Chirurgie plastique : patients et praticiens affectés par la crise

La demande a repris depuis le déconfinement, mais la situation ne s'est pas rétablie entièrement. Certains plasticiens refusent de s’engager dans des opérations lourdes et longues, tandis que les patients négocient des arrangements pour régler leurs opérations.

Chirurgie plastique : patients et praticiens affectés par la crise

Le 16 février 2021 à 15h35

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

La demande a repris depuis le déconfinement, mais la situation ne s'est pas rétablie entièrement. Certains plasticiens refusent de s’engager dans des opérations lourdes et longues, tandis que les patients négocient des arrangements pour régler leurs opérations.

La chirurgie plastique et réparatrice n’est pas épargnée par la crise sanitaire et économique. Les chirurgiens n’ont certes pas établi de statistiques pour évaluer l’évolution de la demande depuis le déconfinement, en juin dernier, mais Wafaâ Mradmi, chirurgienne esthétique et présidente de la Société marocaine des chirurgiens esthétiques et plasticiens (SOMCEP), l’affirme : nombre de ses confères ont été, et sont toujours, durement impactés par cette double crise.

"A la sortie du confinement, le Conseil national de l’Ordre des médecins a sollicité la SOMCEP pour demander à ses membres d’établir impérativement les conditions médicales nécessaires à la prise en charge des patients, l’objectif étant avant tout de préserver leur santé. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’opérons aucun patient si nous n’avons pas, et un test PCR, et un scanner thoracique. Les deux. Un test PCR à lui seul n’est pas suffisant : certains sont des faux négatifs et induisent en erreur", explique Wafaâ Mradmi, contactée par Médias24. "Opérer un patient atteint du Covid mais qui l’ignore, c’est prendre le risque de déprimer considérablement son immunité. Une contamination au Covid qui aurait pu rester bénigne ou passer inaperçue peut prendre des formes graves et devenir très dangereuse pour le patient. Théoriquement, tout chirurgien qui n’a pas de scanner thoracique de son patient doit refuser de l’opérer", ajoute-t-elle.

Les demandes ont repris, mais sous conditions financières

Près d’un an après l’apparition de la crise sanitaire, certains de ses confrères se refusent toujours à pratiquer des opérations lourdes et longues, notamment "des liposuccions associées à une augmentation du volume des fesses, ou des abdominoplasties chez des patients qui souffrent d’importants excès pondéraux". Ils craignent en effet que le patient ne suive pas les recommandations post-opératoires et, dans le cas où il serait atteint d’un Covid non détecté, développe une forme sévère en raison de l’affaiblissement de son système immunitaire dû à l’opération.

"On exige d’eux qu’ils prennent toutes les précautions pendant les 15 jours qui suivent l’opération, le temps de retrouver une immunité suffisamment stable. C’est un contrat moral que l’on passe avec eux. Or en pratique, une fois que les patients sortent de la clinique, on ne contrôle plus ce qu’ils font, où ils vont, qui ils voient… Certains plasticiens ont tellement peur que leur patient soit atteint du Covid sans le savoir qu’ils préfèrent éviter toute chirurgie trop longue. Ils limitent leurs activités à quelques petites interventions d’anesthésie locale qui ne durent pas plus d’une heure", explique encore Wafaâ Mradmi.

Les patients, eux, se heurtent à la crise économique. Si les demandes sont grossièrement revenues à la normale, selon la présidente de la SOMCEP, des patients en proie à des difficultés financières demandent à différer les paiements ou à ne pas encaisser les chèques pour l’instant "ce que nous faisons", assure la chirurgienne. Beaucoup travaillent dans l’hôtellerie et la restauration, des secteurs laminés par la crise. "Certaines patientes n’ont plus aucun salaire et ont dû annuler des rendez-vous. J’ai des chèques sur mon bureau depuis cinq mois que je n’encaisse pas."

L’été 2020 a toutefois été une période explosive en termes de demandes, observe Wafaâ Mradmi : "Les gens ayant été confinés chez eux pendant trois mois, ils ont pris du poids et, à force de tourner en rond, n’ont pas arrêté de se regarder dans le miroir. Au moment du déconfinement, nous avons vu venir beaucoup de femmes complètement accablées en nous disant qu’elles avaient besoin d’injections. En fait, c’était leur moral qui était au plus bas, pas leur visage ! Le visage ne change pas en l’espace de trois ou quatre mois. Ce n’était pas une dépréciation physique, mais psychologique. Quand on fait son travail avec déontologie, on les convainc que leur visage n’a pas besoin d’injections."

L’impact de la crise sanitaire n’est pas négligeable non plus du côté des patients : "Lorsqu’ils entendent parler de troisième vague ou de hausse des contaminations, certains patients sont effrayés à l’idée de se rendre dans une clinique. Ils se terrent et annulent des opérations de chirurgie esthétique." Même encore aujourd’hui, alors que la situation sanitaire s’améliore au Maroc ? "Même encore aujourd’hui ! Depuis près d’un an, certains de mes confrères ont remarqué une nette baisse de leurs activités et, pour le dire poliment, ne se portent pas bien financièrement depuis l’apparition de cette crise. Certains sont fortement impactés, à la fois par la crise sanitaire et la crise économique."

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