Médecine : Polémique autour du concours de résidanat à la faculté de Marrakech

Les docteurs en médecine ayant passé le concours de résidanat à la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech dénoncent une mascarade, de nombreuses personnes n’ayant pas été admises, alors que les postes ouverts étaient nettement supérieurs au nombre de candidats. Explications.

Médecine : Polémique autour du concours de résidanat à la faculté de Marrakech

Le 27 janvier 2021 à 19h10

Modifié 10 avril 2021 à 23h16

Les docteurs en médecine ayant passé le concours de résidanat à la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech dénoncent une mascarade, de nombreuses personnes n’ayant pas été admises, alors que les postes ouverts étaient nettement supérieurs au nombre de candidats. Explications.

Le concours pour le recrutement de résidents, session du 14 janvier 2021, a eu lieu les jeudi 14 et vendredi 15 janvier au niveau national. Ce concours est très important pour les docteurs en médecine, ayant effectué 7 ans d'études et soutenu leur thèse (contrairement à ceux qui ont effectué deux ans d'internat après 5 ans d'étude, qui peuvent intégrer le résidanat sur titre). Il leur confère la possibilité de préparer leur diplôme de spécialité. D’où l’inquiétude exprimée par certains candidats de la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech (FMPM) qui ne l'ont pas réussi, d’autant plus que ce concours se déroule une fois par an.

131 candidats civils retenus, sur 249 postes ouverts

Le nombre de postes ouverts pour ce concours est arrêté conjointement par l’autorité chargée de l’enseignement supérieur et le ministère de la Santé publique, ainsi que l’autorité de l’administration de la Défense nationale, pour les postes en médecine militaire. Il est fixé selon les besoins du ministère de la Santé et la capacité d’accueil des services formateurs.

A Marrakech, 249 postes ont été ouverts cette année aux candidats civils, dont 173 avec contrat, 68 sans contrat et 8 au CHU. 8 autres postes ont été ouverts aux candidats militaires. Par spécialités, il s’agit de 154 postes ouverts en médecine aux candidats civils, 74 en chirurgie, et 21 en biologie.

Un document, consulté par Médias24, montre que 290 personnes se sont inscrites à ce concours. Contacté, l'un d'eux nous assure que de nombreuses personnes ne se sont pas présentées, et d'autres, retardataires, ont été éliminées le 2e jour. Ainsi, le nombre de candidats était inférieur au nombre de postes budgétaires. L'information nous a également été confirmée par l'administration de la Faculté. 

A l'issue du concours, 131 candidats civils ont été retenus, dont 78 en médecine, 39 en chirurgie et 14 en biologie. Pour la médecine militaire, seuls 4 candidats ont réussi.

Pour rappel, trois types de postes existent: 

- des postes bénévoles, où le résident n’est pas amené à s’engager avec les services publics. Au cours de sa formation, il touche 3.500 DH par mois. Lorsqu'il obtient son diplôme de spécialité, il peut exercer dans le secteur libéral.

- des postes contractuels, où le résident est amené à signer un contrat d’engagement de huit ans avec les services publics;

- et les contrats aux CHU, où le résident, après formation, s'engage également à rester huit ans au CHU. 

Le salaire des résidents contractuels ou sous contrat CHU, durant leur formation, varie entre 8.000 DH et 8.500 DH, selon les zones. Le salaire est un peu plus élevé dans les zones difficiles par exemple. Lorsqu'ils obtiennent leur diplôme de spécialité, ils sont payés entre 12.000 DH et 12.500 DH. 

Par ailleurs, avant de passer le concours, le candidat doit d’abord choisir le type de spécialité pour laquelle il opte (médecine, chirurgie ou biologie).

Incompréhension de la part des étudiants

Les candidats n’ayant pas été admis se disent étonnés, non seulement parce qu'ils estiment avoir correctement répondu aux questions, mais aussi, car près de la moitié des postes alloués à la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech n’a pas été pourvue, ce qui pourrait porter préjudice à la situation sanitaire de la région.

