Hausse des matières premières, manque de foncier... L’industrie métallurgique s’interroge sur son avenir

A l’occasion de la première plénière organisée par le nouveau bureau de la FIMME, les acteurs du secteur de l’industrie métallurgique, mécanique et électromécanique ont débattu des principaux défis auxquels ils sont confrontés, notamment la problématique de la flambée des matières premières.

Le nouveau bureau de la FIMME : au centre le président Abdelhamid Souiri, à droite le 1er vice-président Abdesslam Halouani, à gauche la 2ème vice-présidente Chaibia Balbzioui

Hausse des matières premières, manque de foncier... L’industrie métallurgique s’interroge sur son avenir

Le 24 février 2022 à 17h16

Modifié 24 février 2022 à 18h52

A l’occasion de la première plénière organisée par le nouveau bureau de la FIMME, les acteurs du secteur de l’industrie métallurgique, mécanique et électromécanique ont débattu des principaux défis auxquels ils sont confrontés, notamment la problématique de la flambée des matières premières.

La Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), qui a récemment élu à sa tête Abdelhamid Souiri, a organisé mercredi 23 février une plénière pour présenter les axes stratégiques du nouveau bureau et recueillir les doléances des différentes associations et entreprises qui la composent.

Abdelhamid Souiri a estimé que malgré les difficultés qui ont provoqué la perte de 7.000 emplois entre 2014 et 2020, le secteur reste riche en opportunités. D’après lui, le potentiel de substitution aux importations y est énorme. Augmenter le taux d’intégration dans le secteur sera d’ailleurs l’un des principaux défis de la filière lors des prochaines années.

La flambée des prix des matières premières met en difficulté tout le secteur

Les participants ont également débattu sur les thèmes d’actualité pour le secteur, notamment la flambée des prix de la matière première et du transport. Ces hausses impactent négativement un secteur qui était déjà en difficulté avant la crise du Covid-19.

Cette crise a été renforcée par ces hausses continues des coûts des intrants, d’autant que les contrats, notamment ceux conclus avant la crise sanitaire, ne prévoient pas toujours la possibilité de révision des prix.

A cela s’ajoutent l’allongement des délais de livraison et les retards qu’ont pris les projets, notamment durant la période du confinement. De surcroît, avec les problèmes de recouvrement et la difficulté à se financer auprès des banques, la trésorerie de ces entreprises se trouve sous grande pression.

Conséquence de ces différents problèmes : des secteurs qui étaient déjà en difficultés, comme celui de la construction métallique, jouent désormais leur survie. Les cas de Stroc et de Delattre Levivier Maroc, des fleurons de l’industrie marocaine, actuellement en redressement judiciaire, doivent interpeller sur l’état de ce secteur.

Sur ce point, le président de la FIMME, Abdelhamid Souiri, a promis de faire de son mieux pour accompagner ces deux entreprises, notamment auprès des pouvoirs publics, afin de trouver des solutions et de leur éviter de subir le même sort que Buzzichelli qui a mis la clé sous la porte.

Les entreprises de la construction métallique ne sont pas les seules à souffrir ; c’est tout le secteur qui en pâtit, ce dernier étant un grand consommateur de matières premières. Sur un chiffre d’affaires global estimé à près de 70 milliards de dirhams par la FIMME, plus de la moitié part dans l’achat de matières premières importées.

Le secteur de la galvanisation, par exemple, traverse également une crise à cause non seulement de la cherté, mais aussi de la rareté de la matière première, notamment du zinc. Le président de l’Association marocaine de galvanisation (AMGA) a expliqué comment les arrêts de production chez les fabricants de zinc en Europe, en raison de la hausse du prix du gaz, ont causé des retards dans beaucoup de projets. 

Les problèmes financiers que cela engendre ont conduit à l’arrêt des activités de Somagal, l’un des acteurs de ce marché, selon le président de l’AMGA. Ce dernier demande notamment aux clients, en particulier au niveaux des autres branches de la FIMME, plus de compréhension et d’indulgence vis-à-vis de cette situation.

Le secteur confronté à d’autres défis 

Le renchérissement des coûts du transport et de la logistique constitue également une difficulté pour le secteur. Mais compte tenu du fait que le problème est mondial, la proximité du Maroc avec les marchés européens peut également être considérée comme un avantage à exploiter.

Comme les autres industries, le secteur souffre également du manque de foncier industriel. Le président de l’Association des fondeurs du Maroc (AFOM), Abdelmajid Kaddouri, a donné l’exemple de centaines de petites fonderies qui exercent dans un "informel foncier". Le principal frein à leur structuration et à leur mise à niveau est le manque du foncier industriel.

Les intervenants ont aussi appelé à trouver des solutions de financement pour leurs entreprises, d’autant que les banques sont réticentes à octroyer des crédits sans garanties suffisantes. Ils appellent donc à créer un fonds de garantie pour les aider à se financer auprès des banques.

Le sujet de la préférence nationale est également souvent revenu. Certains intervenants ont rappelé que les grandes puissances libérales ont été les premières à faire du protectionnisme et ont exhorté l’Etat à ne ménager aucun effort pour protéger l’industrie nationale, notamment à travers les mesures de préférences nationales. "Le protectionnisme n’est plus le passé, c’est le futur", a lancé l’un des intervenants.

La normalisation peut aussi être une arme au service du protectionnisme. Les industriels marocains qui veulent exporter, notamment en Europe, en font les frais. Comme cet industriel qui est obligé de payer de 40.000 à 50.000 euros par an des laboratoires européens pour obtenir une certification qui lui permettrait d’exporter en Europe. On déplore d’ailleurs l’absence de laboratoires marocains qui puissent délivrer de telles certifications.

Les industriels voient à travers la normalisation marocaine une manière de protéger l’industrie nationale. Dans ce cadre, la FIMME a prévu un guichet unique au Centre d’études et de recherches des industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (CERIMME) pour accompagner les associations qui veulent travailler sur des projets de nouvelles normes. 

L’un des intervenants a toutefois prévenu que le fait de dupliquer des normes européennes ou de créer des normes difficilement applicables par les Marocains, risque d’ouvrir la voie aux produits étrangers et de produire un effet inverse.

La recherche et développement doit aussi devenir un élément de compétitivité marocaine. L’un des intervenants a déploré que les industriels marocains du secteur dépendent encore des brevets et des créations qui proviennent de l’étranger.

Les axes stratégiques de la FIMME

Les attentes des professionnels sont énormes, tout autant que les défis à relever. Pour y répondre, le bureau de la FIMME a défini 8 axes stratégiques sur lesquels il va s’atteler pendant son mandat, qui court jusqu’à 2025 :

- développement des activités des IMME à l’échelle nationale ;

- accompagnement des IMME vers une industrie 4.0 ;

- efficacité énergétique et décarbonation ;

- développement des IMME à l’international ;

- normalisation et réglementation ;

- renforcement des relations institutionnelles ;

- formation et promotion des métiers des IMME ;

- communication et services aux membres.

D’autre part, quatre études stratégiques, qui ont coûté 1 million de dirhams chacune, sont en cours d’élaboration à travers le Groupement interprofessionnel d’aide au conseil (GIAC). Celles-ci fourniront davantage de données et une meilleure vision pour la FIMME afin de concevoir son plan d’action et ses recommandations.

Abdelhamid Souiri a également exprimé le souhait d’apporter des changements aux statuts de la FIMME, qui compte plusieurs branches de métiers, afin de donner plus de pouvoir aux associations qui la composent.

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