7,2% de taux de croissance en 2021, selon une estimation du HCP

Cette fois-ci, il s’agit de l’estimation contenue dans le budget économique exploratoire. Le chiffre officiel et définitif, qui est celui de la comptabilité nationale, sera publié par le Haut Commissariat au Plan vers la fin du premier trimestre 2022.

7,2% de taux de croissance en 2021, selon une estimation du HCP

Le 18 janvier 2022 à 9h49

Modifié 19 janvier 2022 à 14h53

Cette fois-ci, il s’agit de l’estimation contenue dans le budget économique exploratoire. Le chiffre officiel et définitif, qui est celui de la comptabilité nationale, sera publié par le Haut Commissariat au Plan vers la fin du premier trimestre 2022.

Il s'agit de la première estimation du Haut Commissariat au Plan (HCP) pour l'ensemble de l'année 2021. Auparavant, il y avait eu des prévisions contenues dans le budget exploratoire 2021 publié en juillet 2021.

Le chiffre final sera, bien sûr, celui de la comptabilité nationale, arrêté comme toujours un trimestre après la fin de l'année écoulée.

Cette estimation du HCP confirme une fourchette assez large pour la croissance en 2021 : elle se situera certainement entre 6,5% et 7,2%. Selon la comptabilité nationale, le taux de croissance des 9 premiers mois de 2021 (chiffres définitifs) s'est élevé à 7,6%.

Ci-dessous, une synthèse des chiffres en 2020 (chiffres définitifs), 2021 (estimations) et 2022 (prévisions).

Voici la lecture provisoire que fait l'équipe Budget exploratoire (HCP) de l'évolution de l'économie en 2021.

Après sa profonde récession en 2020, l'activité économique nationale devrait fortement rebondir en 2021 avec une croissance du PIB de 7,2% au lieu du repli de 6,3% enregistré en 2020. Hormis l'effet de base, la croissance en 2021 est stimulée principalement par une bonne campagne agricole et l'amélioration de la situation épidémiologique, qui ont entraîné un raffermissement de la demande intérieure et extérieure.

Une dynamique générée par une production agricole importante…

Le secteur primaire aurait enregistré une forte croissance de l’ordre de 17,9% en 2021 contre une baisse de 6,9% enregistrée en 2020, suite aux bonnes performances de la campagne agricole ainsi que celles des activités de l’élevage et de la pêche.

Durant cette année 2021, la bonne répartition spatio-temporelle des précipitations a permis une production céréalière qui aurait atteint un niveau record de 103,2 MQx, en hausse de 221% par rapport à la campagne précédente, ainsi qu’un accroissement des autres cultures hors céréales, notamment celles des agrumes (+29%) et de l’olivier (+14%), sous l’effet positif de la température relativement clémente et des pluies des mois d’avril et de mai.

Parallèlement, l’activité de l’élevage et celle de la pêche maritime se seraient affermies, tirant profit, pour la première, de la disponibilité et de l’amélioration du couvert végétal, et pour la seconde, de la performance de la commercialisation des produits de la pêche côtière et artisanale et de la bonne orientation des exportations nationales de ces produits.

…mais aussi par une demande intérieure et extérieure croissante

Le raffermissement de la demande étrangère et les retombées positives de l’amont agricole avaient pour effet de booster la valeur ajoutée des industries minières et manufacturières, toutefois avec des regains différenciés.

La hausse de la demande étrangère pour les dérivés du phosphate et le maintien de la demande des industries de transformation locales, auraient permis, au secteur minier, de poursuivre son évolution positive en enregistrant une croissance de 1,3% en 2021 contre 5% en 2020. Quant à l’industrie agroalimentaire, elle aurait profité des retombées de l’amont agricole pour se raffermir de 3,2% en 2021. Par ailleurs, la forte demande étrangère de l’Union européenne en vêtements confectionnés aura profité aux activités du textile et cuir, affichant un raffermissement de près de 13,5% en 2021, après avoir enregistré une chute drastique de 10,6% durant la pandémie en 2020.

La reprise du secteur de l’automobile, grâce à la demande extérieure adressée aux composants électroniques et aux fils et câbles électriques, aurait bénéficié aux industries mécaniques, métallurgiques et électriques en affichant une croissance positive de l’ordre de 8,6% en 2021.

L’activité du secteur aéronautique, en revanche, aurait continué à pâtir des difficultés liées aux mesures restrictives à la mobilité au niveau mondial, réduisant ainsi le niveau de sa production. De même, et malgré la demande mondiale robuste en engrais chimiques en provenance du Brésil et de l’Amérique du Nord, ainsi que le resserrement de l’offre sous l’effet du repli des exportations chinoises en engrais, les industries chimiques et para-chimiques auraient enregistré une performance moins importante que celle de 2020, avec un taux de croissance de 1,2% en 2021.

La dynamique engendrée par la reprise de plusieurs activités industrielles aura bénéficié au secteur de l’énergie. Ce dernier aurait enregistré une croissance de 5,8% en 2021, et plus particulièrement le volume de la production de l’énergie électrique.

Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics aurait connu une forte reprise de 10,8% en 2021. Au-delà de l’effet de base relatif à l’arrêt de l’activité pendant le confinement, le secteur aurait bénéficié du dynamisme de la branche du bâtiment, stimulé par les incitations fiscales et par la baisse relative des prix des actifs immobiliers dans un contexte marqué par une hausse des crédits à l’habitat.

L’ouverture progressive des frontières et l’atténuation des restrictions de déplacement, au niveau national, auraient permis un regain de la demande pour les activités tertiaires gravement affectées par la pandémie en 2020. Ceci aurait contribué au léger redressement de 20% de la valeur ajoutée du secteur du tourisme, qui avait connu une baisse drastique de 56% en 2020.

De même, les activités du commerce se seraient accrues de 11,3% en 2021. L’activité du transport aurait ainsi enregistré un affermissement de près de 10,1%, tiré par l’amélioration de l’activité des transports ferroviaire et routier et, dans une moindre mesure, par le transport aérien. Toutefois, le recul du trafic portuaire en raison des difficultés liées aux perturbations des chaînes d’approvisionnement au niveau international aurait contribué négativement à la croissance des activités du transport maritime.

Dans ces conditions et compte tenu de l’évolution de 6,5% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, la croissance économique nationale aurait affiché un rebond de 7,2% en 2021, au lieu d’une récession de 6,3% enregistrée en 2020. Sous l’effet de l’envolée des prix des matières premières au niveau international, conjuguée à une reprise de la demande intérieure, les prix intérieurs auraient entraîné une hausse du niveau général des prix aux alentours de 1,8% au lieu de 0,8% enregistrée en 2020.

Le marché du travail aurait connu une relative amélioration sur l’ensemble de l’année 2021, avec des créations nettes d’emploi qui auraient atteint 184.000 postes et une amélioration du taux d’activité, après avoir entamé une tendance baissière ces dernières années. Cette situation aurait porté le taux de chômage au niveau national à près de 12,2%, au lieu de 11,9% enregistré en 2020.

Net rebond de la demande intérieure suite au regain de confiance

Les avancées en matière des campagnes de vaccination, l’amélioration de la situation sanitaire et le retour graduel d’optimisme qui en résulte, auraient permis un rebond de la demande intérieure qui se serait accrue de 8% en volume, au lieu d’une baisse de 6% en 2020, contribuant à la croissance du PIB de 8,6 points.

En effet, la consommation finale nationale, principale composante de la demande intérieure, aurait progressé de 6,1% en 2021, une croissance équivalente à une contribution de 4,8 points de pourcentage à la croissance du PIB. Cette croissance est tirée principalement par la consommation des ménages, soutenue en 2021 par le raffermissement de leurs revenus, de l’accroissement des prêts à l’habitat et à la consommation, ainsi que par la bonne tenue des revenus nets en provenance du reste du monde, qui auraient cru de 24%. Quant à l’investissement brut, sa croissance, évaluée à 13,3% en 2021, aurait contribué de 3,8 points de pourcentage à la croissance du PIB au lieu d’une contribution négative de 4,5 points en 2020, grâce aux investissements dans la construction (+10,8%) et l’industrie (+9%).

Une position extérieure fragile…

La reprise économique mondiale, alimentée par les avancements des campagnes de vaccination, aurait porté les échanges commerciaux à un niveau similaire à celui d’avant crise. Au niveau national, les signes de reprise des échanges extérieurs se seraient confirmés depuis le début de l’année. Ils auraient concerné tous les secteurs exportateurs, notamment le phosphate et dérivés, l’automobile, l’agriculture et l’alimentaire.

La dynamique des activités productives locales, ainsi que la reprise de la demande intérieure, auraient contribué significativement à la hausse des importations des intrants en demi-produits, des biens d’équipement et des produits finis de consommation. Des importations constituées principalement en voitures et en pièces automobiles, ainsi que les importations de médicaments et de produits pharmaceutiques. De plus, les mesures entreprises pour faciliter le retour des ressortissants marocains et l’entrée des touristes étrangers auraient permis une reprise modérée des échanges de services, notamment ceux du voyage et du transport.

Les retombées positives de l’amont agricole auraient permis une atténuation des besoins en produits alimentaires, notamment en céréales, ce qui aurait contribué à l’allègement de la facture alimentaire importée. Cependant, le renchérissement des cours internationaux des matières premières aurait eu un effet différencié sur les échanges nationaux. D’un côté, ces tendances auraient bénéficié aux exportations nationales des produits phosphatés, dont les cours internationaux auraient atteint un niveau similaire à celui de 2008, mais de l’autre côté, elles auraient contribué à l’augmentation significative de la facture des importations durant cette phase de reprise.

…atténuée par les transferts des MRE

Cette dynamique des échanges extérieurs en biens et services enregistrée en 2021 aurait généré une augmentation plus importante des importations (+11,2%), comparativement à l’accroissement des exportations (+9,5), entraînant ainsi une dégradation du déficit commercial qui aurait atteint 16,2% du PIB et une contribution négative de la demande extérieure nette à la croissance du PIB de 1,4 points de pourcentage, en creusant davantage le déficit du compte courant de la balance des paiements.

