Le PJD prépare-t-il son virage à l'opposition ?

Un air de précampagne électorale au sein du PJD, qui a présenté son "offre politique" en vue des échéances de 2021. Il loue les "réalisations" et critique "les reculs" des deux derniers mandats de son gouvernement. Une remise en question électoraliste ou les premiers signes d'un virage à l'opposition ?

Le PJD prépare-t-il son virage à l'opposition ?

Le 1 juin 2021 à 11h33

Modifié 2 juin 2021 à 10h26

Un air de précampagne électorale au sein du PJD, qui a présenté son "offre politique" en vue des échéances de 2021. Il loue les "réalisations" et critique "les reculs" des deux derniers mandats de son gouvernement. Une remise en question électoraliste ou les premiers signes d'un virage à l'opposition ?

Isolé au Parlement et chahuté par ses désaccords internes, le PJD déploie ses cartes à l’approche des élections 2021. Le parti a dévoilé, vendredi 28 mai depuis son siège à Rabat, les grandes lignes de "son offre politique" en vue des futures échéances.

Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un programme. Mais de « principes généraux », censés « encadrer politiquement » le comportement du PJD dans ce contexte pré-électoral, tente d’expliquer Mohamed Yatim. Avec Slimane El Omrani, Driss El Azami Idrissi  et Abdessamd El Idrissi, c’est l’un des ténors présents ce vendredi devant la presse.

« L’offre » contient deux volets : l’un « politique », l’autre abordant des dossiers de « droits humains ». Une feuille où l’on alterne vaguement constats-critiques sur les mandats des deux derniers gouvernements - présidés par le parti lui-même -  et recommandations en rapport avec le prochain exercice.  Pêle-mêle, on y loue certaines « réalisations », tout en pointant les « reculs ».

La partie la plus lisible prône la « réconciliation » par la recherche « d’une formule visant la libération du reste des personnes détenues à l’issues d’événements contestataires ». Allusion, notamment, à ceux d’Al Hoceima. La même demande couvre les affaires de « tous les journalistes » en détention.

Sans le désigner, le cas Abdelali Hamidine est également évoqué. Ce membre influent du PJD est rejugé pour homicide volontaire plus de 20 ans après sa condamnation dans le même dossier, la première fois pour un motif moins grave. Il s’agit « d’arrêter les poursuites basées sur des dénonciations calomnieuses, à connotation politique et dans des affaires déjà jugées », lance Abdessamd Idriss, avocat attitré du « parti de la lampe ».

« Nous louons les avancées du pays, mais il y a également des régressions. Le quotient électoral, par exemple, ou sur le plan des droits de l’Homme », se défend Driss El Azami El Idrissi, interpellé sur « le double langage » de sa formation, dont la posture est désormais perçue comme à mi chemin entre celle d’un parti de la majorité et d’une formation de l’opposition. A quelques mois des élections, le PJD balise-t-il le terrain aux deux possibilités ?

« Ce parti a des obligations au gouvernement, dans les collectivités territoriales et autres institutions. Cela ne signifie pas qu’il se taira en cas de reculs ou de problématiques », ajoute le président du conseil national.

Le parti est depuis trois ans secoué par des désaccords internes. Ces dissensions se sont le plus souvent manifestées lors d’événements législatifs décisifs. Le premier épisode remonte à 2019, à l’occasion du vote, au Parlement, de la loi-cadre sur la réforme du système éducatif.  Sur la question précise des langues d’enseignement, les bases du PJD ont exprimé une position défavorable à un texte qui, pourtant, émane du gouvernement présidé par leur secrétaire-général.

Le cas le plus récent est celui du projet de loi sur l’usage légal du cannabis. Au sein du PJD, l'examen de ce texte a été précédé par une vague d’annonces de démission et de gel d’adhésion. La plus retentissante est celle d’Abdelilah Benkirane, figure emblématique de la formation islamiste. Un marasme qui a conduit les parlementaires du parti à voter contre le texte, malgré tout validé par la chambre des représentants.

« Le projet de loi sur le cannabis a été présenté par le Chef du gouvernement. Oui, mais il y a aussi le Parlement qui n’est pas une simple chambre d’enregistrement », explique M. El Azami, qui avait lui-même annoncé sa démission - refusée par les instances du parti - de la présidence du Conseil national du PJD. Faisant l’analogie avec la France, il rappelle que « 52 députés de la République en marche ont voté contre le Président de la République ».

Des échéances législatives ont fait émerger des frictions d’autres natures, cette fois-ci avec les autres formations de la majorité gouvernementale. Sur certaines lois électorales ou encore le texte relatif au cannabis, le PJD a été le seul à exprimer un vote défavorable. Isolé et lâché par ses alliés l’USFP, le PPS, le RNI ou encore l’UC et le MP, le parti de la lampe semble, de facto, virer vers l'opposition.

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