Nizar Baraka expose les grandes lignes de la vision de l'Istiqlal

Invité par l’Association pour le progrès des dirigeants APD, Nizar Baraka a présenté, ce mercredi 9 juin, la vision de son parti pour les 5 prochaines années, à la veille des élections. Il la résume en 7 axes principaux.

Nizar Baraka expose les grandes lignes de la vision de l'Istiqlal

Le 9 juin 2021 à 19h02

Modifié 10 juin 2021 à 8h36

Invité par l’Association pour le progrès des dirigeants APD, Nizar Baraka a présenté, ce mercredi 9 juin, la vision de son parti pour les 5 prochaines années, à la veille des élections. Il la résume en 7 axes principaux.

C'est un Nizar Baraka très à l'aise et qui connaît bien les sujets économiques et sociaux, qui était l'invité de l'APD ce mercredi 9 juin 2021. Il a présenté des éléments de diagnostic et de vision tels que, en plein milieu du débat, des intervenants ont exprimé le voeu de le voir réussir à se hisser à la primature. C'est dire.

Selon le secrétaire général du parti de l’Istiqlal, le Maroc a une opportunité historique pour construire une société plus égalitaire. Pour cela, il propose des réformes qui vont de l’économique au social, en passant par la gouvernance. En voici les traits les plus importants :

Les 7 axes de la vision de l’Istiqlal

1. La consolidation de la souveraineté nationale :

  • Sécurité alimentaire : La crise du covid ayant montré les risques encourus.
  • Sécurité sanitaire : Réforme complète du secteur de la santé et de la carte sanitaire au Maroc.
  • Souveraineté énergétique.
  • Sécurité hydrique : “On est passé d’un stress hydrique à une pénurie hydrique”
  • Souveraineté financière : “Le niveau de la dette publique qui est passé à 92% du PIB est alarmant”.
  • Le patriotisme économique : 
    • Généraliser la préférence nationale
    • Plus d’intégration dans les filières industrielles ; 
    • Poursuivre la stratégie d’import-substitution ; 
    • La commande publique comme levier du développement territorial en faisant de la sous-traitance à partir des entreprises de la région.
    • Combattre l’informel : “Avec le chantier de la protection sociale, si on ne réintègre pas l’informel aujourd’hui, il aura des avantages gratuits. Le formel se trouvera à payer pour l’informel
    • Développer des chaînes de valeur intégrées.
    • Encourager les TPE à grandir et élargir le bassin des PME.
    • Développer et encourager le Made in Morocco.

2. Assurer une meilleure efficience de l’Etat :

  • Mieux définir les priorités.
  • Plus d’intégration entre les politiques publiques, au lieu des “politiques en silos”.
  • Les task forces (dont parle le NMD) doivent être au niveau des régions.
  • Le E-gov pour plus de transparence et d’efficacité.
  • Une révision générale du régime incitatif (incitations fiscales, foncières, subventions, etc.) : il doit être mieux orienté.
  • Révision de la loi organique des finances, pour avoir des programmes interministériels plus intégrés.
  • Gouvernance : Poursuivre la logique de dialogue et arrêter avec les politiques top-down.

3. Renforcer la résilience sociétale :

  •  Prévoir les chocs environnementaux, sociétaux, financiers, etc.
  • Capacité à anticiper les crises : de nouveaux modes de management et assurer une meilleure articulation entre les différentes institutions.

4. Relance de l’économie nationale de manière responsable :

  • Adopter une logique de rupture : Créer la richesse mais aussi plus de cohésion sociale et territoriale.
  • Faire de l’emploi le principal objectif de toutes les politiques publiques.
  • Il faut sanctuariser l’entreprise qui crée de l’emploi et qui crée de la valeur.
  • Mise à plat des contrat-programmes (exemple du tourisme, pour intégrer les normes sanitaires et les différentes potentialités du royaume).
  • Passer d’une logique métier à une logique compétence (plus de formation continue)
  • Programme d’appui aux petites entreprises.
  • Diversifier les débouchés à l’export (50% de l’export actuel se fait en direction de la France et de l’Espagne).
  • Plus de visibilité pour les entreprises en ce temps de crise (Exemple des opérateurs touristiques qui sont perdus).
  • Sauver les entreprises endettées et solvables : Un fonds en quasi-capital sur une période de dix ans, avec des conditions.
  • Renouveler les stratégies sectorielles qui sont arrivées à terme cette année, à part l’agriculture qui a été renouvelée et “qui reste dans une logique de continuité et non pas de rupture".

5. Sortir de l’économie de rente et de la politique des privilèges :

  • Un choc de simplification et de transparence : Simplifier et clarifier les lois qui sont complexes, elles sont verrouillées et s’appliquent à la tête du client parce que “Elles partent du principe que les entreprises et les citoyens marocains sont des tricheurs”, “on a une épée de Damoclès sur la tête, on est tous en liberté surveillée ”.
  • Supprimer les barrières à l’entrée dans quelques secteurs : Il y a un problème de poids des autorités de régulation. “On ne peut pas avoir un conseil de la concurrence qui met 5 ans pour voir le jour, et une fois qu’il a vu le jour rien ne sort. Comment voulez-vous créer la confiance quand on sait qu’on n’a plus d’arbitre, qu’on n’a personne qui décide, qu’on est dans une logique de loi de la jungle".  “S’il n’y pas d’autorité réelle qui joue son rôle pleinement, on va rester dans les oligopoles”.
  • Lutter contre les conflits d’intérêt : “Clarifier ce qu’est le conflit d’intérêt et sanctionner quand il y a conflit d’intérêt”.

