Intégration de la langue amazighe : ce que prévoit le gouvernement pour ce chantier en retard

Pour tenir son engagement relatif à la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe, le nouveau gouvernement prévoit de créer, en 2022, un fonds spécial qui devra atteindre le milliard de DH d'ici 2025. Des commissions consultatives (nationale et régionales) seront également constituées pour renforcer la gouvernance de ce fonds destiné à financer un chantier qui, malgré quelques avancées, a pris beaucoup de retard.

Intégration de la langue amazighe : ce que prévoit le gouvernement pour ce chantier en retard

Le 14 octobre 2021 à 17h29

Modifié 14 octobre 2021 à 17h52

Pour tenir son engagement relatif à la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe, le nouveau gouvernement prévoit de créer, en 2022, un fonds spécial qui devra atteindre le milliard de DH d'ici 2025. Des commissions consultatives (nationale et régionales) seront également constituées pour renforcer la gouvernance de ce fonds destiné à financer un chantier qui, malgré quelques avancées, a pris beaucoup de retard.

La mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe fait partie des 10 promesses présentées dans le programme gouvernemental, en faveur duquel a voté la Chambre des représentants ce mercredi 13 octobre.

Il s’agit également d’une des promesses du parti de la colombe, arrivé en tête lors des élections du 8 septembre.

Dans son programme, le gouvernement s’engage à mettre en œuvre le caractère officiel de la langue amazighe, notamment par :

- la création d’un fonds spécial qui puisera ses sources du budget de l’État ; le but étant d’atteindre 1 milliard de dirhams d’ici 2025.

- la constitution de commissions consultatives (nationale et régionales) afin de “renforcer la gouvernance du fonds”.

Ce dernier, qui sera créé en 2022, permettra de financer le chantier de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Un chantier lancé en 2011, à travers l’article 5 de la Constitution, mais qui a pris beaucoup de retard puisqu’il a fallu attendre huit ans pour l’adoption de la loi organique sur l’amazigh.

A noter que cette loi prévoit dans ses articles 31 et 32 que plusieurs de ses dispositions n’entreront en vigueur que dans un délai allant de 5 à 15 ans. Ce qui traduit la volonté d’une intégration progressive de la langue amazighe, à laquelle le nouveau gouvernement compte donner un coup d'accélérateur.

Le gouvernement veut "rattraper le retard"

Dans son programme, le gouvernement rappelle que cette loi organique “détermine les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les mécanismes de son intégration dans divers domaines de la vie”.

Néanmoins, le gouvernement Akhannouch estime que “le chemin est encore long”, car la reconnaissance officielle de la langue amazigh “ne se limite pas aux droits culturels et linguistiques”. Elle doit être “élargie” pour “rattraper le retard” en matière de développement socio-économique.

C’est pourquoi le gouvernement promet la mise en place de cet “outil de financement” qu’est le fonds spécial. Il vise à :

- intégrer l’amazigh dans les domaines de l’enseignement, la législation, l’information et la communication, ainsi que la création culturelle et artistique, sans oublier son utilisation dans les administrations et espaces publics ;

renforcer la “justice culturelle et linguistique” qui accompagnera “l’institutionnalisation de l’amazigh”.

Le gouvernement promet également la création d’une commission consultative nationale et de commissions consultatives régionales, qui seront composées de représentants des divers départements ministériels concernés et seront “ouvertes aux connaisseurs de la culture amazighe”.

Le programme gouvernemental parle de “création” de commissions dont les dénominations sont différentes de celles déjà mises en place, en application de l’article 34 de la loi organique sur l’amazigh.

En effet, une commission interministérielle permanente chargée du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe est déjà en place. Elle a tenu sa première réunion en avril 2021, marquée par la création de quatre commissions thématiques spécialisées, respectivement chargées du suivi des questions juridiques, des affaires administratives et financières et du système d’éducation, ainsi que de la formation et la recherche scientifique.

Durant cette réunion, le plan gouvernemental intégré pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe a également été adopté.

Selon un communiqué du département du chef du gouvernement sortant, Saâd Dine El Otmani, ce plan permet de “définir les programmes prioritaires sur lesquels il faudra travailler, aux niveaux législatif, organisationnel et pratique”.

A noter que dans son programme, le nouveau gouvernement ne fait aucune référence au plan établi et adopté par le gouvernement sortant. Et ne donne aucune indication sur une éventuelle continuité du chemin entrepris par son prédécesseur.

Quelques avancées, mais pas assez 

Depuis 2019, la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe a commencé à se concrétiser, notamment par la place importante accordée à la langue dans le système éducatif marocain visant à ce que, à terme, les bacheliers maîtrisent à la fois la langue arabe et la langue amazighe.

Dans son article 31, la loi-cadre de l’enseignement dispose que “les établissements étrangers installés au Maroc sont tenus d’enseigner la langue arabe et la langue amazighe à tous les enfants marocains qui y poursuivent leurs études”.

Néanmoins, malgré la reconnaissance officielle de la langue et les dispositions légales prévues par la loi 26-16, les réalisations en matière d'intégration de la langue amazighe restent timides et font parfois l'objet de polémiques.

C'était le cas en juin dernier, lorsque la langue amazighe a été écartée du texte encadrant la nouvelle version de la carte nationale d’identité électronique (CNIE). Ce qui a suscité de vives réactions, notamment de la part de parlementaires qui espéraient que la nouvelle CNIE affiche les informations des citoyens marocains en langue amazighe.

Il convient de souligner que la loi organique 26-16, relative à la langue amazighe, prévoit dans son article 21 que la carte nationale d’identité, entre autres documents officiels, soit rédigée en langue amazighe, à côté de la langue arabe.

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