autres observateurs les estiment à près de 80.000, tous n’étant pas inscrits sur les registres consulaires. En tout état de cause, ces chiffres sont à nuancer doublement:

-d'une part, tous les concernés ne sont pas forcément enregistrés dans les services consulaires;

-d'autre part, tous ne sont pas inscrits sur les listes électorales, ni en âge de voter.

Le 10 avril 2022, les Français du Maroc seront invités à voter au premier tour de l’élection présidentielle. Le second tour aura lieu deux semaines plus tard, le 24 avril.

En 2017, le nombre d’inscrits sur les listes électorales s’élevait à 34.400 environ. Seuls 18.200 d’entre eux s’étaient rendus aux urnes, ce qui équivaut à un taux de participation d’environ 53%, contre 80% en France. Cette année 2022, ils sont 39.000 à être inscrits sur les listes électorales.

Les Français du Maroc plus intéressés par les problématiques qui les touchent directement

Jean-Michel Raynaud, conseiller consulaire joint par Médias24, dit ne pas remarquer un grand enthousiasme pour cette élection au sein de la communauté française établie au Maroc, du moins pour le moment. Un manque d’intérêt encore plus prononcé chez les binationaux et les jeunes, alors qu’il se fait moins ressentir chez les retraités.

D’après lui, ces Français sont plus intéressés lorsque les candidats formulent des propositions sur des thématiques qui les touchent directement, comme la scolarité des enfants, la fiscalité, les services sociaux, etc.

Les candidats, pour qui chaque voix compte, s'intéressent aux Français établis hors de l’Hexagone. "Certains ont proposé la gratuité de la scolarisation des enfants dans les établissements scolaires français au Maroc", affirme Jean-Michel Raynaud.

Avec Zemmour, l’extrême droite peut percer pour la première fois dans le vote au Maroc

Les candidats approchent les électeurs en premier lieu à travers le canal digital, notamment sur leurs boîtes mail. Les partis qui ont des représentations sur place, comme le Parti socialiste (PS), Les Républicains (LR) et La République en marche (LREM), parviennent à être plus actifs sur le terrain en organisant des évènements ou en s’invitant à des réunions.

En 2017, c’est Emmanuel Macron qui s’était placé en première position au premier tour, en raflant 33% des voix des Français du Maroc. Il avait été suivi par Jean-Luc Mélenchon et François Fillon, avec 27% chacun. Quant à Marine Le Pen, qui s’était classée seconde en France, elle n’était arrivée qu’en 5e place (4%) au Maroc, derrière le candidat socialiste Benoît Hamon (6%).

Même si l’extrême droite ne parvient traditionnellement pas à percer auprès des Français du Maroc, Eric Zemmour pourrait récolter une bonne partie des voix recueillies par François Fillon lors de l’élection présidentielle de 2017. Cependant, tout porte à croire que le vote centriste l’emportera et que c’est l’actuel président, Emmanuel Macron, qui reste le principal favori.

Les Français résidents au Maroc et inscrits sur les listes électorales pourront voter, selon les villes, dans les lycées, consulats ou instituts français. A Casablanca, où ils sont 21.500 à être inscrits sur les registres consulaires, dont 17.000 inscrits sur les listes électorales. Dans la capitale économique, le vote se déroulera au lycée Lyautey.

Au total, 48,7 millions de Français sont inscrits aux listes électorales pour l’élection présidentielle de 2022, dont 1,4 million hors de France.