En effet, et malgré l’excédent enregistré dans le compte des revenus, le besoin de financement devrait s’accentuer et serait passé de -1,8% du PIB en 2020 à -2,5% en 2021. Cette situation reflète à la fois la fragilité de la situation extérieure commerciale ainsi que l’insuffisance de l’épargne nationale, qui aurait atteint 28,7% du PIB contre un taux d’investissement brut de 31,3% du PIB en 2021. En prenant en considération ces déficits, et grâce aux transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE), la situation des avoirs extérieurs nets aurait maintenu en 2021 leur encours à un niveau satisfaisant, permettant de couvrir 7 mois et 18 jours d’importations.

Des politiques de soutien…

La dynamique observée de l’économie marocaine en 2021 a été accompagnée par une politique budgétaire prudente afin de maîtriser l’évolution de son déficit.

Durant cette année, le budget du gouvernement aurait continué de connaître un déficit élevé de 6,5% du PIB, moins élevé que celui de 2020 (-7,6%). Cet allègement aurait été, en grande partie, dû à la forte hausse des impôts indirects, suite notamment à la progression de la TVA et des droits de douanes qui auraient bénéficié de la reprise de la consommation des ménages et de la hausse des importations.

S’agissant des impôts directs, les recettes tirées des impôts sur les entreprises (IS) auraient accusé un recul en 2021, subi par les effets de la contraction de l’activité en 2020. Cependant, les recettes de l’impôt sur le revenu auraient affiché une amélioration, traduisant notamment la hausse des recettes générées par l’impôt sur les salaires et sur les profits immobiliers.

Cependant, ces améliorations relatives des revenus fiscaux ont été accompagnées par le maintien des dépenses élevées d’investissement (7% du PIB), et par l’augmentation des dépenses ordinaires incompressibles (+8,7%) produites par la hausse des dépenses de fonctionnement et des charges de compensation (+50%) suite à l’appréciation des cours moyens du gaz butane (+67%).

…à coût élevé

Le niveau du besoin de financement enregistré en 2021 aurait contraint le Trésor à contracter davantage d’emprunts. Cependant, les deux sorties aux marchés internationaux effectuées en 2020 auraient réduit la marge pour une levée de fonds supplémentaires et induit la révision à la baisse des tirages extérieurs programmés dans la loi de Finances 2021. Dans ce contexte, l’encours de la dette extérieure du Trésor aurait connu un allègement, pour atteindre près de 17,6% du PIB après 18,3% enregistrés en 2020, mais reste élevé par rapport à la moyenne annuelle de 14,2% enregistrée durant la période 2012-2019.

En contrepartie, le Trésor aurait dû recourir à l’endettement intérieur, profitant des conditions de financement favorables sur le marché des adjudications.

La dette intérieure aurait atteint presque 690 MMDH, représentant ainsi près de 59,3% du PIB et 77% de la dette globale du Trésor. Cette dernière aurait affiché un allègement d’un point du PIB par rapport à 2020, en passant de 76,4% du PIB en 2020 à 75,4% en 2021, mais en forte accentuation de 12 points comparativement à la moyenne de 63,4% enregistrée entre 2012 et 2019.

De son côté, la dette extérieure garantie aurait affiché une évolution modérée en 2021, représentant 14,9% du PIB au lieu de 16,1% en 2020, portant le niveau de la dette extérieure publique à près de 32,5% du PIB au lieu de 34,4% en 2020. Dans ces conditions, le taux d’endettement public global aurait atteint près de 90,3% du PIB, après 92,5% en 2020 et 78,3% en moyenne annuelle durant la période 2012-2019.

Dans ce contexte, la politique monétaire aurait continué à maintenir sa politique accommodante en maintenant inchangé son taux directeur à 1,5% depuis la fin de 2020.

Le marché monétaire, dans ces conditions, aurait été marqué en 2021 par un recul du rythme d’accroissement de la masse monétaire à 6,3%; attribuable essentiellement à la décélération du rythme de croissance des avoirs extérieurs nets, soutenus par la reprise des flux des investissements directs étrangers (IDE), la consolidation des transferts des MRE, ainsi que par l’allocation du Fonds monétaire international (FMI) de DTS (droit de tirage spécial) équivalente à près de 10,9 MMDH.

Le maintien des encours des avoirs extérieurs nets et le repli du rythme d’accroissement de la circulation fiduciaire auraient permis d’atténuer le déficit de liquidité bancaire. De même, les créances sur l’économie et celles sur l’administration centrale auraient poursuivi leur évolution positive, en ralentissement toutefois par rapport à un an auparavant. Les crédits bancaires auraient enregistré une progression de près de 3,1%, suite à l’accélération des crédits de trésorerie aux entreprises et au rebondissement des prêts à l’habitat et des crédits à la consommation. Cependant, les difficultés de solvabilité rencontrées par plusieurs acteurs auraient augmenté la part des créances en souffrance, pour atteindre près de 8% pour les entreprises non financières privées et 10% pour les ménages.

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