Les cavités souterraines de Béni Mellal, un danger imminent qui menace les bâtisses de l'ancienne médina

L’effondrement le 4 mars dernier d’une maison dans l’ancienne médina de Béni Mellal et la mort d’une femme dans ce tragique incident ont propulsé au devant de la scène la problématique des bâtiments menaçant ruine.

(Archives MAP)

Les cavités souterraines de Béni Mellal, un danger imminent qui menace les bâtisses de l'ancienne médina

Le 15 avril 2021 à 12h20

Modifié 15 avril 2021 à 12h20

L’effondrement le 4 mars dernier d’une maison dans l’ancienne médina de Béni Mellal et la mort d’une femme dans ce tragique incident ont propulsé au devant de la scène la problématique des bâtiments menaçant ruine.

Cet incident fait craindre en fait de nouveaux effondrements car l’ancienne médina de Béni Mellal compte quelque 230 constructions menaçant ruine situées dans des zones instables et à très haut risque, ce qui confirme la fragilité urbaine de la médina en raison de la présence d’un réseau de cavités souterraines.

L'ancienne médina de Béni Mellal a été bâtie au-dessus d'un immense réseau de cavités souterraines.

Ces cavités sont très proches de la surface et présentent des formes et des tailles variées. La plupart des cavités décelées sont situées au-dessous des constructions et débordent parfois sous les voiries ou les espaces publics.

Ces cavités ont été délibérément creusées par les anciens habitants de la médina de Béni Mellal pour répondre à un certain nombre de besoins. Jadis, elles constituaient des sources de matériaux de construction, des refuges contre les ennemies et les intempéries, des espaces de stockage de produits et de matériaux spécifiques en plus d’être des lieux d’activités artisanales. Ce qui fait qu'aujourd’hui l’ancienne médina de Béni-Mellal repose sur un réseau dense de cavités mal répertoriées. Elles constituent un danger permanent pour la population puisqu’elles sont dans la plupart des cas à l’origine des effondrements de constructions.

Selon les indications connues, aucun secteur de la médina n’est épargné, puisque plusieurs cavités "communiqueraient" entre elles, sous forme de réseau de galeries émaillées et ramifiées. Les limites de ces grottes sont, dans la plupart des cas, indéfinies et ne respectent pas le plan parcellaire du terrain en surface du sol. Ainsi, une cavité "exploitée" par le propriétaire d’un logement déterminé, occuperait même le plus souvent, des sous-sols, relevant de propriétés voisines.

230 habitations à risque élevé

Face à la gravité de la situation, l'opération de traitement des édifices menaçant ruine de la médina et de relogement de leurs occupants est menée en partenariat entre le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, la Wilaya de la région de Béni Mellal-Khénifra, la commune de Béni Mellal et le groupe Al Omrane. Une enveloppe budgétaire de près de 35,615 millions de DH a été consacrée à cet effet.

Un financement additionnel de 2,1 millions de DH a été dédié dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) au raccordement des maisons de la médina au réseau d’assainissement qui aggrave le phénomène des effondrements en raison des déversements des déchets solides et liquides dans les cavités souterraines.

Les d’études techniques et géophysiques réalisées par des spécialistes en la matière ont permis d’identifier 240 constructions représentant un risque très élevé d’effondrement en raison de la proximité des cavités de la surface, ce qui impacte leur stabilité. D’après ces études, 230 habitations représentent un risque élevé et 196 édifices représentant un risque moyen. Les constructions restantes, sachant que la médina compte 2.791 habitations, ne sont pas exclues du danger même si certaines d’entre elles sont classées sans risque.

Le directeur régional de l’Aménagement du territoire national, de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville à la région Béni Mellal-Khénifra, Abderrahim Loughmari, a indiqué dans une interview à la MAP que la maison qui s’est malheureusement effondrée le 4 mars dernier à la médina ne figure pas parmi les édifices à risque et paraissait stable et solide des différents examens visuels effectués.

M. Loughmari a fait savoir que le ministère et ses partenaires au niveau local, en particulier la commune urbaine de Béni Mellal, ont consacré 31 millions de DH en vue de traiter la situation de près de 800 familles.

Le ministère a pris en charge le relogement de près de 298 familles au lotissement An-nour dans la banlieue de la ville, alors que la commune urbaine de Béni Mellal accompagne environ 300 familles à reconstruire au sein même de la médina et offre aussi une assistance technique pour restaurer les façades de certains édifices qui présentent des fissures.

Il a également relevé à ce propos que quelque 257 édifices ont été démolis jusqu’à présent, eu égard au danger qu’ils représentent pour les passants et la sécurité publique. Aussi, quelque 228 familles ont été relogées et 153 lots de terrains ont été remis à titre gracieux aux bénéficiaires assortis d’une subvention de 20.000 DH.

Précarité sociale

Le directeur régional de l’Aménagement du territoire national, de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville à la région Béni Mellal-Khénifra a toutefois reconnu que ce programme fait face à de nombreuses contraintes car une grande majorité des habitants qui sont des locataires, sachant que les propriétaires ont quitté la médina pour s’installer ailleurs, n’adhèrent pas à cette dynamique.

Ce désintérêt, a-t-il dit, s’explique par deux facteurs, d’abord l’attachement affectif à la médina où ils travaillent et ensuite l’éloignement des quartiers de relogement, le lotissement An-nour en l’occurrence.

M. Loughmari a également pointé du doigt la précarité sociale de la médina de Béni Mellal qui se caractérise par la faiblesse de son tissu économique, le manque d’emplois, l’absence de l’activité de l’artisanat, notant que la médina compte des dizaines de maisons non encore raccordées au réseau d’eau potable qui est dans un piteux état, de même que celui des eaux usées.

(Avec MAP)

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