"Le pays, particulièrement dans le contexte actuel de pandémie, a plus que jamais besoin de médecins. On s'attendait à ce que tout le monde réussisse", nous confie l’un d'eux, qui souligne que "ce phénomène a également été observé dans d'autres facultés de médecines au Royaume, notamment celles de Fès, de Casablanca et de Tanger". 

"S’agit-il d’une politique pour priver les médecins généralistes de se spécialiser ? Ou d’un plan pour favoriser les lauréats du privé ?", s’interroge un autre candidat. "Nous aimerions bien comprendre".

Dans un courrier adressé au Doyen de la FMPM, dont Médias 24 détient copie, ces candidats le sollicitent pour "intervenir rapidement afin de recorriger nos feuilles. En tant que médecins, quel est notre sort après de nombreuses années de formation et d’études, alors que plus de la moitié des postes alloués à la Faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech restent vacants".

"Ces résultats catastrophiques auront un impact négatif sur l’état sanitaire de la région et du Royaume, surtout dans cette conjoncture particulière. Sans parler de leur impact psychosocial sur les médecins victimes de cet abus".

L’administration explique

Pour comprendre ce qu’il en est, Médias24 a contacté l’administration de la Faculté, qui nous a expliqué ce qui suit: "premièrement, il n’y a aucune stratégie pour privilégier qui que ce soit. A l’heure actuelle, nous n'avons pas encore de candidats du privé. Par ailleurs, cette année nous n’avons pas eu suffisamment de candidats qui se sont présentés, ce qui nous pose un souci".

"Pour ce qui est du concours, en tant qu’administration, on ne fait qu’aider à l’organisation administrative. C’est le jury qui est chargé de la gestion pédagogique, selon les textes qui régissent le concours de résidanat".

"Ce jury est proposé par l’administration de la Faculté au ministre de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur, qui le valide. Il est composé de 12 enseignants, professeurs en médecine. Il ne s’agit donc pas de 2 ou 3 personnes mais de 12 personnes. En plus, la correction se fait de manière anonyme. Ensuite, la délibération se fait en présence des 12 membres, au cours de laquelle ils établissent la liste des admis et celle des ajournés".

En effet, le jury du concours de résidanat est composé, dans chaque faculté, de trois membres titulaires et un membre suppléant pour chaque matière (anatomie, biologie, pathologie médicale et pathologie chirurgicale), soit au total 12 membres titulaires et 4 membres suppléants. Les membres suppléants ne sont retenus qu’en cas d’absence de membres titulaires.

A l’issue des épreuves dites d’admissibilité (1ère étape du concours), les copies anonymes sont remises au jury, réuni au complet, qui organise la correction. Celui-ci décide ensuite de la date de la proclamation de l’admissibilité, lors de laquelle l’anonymat des épreuves est levé.

Une fois l'épreuve d’admission prend fin (admissibilité définitive), le jury dresse, par ordre de mérite, les listes définitives des admis et les listes d'attente, dans les différentes spécialités (médicale, chirurgicale et biologique).

Ainsi, "en tant qu’administration, on n’intervient pas. Le jury est souverain et c’est lui qui décide des personnes qui méritent de passer ou pas. Notre rôle se limite à lui faciliter les tâches administratives".

"Et pour montrer qu’on est sensible à la question, nous avons proposé de transmettre toutes les demandes de vérification aux membres de ce jury pour les étudier et plus encore, on va également proposer à ceux-ci de fixer une date pour se réunir avec tous les médecins qui contestent leurs notes et qui pensent qu'ils ont bien répondu afin de voir où se pose exactement le problème", conclut notre interlocuteur. 

Notons que la durée du résidanat est fixée à 3 ans pour les spécialités de médecine du travail; 4 ans pour les spécialités médicales, pharmaceutiques, biologiques ou odontologiques et 5 ans pour les spécialités chirurgicales et la médecine interne. À la fin de leur parcours, ces médecins sont appelés à passer un examen de fin de spécialité, qui donne accès au diplôme de spécialité.

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