Covid-19 : Une levée progressive des mesures restrictives est envisageable (Experts)

Alors qu'avant Ramadan, ils préconisaient un maintien des mesures sanitaires pendant le mois sacré, plusieurs experts sondés par Médias24 estiment qu'il est désormais possible d'envisager un assouplissement de ces mesures après Aid Al Fitr. Voici leurs arguments.

(MAP)

Covid-19 : Une levée progressive des mesures restrictives est envisageable (Experts)

Le 12 mai 2021 à 19h14

Modifié 13 mai 2021 à 7h51

Alors qu'avant Ramadan, ils préconisaient un maintien des mesures sanitaires pendant le mois sacré, plusieurs experts sondés par Médias24 estiment qu'il est désormais possible d'envisager un assouplissement de ces mesures après Aid Al Fitr. Voici leurs arguments.

Trois experts sont unanimes sur la possibilité d'une levée progressive des restrictions sanitaires après Aid Al Fitr.

Pr. Jaafar Heikel, épidémiologiste et infectiologue ; Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé; et Dr Jamal Eddine Kohen président de la FNAR (Fédération Nationale d’anesthésie réanimation) et de la SMAR (Société marocaine d’anesthésie, d’analgésie et de réanimation), exposent les raisons pour lesquels ils estiment qu'un allégement des restrictions en vigueur depuis plusieurs mois est aujourd'hui possible.

Leurs avis se basent sur les données épidémiologiques disponibles et leur expérience sur le terrain.

Les paramètres de gravité et de surveillance sont rassurants

Selon Pr Heikel, les paramètres épidémiologiques se distinguent en deux catégories. Il y a d'abord les paramètres de gravité notamment :

  • la létalité (nombre de décès par rapport aux cas covid).
  • le nombre de cas graves sous supervision médicale.
  • le nombre de malades intubés et ventilés.

"La létalité reste stable autour de 1,75%. Elle n'a jamais dépassé les 1,8%", avance Pr Heikel.

"Nous avons également, de façon régulière, une chute du nombre de personnes sous supervision médicale. Je ne parle pas, ici, des personnes suivies à domicile. Moins de 4.000 personnes nécessitent une hospitalisation. Je vous rappelle que fin novembre, nous étions à presque 50.000 marocains sous supervision médicale", poursuit-il.

"Le nombre de cas graves nécessitant les soins intensifs ou la réanimation a chuté de manière importante. Ces cas représentent à peine 7% des cas actuellement. Le taux d'occupation des lits de  réanimation Covid qui avait dépassé 70%, est aujourd'hui à moins de 10%", ajoute l'épidémiologiste

"Tous ces indicateurs montrent que ce qui est potentiellement grave dans cette maladie est maîtrisé", avance-t-il.

Le deuxième paquet d'indicateurs, concerne les indicateurs de surveillance épidémiologique :

- Le nombre de nouveaux cas a chuté.

- Le taux de positivité des tests a chuté aux alentours de 5% contre un taux de 25% au moment du pic épidémiologique. Sur 100 tests réalisés, 5 au maximum sont positifs.

- Le R0 le taux de reproduction de base est inférieur à 1.

"Tous ces indicateurs épidémiologiques indiquent que la situation semble être maîtrisée, d'autant que nous avons réussi à vacciner près de 20% de la population cible. Je rappelle que la population cible est de 25 millions de personnes et non pas 35 millions. Sur les 25 millions, près de 6 millions ont reçu la première dose, et plus de 4,4 millions ont eu les deux doses. Si vous alignez l'ensemble de ces données, cela nous donne en toute objectivité une situation épidémiologique qui doit faire réfléchir les autorités publiques pour prendre les mesures adéquates", conclut Pr Jaarfar Heikel.

L'incidence réelle est plus importante que les chiffres

Dr Kohen a, pour sa part, insisté sur les remontées d'information du terrain. "La situation est calme dans l'ensemble des réanimations du Maroc ", explique le président de la FNAR.

"A mon sens, les chiffres quotidiens de contamination ne reflètent pas la réalité de la situation. L'incidence réelle est plus importante que les chiffres officiels. Entre le quart et le cinquième de la population est déjà immunisée ", avance Dr Kohen qui en veut pour preuve les constats quotidiens dans les rues marocaines.