6. Poursuivre la transformations écologique et numérique:

  • Définir les choix. “On ne peut tout faire”
  • Stratégie hydrique.
  • Développement durable.
  • Déployer l’infrastructure du haut débit. “Nous avons des déserts numériques dans notre pays”. “Dans le domaine de l’éducation, sur les 8 millions d’enfants, seulement 900.000 ont pu suivre les cours à distance”.
  • Programme de digitalisation des territoires.
  • Mettre en place des maisons de services publiques, notamment dans les zones les plus reculées.
  • Promotion du e-learning.
  • Promotion du e-commerce.

7. Consolider la cohésion sociale :

  • Nous ne sommes pas encore prêts pour le chantier de la protection sociale, qui va profiter aux groupes pharmaceutiques étrangers. “On est à 52% de couverture de nos besoins (par l’industrie nationale), là on va tomber à 35%.
  • Élargir et consolider la classe moyenne : Plus de pouvoir d’achat, agir sur les services publics gratuits.
  • Meilleur ciblage des aides publiques : Sortir les gens de la pauvreté.
  • Institutionnaliser le dialogue social.
  • Réviser le code du travail pour intégrer le télétravail et le travail partiel.
  • Faire sortir la loi sur la grève et l’adopter.
  • Mécanismes de médiation sociale, pour réduire les conflits au travail.

Le bilan du gouvernement Abbas El Fassi assumé et revendiqué

Répondant aux questions des journalistes et des entrepreneurs présents à la rencontre, le secrétaire général du parti de la balance a touché des sujets très divers. En voici les points essentiels :

>Nizar Baraka est revenu sur la politique étrangère du Maroc. Au vu de la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté du Royaume sur le Sahara, il pense qu’il faut travailler à la transformer en un point d’inflexion pour une résolution définitive du conflit. En fait, c'est ce que fait la diplomatie marocaine depuis décembre dernier.

Il regrette que la place de la Chine, qui a intégré le Maroc à ses partenaires pour les nouvelles routes de la soie, ne soit pas assez présente dans le rapport du NMD (Nouveau modèle de développement). Il pense qu’il faut éviter de rester dans l'immobilisme, sous prétexte de ne pas froisser les partenaires classiques.

Il est revenu également sur le financement des entreprises publiques. Pour lui, la privatisation des EEP (entreprises et établissements publics)  doit passer par la bourse pour la redynamiser. Il faut pousser aussi le plus d’entreprises privées à l’intégrer.

Sur la question de la langue d’enseignement et l'ambiguïté de l’Istiqlal sur ce sujet, il a précisé qu’il est essentiel de développer le multilinguisme dans l’enseignement, mais qu’il est inacceptable qu’un responsable ne puisse pas parler sa langue officielle. Il a par ailleurs plaidé pour la réforme de l’éducation à travers 3 points : une réforme pédagogique qui donne la primauté à l'esprit critique, une promotion de l’apprentissage de l’anglais pour accéder à la pléthore d’informations et formations disponibles sur internet et enfin, “apprendre à faire” et développer les compétences sociales des élèves.

Sur la question de son expérience gouvernementale, Nizar Baraka a, encore une fois, défendu le bilan du gouvernement Abbas El Fassi, en insistant sur le fait que la classe moyenne n’a jamais autant profité des politiques publiques qu'à cette époque. Il a passé sous silence le fait que cela s’est fait au prix d'un endettement élevé. C'est l'endettement qui a financé les différentes mesures évoquées.

D’autre part, il est revenu à la charge, en dressant un tableau noir du bilan gouvernemental de la dernière décennie. Il a particulièrement critiqué la lenteur des réformes et la division que connaissent les composantes du gouvernement. Il rappelle la récession dans laquelle le pays est plongé, depuis le début de la pandémie et la détérioration des déficits de la balance des paiements et du budget. [En réalité, avec la pandémie, le Maroc a mieux maîtrisé les déficits jumeaux qu'en 2012, au temps où M. Baraka était ministre des Finances].

Pour lui, l'aggravation du chômage qui est monté à 12,5% doit être prise au sérieux, puisque le pays compte actuellement 1,5 million de chômeurs dont l’essentiel sont des personnes qui travaillaient déjà. Quant au taux de pauvreté qui a atteint 6,6% de la population, fait que nous avons 1 million de pauvres supplémentaires. Il regrette également que le taux de croissance soit passé de 5% dans les années 2010 à environ 3,5% dans les années 2020.

Sur la question de la fameuse doctrine qui émane du rapport sur le NMD, “Un Etat fort et une société forte”, il a regretté une “formule mal choisie”. Selon lui, elle crée une dichotomie qui n’a pas lieu d’être entre l’Etat et la société , et laisse croire un retour vers une monarchie exécutive. Il dit préférer “un Etat démocratique fort et une société libre”. Une remarque pertinente.

Sur le plan de l’économie informelle, il recommande d'accélérer le passage au paiement mobile, car cela contribuerait au renforcement de la traçabilité des flux financiers.

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