Tout a commencé il y a quelques années, lorsque les deux agences étaient concurrentes pour un marché à Casablanca, remporté par Surfaces. Depuis, elles se sont rapprochées et collaborent ensemble sur de nombreux projets immobiliers, accompagnant de grands groupes comme Yamed, TGCC et Omnidior.  

Bonzai est une agence de global design, présente au Maroc depuis environ 10 ans. Elle emploie une cinquantaine de personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 4 millions d’euros.

"Une agence de global design est la nouvelle dénomination des agences qui sont dans les métiers de création et de design, de façon générale", nous explique son PDG, Mehdi El Morjani, joint par Médias24. "Nous sommes capables d’intervenir aussi bien sur le design graphique que sur le design d’espaces, de produits et d’expériences".

Surfaces, elle, est un atelier de conseil spécialisé en place marketing, fondé en 2009. Son cœur de métier est de conseiller les marques sur leur stratégie marketing et communication. Ses sujets sont tous les lieux et les territoires, qui peuvent aller du pays, la région, la ville, jusqu’à la boutique…

"Quand je parle de lieux, ce sont tous les lieux qu’on peut imaginer", indique à Médias24 le fondateur de l’agence parisienne, Morgan Bourdier. "Notre métier est de conseiller les marques ou les collectivités, si on prend le cadre d’une ville, de façon à ce que leurs territoires soit plus attractifs pour les touristes, habitants, et entreprises. C’est par exemple, accompagner le Maroc pour attirer plus de touristes, ou Casablanca pour attirer plus d’entreprises et d’investisseurs internationaux, un projet immobilier pour attirer des acheteurs, ou encore, attirer des enseignes dans un centre commercial."

Le place Marketing c’est donc tous les aspects qui s’apparentent au marketing, appliqués à des lieux, endroits, quartiers, restaurants, cinémas…, de façon à promouvoir leur offre de valeur pour renforcer leur attractivité.

"Notre objectif premier est l’expansion à l’international"

"Bonzai a également développé une certaine expertise dans le place marketing, et l’acquisition de Surfaces répond à nos ambitions de développer notre savoir-faire dans ce métier, mais aussi d’accompagner notre expansion à l’international et d’aller plus vite", souligne son CEO.

"Avec Surfaces, on partage un vrai métier, qui n’est pas très connu. Plusieurs opérateurs parlent du marketing territorial mais le place marketing va plus dans la segmentation. Peu d’agences sont capables d’aller sur le marketing aussi bien d’un cinéma, d’un complexe sportif, d’un quartier, ou dans le nation branding, de manière globale, et d'accompagner ces lieux dans leur réflexion autour de l’offre de valeur. Avec cette agence, nous pouvons intervenir dans de petits lieux, comme un restaurant par exemple, qu’on considère comme une marque pour lui donner tous les atouts pour réussir et créer de la valeur, et c'est l'un des buts de ce rapprochement".

"Acheter une agence avec une réelle expertise et positionnée dans un centre assez intéressant en termes de pipeline business comme Paris, nous permettra d’accélérer notre expansion à l’international et c’est notre objectif premier. Cette acquisition nous permettra d’accéder aux marchés européens, américains et du Moyen-Orient, dans les meilleures conditions et avec un portefeuille clients déjà acquis à l’international".

"Surfaces se chargera de gérer, à partir de Paris, tous les sujets de cette ligne de métier", poursuit M. El Morjani, notant qu'"aujourd’hui, plus que jamais, les villes, les lieux et les territoires se transforment. Nous vivons une réelle révolution face aux enjeux sociaux, culturels, climatiques et économiques. Pour façonner le paysage des cités et des lieux de demain, nous avons la conviction qu’il est essentiel de créer des destinations aux identités fortes, qui offrent des expériences différentes aux usagers. C’est là que nous intervenons. Avec Surfaces, notre métier est de faire des destinations, des marques fortes et d’augmenter leur attractivité, parce que seule une marque peut exprimer la raison d’être et traduire les valeurs d’un lieu, quelle que soit sa taille". 

Le PDG de Bonzai vise plus loin. "Avec cette acquisition, on pourrait notamment préparer tout le marketing qui est censé accompagner la décentralisation. Cela fait quelques années que nous en entendons parler, mais jusque-là il n’y a eu que des démarches timides dans ce sens, notamment quelques initiatives de branding à Casablanca, lancées par Mustapha Bakkoury", président de la région de Casablanca-Settat.

Quid du coût de cette acquisition? Les deux agences se gardent de nous le dévoiler. "C’est plus une opportunité de business, un marché stratégique, qu’une affaire financière", d'après M. Bourdier.

Pour Surfaces, c’est un pied sur le continent africain

"Bonzai est, de base, une agence de design, et il y a un rapport évident entre les lieux et le design. On ne peut plus maintenant parler d’une destination sans penser à son design. C’est essentiel de rendre des lieux plus simples d’utilisation et plus beaux. C’est une complémentarité évidente avec la façon dont on conçoit le place marketing".

"Nous avons l’habitude de travailler avec Bonzai. Il y a une véritable synergie tant pour servir nos clients que pour en trouver de nouveaux". En effet, les deux agences ont accompagné plus de 50 territoires et plus de 250 lancements de programmes immobiliers au Maroc et en France, à l’instar du nouveau pôle urbain Casa-Anfa, de la tour CFC et de la ville de Saidia.

"Le fait d’avoir un partenaire au Maroc, et donc en Afrique, n’est que bénéfique. Je crois énormément au développement au Maroc, au marché marocain et au-delà, au marché africain. C’est vraiment l’idée d’avoir un pied sur un autre continent et être dans un endroit qui bouge actuellement". 

"Enfin, je pense qu'avec cette acquisition, nous allons pouvoir inventer une offre complémentaire nouvelle et de nous dépasser. Le fait d'être repris par Bonzai est une façon d'aller plus loin et pas que géographiquement", conclut M. Bourdier.

Quel apport pour le Maroc?

"Le Maroc ne peut se développer qu’en développant ses propres marques qui vont s’exporter. Notre ambition est de pouvoir être suffisamment compétitif pour se battre contre les plus grands, et je suis convaincu que le développement du pays ne peut se faire que par cette logique des marques marocaines".

"L’enjeu de l’exportation des marques marocaines est un vrai sujet. Il n’y a pas que dans l’industrie ou dans l’agriculture qu’on peut exporter, mais aussi au niveau des services, et peu d’opérateurs le font", conclut M. El Morjani.