"On remarque tous qu'il n'y a pas un strict respect des mesures barrières de la part de la population. Le port des masques n'est pas vraiment respecté. Les gens sont collés les uns aux autres au niveau des transports en commun,... Malgré cette liberté de mouvement dans la journée et cet irrespect relatif des mesures barrières, la situation épidémiologique semble être maîtrisée", avance-t-il.

Cet état de fait combiné à l'effort de vaccination qui touche actuellement les personnes de plus de 50 ans, font dire à Dr Kohen qu'il est temps de relativiser les mesures appliquées.

Voici les mesures préconisées

"Il faut maintenir les mesures à l'échelle collective qui évitent les grands brassages de population comme lors de Aid Al Adha", avance-t-il en préconisant un retour progressive vers une vie normale, permettant une reprise des activités économiques.

Pr Heikel préconise, de son côté, "une levée de façon progressive du couvre-feu nocturne. Revenir à une vie sociale et économique plus ouverte et plus acceptable pour les populations. Une ouverture progressive des cafés et des restaurants, des lieux de loisirs, de certains commerces. Je pense que permettre aux cafés, restaurants d'ouvrir jusqu'à 23h et les commerces jusqu'à 22h serait raisonnable dans un premier temps".

"Il faut que cette réflexion se fasse sur le plan régional, nous ne sommes pas obligés d'appliquer la même politique à tout le monde de la même manière", précise-t-il.

"Evidemment, cette levée ne se fera pas de façon totale et définitive, mais alléger les mesures aujourd'hui quitte à revenir à des mesures plus restrictives si la situation épidémiologique part dans le sens de la dégradation", avance Pr Heikel, qui insiste surtout sur le fait que "la levée des mesures de restriction, ne veut aucunement dire la levée des mesures barrières qui, elles, doivent être maintenues tant que nous n'avons pas atteint l'immunité collective".

Progressivité et vigilance sont des facteurs clés

Pour Dr Hamdi, en effet, les indicateurs épidémiologiques sont en faveur d'un assouplissement contrôlé des mesures sanitaires. "C’est désormais possible, dans une vision et des mesures garantes d’une amélioration de la situation épidémique et évitant sa dégradation", avance-t-il dans une tribune publiée sur Médias24.

"L’allègement des mesures pourrait débuter après Aïd Al Fitr et s’opérer dans la progressivité, en termes d’activités et d’horaires, par exemple, rouvrir les cafés et les restaurants jusqu’à 21 heures (GMT +1), puis plus tard", préconise-t-il.

"Le respect total par toute la population et des établissements des mesures préventives individuelles et collectives, et un fort retour des autorités locales, de sécurité et de la société civile dans l’espace public pour sensibiliser et faire respecter ces mesures", ajoute Dr Hamdi qui insiste sur "la surveillance épidémiologique et vigilance génomique de très près et l'adaptation des procédures à la situation épidémiologique aux réalités régionales et locales".

Cela dit, Dr Hamdi attire l'attention sur des facteurs de vigilance à ne pas négliger.

"Le plus grand risque vient du comportement d’une partie non négligeable de la population, qui agit comme si l’épidémie a été vaincue, sans aucune observance des conditions minimales de prévention. Un tel comportement représente un grave facteur de risque qui a conduit d’autres pays à des drames", avance-t-il.

"D’autres facteurs tendent à limiter notre flexibilité: la présence du variant britannique et sa propagation, qui est plus rapide, et la présence, même cernée, de deux cas, du variant indien".

Si les experts sont unanimes sur les possibilités d'allègement des mesures, la décision finale revient au gouvernement. Ce dernier a donné quelques signaux allant dans le sens de l'allègement.

Une source sûre a informé Médias24, il y a quelques jours de l'intention du gouvernement de prolonger l’ouverture des cafés et restaurants ainsi que de leurs prestations jusqu’à 23 heures, après le mois de Ramadan et indiqué que d’autres assouplissements sont également envisagés.

Des décisions sont donc attendues dans ce sens. Pour ce qui est du jour de Aïd Al Fitr, le gouvernement a préféré la prudence en interdisant la prière du Aid dans les Moussalas et les mosquées et en maintenant le couvre-feu et les restrictions des déplacements entre villes pendant Aïd Al Fitr.

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