Législatives 2021. “Le nombre de femmes élues, une sonnette d'alarme” (Jawad Ech-chafadi)

Durant la prochaine législature [2021-2026], 96 femmes siègeront au Parlement. Un chiffre record mais insuffisant, sachant que 90 députées ont été élues grâce au dispositif de discrimination positive. Pour Jawad Ech-chafadi, président de l'Observatoire marocain de la participation politique, c'est "une sonnette d'alarme" qui met en exergue l'absence de démocratie interne des partis.

Législatives 2021. “Le nombre de femmes élues, une sonnette d'alarme” (Jawad Ech-chafadi)

Le 23 septembre 2021 à 16h07

Modifié 23 septembre 2021 à 19h20

Durant la prochaine législature [2021-2026], 96 femmes siègeront au Parlement. Un chiffre record mais insuffisant, sachant que 90 députées ont été élues grâce au dispositif de discrimination positive. Pour Jawad Ech-chafadi, président de l'Observatoire marocain de la participation politique, c'est "une sonnette d'alarme" qui met en exergue l'absence de démocratie interne des partis.

A l’issue des législatives 2021, les femmes n'ont obtenu que 96 des 395 sièges de la Chambre des représentants, soit 24,3%.

Ce chiffre est non seulement en dessous du taux espéré (25%) à la suite de l’amendement de la loi organique relative à la Chambre des représentants, mais il masque surtout une vraie problématique : parmi ces 96 députées, à peine 6 ont été élues dans les circonscriptions locales.

En 2016, la représentation féminine au sein du Parlement était de 20,5%, soit 81 femmes dont 21 étaient issues des listes locales.

Pour Jawad Ech-chafadi, président de l'Observatoire marocain de la participation politique, il s’agit d’une “régression”, même si “c’est la première fois que le Maroc arrive à un taux aussi élevé”.

“Le vrai problème réside dans la démocratie interne des partis”

“Le fait de ne pas réussir à atteindre le taux visé de 25% est en soi une faiblesse qui restera gravée dans l’histoire du pays. Néanmoins, la vraie sonnette d’alarme est celle du nombre de femmes élues dans les circonscriptions locales, à l’issue du dernier scrutin ; car sans le dispositif du quota, il n'y aurait eu que 6 femmes au Parlement pour cette législature, contre 21 en 2016”, déplore M. Ech-chafadi.

Pour l’expert, le problème ne réside pas dans les lois ni dans “la philosophie” du quota, en tant qu’outil de discrimination positive ; “le vrai problème réside dans la démocratie interne des partis”.

“Les partis politiques n’ont pas le courage de présenter des femmes dans les listes nationales. Ils n'ont pas confiance en la gent féminine et s'abritent derrière le dispositif du quota pour ne pas présenter de femmes dans les listes locales.”

“En principe, le quota est un élément facilitateur pour une période transitoire. Il a été mis en place pour préparer les citoyens et citoyennes et les habituer à la présence féminine dans nos institutions. De ce fait, il aurait fallu diminuer le taux du quota au fil des années. Or nous sommes passés de 60 à 90 sièges, et l’on constate que la culture et la philosophie de ce dispositif n’ont pas donné leurs fruits”, ajoute-t-il.

“Il faut élever les générations futures sur des bases d’équité et de respect de la parité”

Selon M. Ech-chafadi, le taux de 25% est non seulement atteignable, mais pourrait même être “facilement dépassé”, à condition de sensibiliser les formations politiques ainsi que la société civile et de revoir la loi organisant les partis politiques.

“Le problème de la démocratie interne des partis, c’est que les instances décisionnelles sont majoritairement composées d’hommes. Il ne faut donc pas s’attendre à retrouver une certaine parité dans leurs décisions. Il est nécessaire de retrouver des femmes dans les bureaux politiques des partis. Et pour ce faire, il faut revoir la loi organique relative aux partis politiques”, insiste M. Ech-chafadi.

La deuxième condition pour renforcer la représentation féminine au sein du Parlement est, selon l’expert, la sensibilisation.

“Il aurait fallu, parallèlement à la mise en place du quota, faire un travail de sensibilisation afin d’éliminer les stéréotypes, que ce soit au niveau des partis politiques, en soumettant leurs membres à des formations, ou au niveau de la société civile, en commençant par la révision des livres scolaires afin d'élever les générations futures sur des bases d’équité et de respect de la parité.”

En évoquant la formation des adhérents des partis politiques, M. Ech-chafadi regrette que “une grande partie des femmes ayant participé à des formations données par des institutions internationales n’aient pas été présentées aux élections par leurs partis”.

“Après avoir inscrit des militantes pour bénéficier de formations complètes qui portent non seulement sur l’égalité des genres, mais aussi sur toutes les connaissances de base nécessaires pour intégrer le Parlement ou les collectivités territoriales, les partis politiques ont finalement présenté d’autres personnes aux élections. Ce sont des "candidats-parachutes"; à savoir leurs cousines, épouses, etc.”, déplore-t-il.

Pour Jawad Ech-chafadi, il ne suffit pas seulement d'inciter les adhérents des partis à participer aux sessions de formation, il faut aussi en faire une condition pour les présenter aux élections.

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