Rabat : La vérité sur la tension Maroc-Unesco (documents)

Depuis quelques jours, un échange de courriers entre l’UNESCO et le gouvernement marocain est présenté dans la presse nationale et internationale comme un affrontement et des injonctions de modifier les projets de construction d’une méga-tour sur les rives du Bouregreg et l’extension de la gare de Rabat-Ville. Médias24 a reconstitué le déroulement réel de l'échange et publie des fac-similés des documents.

Rabat : La vérité sur la tension Maroc-Unesco (documents)

Le 4 décembre 2019 à 16h27

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Depuis quelques jours, un échange de courriers entre l’UNESCO et le gouvernement marocain est présenté dans la presse nationale et internationale comme un affrontement et des injonctions de modifier les projets de construction d’une méga-tour sur les rives du Bouregreg et l’extension de la gare de Rabat-Ville. Médias24 a reconstitué le déroulement réel de l'échange et publie des fac-similés des documents.

Au terme de la 43e session du comité tenue à Bakou en Azerbaidjan, du 30 juin au 10 juillet 2019, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a demandé au Maroc de lui présenter, d’ici le 1er février 2020, un rapport actualisé de l'état de préservation du bien, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Le bien en question, c'est la ville de Rabat, comme l'expliquait l'organisation internationale au moment de prendre sa décision d'inscription en 2012 [voir ci-dessous].

Contrairement à ce qui a pu être écrit ici et là, l'expression "folie des grandeurs" de Rabat, attribuée à l'Unesco, ne figure pas dans la décision consultée par Médias24 et dont nous publions le fac-similé. Ni, d'ailleurs, que l'Unesco a été "choquée". Il ne s'agit pas d'un affrontement, ni d'injonctions.

Les faits

Rabat a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial en 2012. A ce jour, cette inscription ne s'est traduite par aucune assistance, pécuniaire ou non pécuniaire selon les recherches que nous avons effectuées dans les archives de l'organisation internationale.
"Une valeur universelle exceptionnelle", écrit l'Unesco à juste titre en 2012, en étayant cette inscription.

Extraits: "Rabat apporte le témoignage d’une ville capitale conçue dans le cadre du protectorat, au début du XXe siècle. Le projet réalise l’adaptation des valeurs modernistes de l’urbanisme et de l’architecture au contexte du Maghreb, tout en s’inscrivant dans la trame de la ville ancienne et de ses nombreuses composantes historiques et patrimoniales. Le résultat exprime l’émergence d’un style architectural et décoratif original propre au Maroc contemporain".

"(...) L’habitat est illustré par des quartiers à l’identité bien affirmée : médina et qasba, quartiers résidentiels et des classes moyennes de la ville moderne, enfin le quartier néo-traditionnel des Habous de Diour Jamaâ. La ville intègre en son sein une somme importante d’éléments monumentaux, architecturaux et décoratifs issus des différentes dynasties antérieures. Rabat ville moderne concrétise un urbanisme précurseur, soucieux de la conservation des monuments historiques et de l’habitat traditionnel. La réappropriation du passé et son influence sur les architectes et les urbanistes du XXe siècle ont produit une synthèse urbaine, architecturale et décorative originale et raffinée. L’ensemble offre à voir un héritage partagé par plusieurs grandes cultures de l’histoire humaine : antique, islamique, hispano-maghrébine, européenne. (...)"

La note cite également: "la ville moderne de Rabat respecte les nombreuses valeurs du patrimoine arabo-islamique antérieur et s’en inspire. De manière exceptionnelle, elle témoigne de la diffusion des idées européennes du début du XXe siècle, de leur adaptation au Maghreb et, en retour, d’une influence sur l’architecture et les arts décoratifs autochtones".

Ainsi que: "La ville apporte un exemple éminent et achevé d’urbanisme moderne, pour une ville capitale du XXe siècle, par une organisation territoriale fonctionnelle qui assume une intégration des valeurs culturelles du passé au sein du projet moderniste. La synthèse des éléments décoratifs, architecturaux et paysagers, de même que le jeu d’opposition entre présent et passé, offrent un ensemble urbain raffiné et rare." (...)

Les compliments sont agréables à lire et les mots sonnent juste.

C'est cette vision de Rabat qui avait justifié son inscription au patrimoine de l'humanité en 2012. Et ce sont ces critères de décision que l'Unesco se donne comme mission de préserver.

"Facteurs affectant le bien identifié lors de son inscription" (source Unesco):

Au moment de l'inscription, l'Unesco avait émis les précisions suivantes au sujet des facteurs pouvant affecter le bien:

- Nécessité d'études d'impact sur le patrimoine dans le cadre des grands projets urbains de la ville et de la vallée du Bouregreg, afin de garantir l'intégrité visuelle du bien et de ses environs.

Le Maroc produit un premier document en février 2019

À la demande du Comité du patrimoine mondial, le Maroc a soumis un rapport sur l’état de conservation de Rabat le 22 février 2019. Les dossiers relatifs aux biens inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco sont en effet suivis par un Comité du patrimoine mondial.

Au cours de sa dernière session, tenue à Bakou en Azerbaïdjan, du 30 juin au 10 juillet 2019, le comité examine de nouveau le rapport marocain et prend une décision où il exprime ses critiques, ses regrets et ses craintes concernant la préservation du Rabat qu'il avait inscrit sur le patrimoine de l'humanité.

Il donne au Maroc jusqu'au 1er février 2020, pour présenter un état actualisé de l'état de préservation du bien inscrit dur la liste du patrimoine mondial de l'humanité.

C'est cette décision qui sera communiquée fin juillet 2019 aux autorités marocaines. La voici:

Les remarques portent sur l'impact de la gare Rabat-Ville et sur l'aménagement de la Vallée du Bouregreg, en particulier la tour Mohammed VI.

La vallée du Bouregreg (ici, le chantier du Grand Théâtre de Zaha Hadid) et la gare de Rabat-Ville sont à l'origine de la "préoccupation" du Comité du patrimoine de l'Unesco

Fikri Benabdellah: "Le cahier des charges a été respecté à 1.000% par le Maroc"

Sollicité par Médias24, l’architecte Fikri Benabdellah estime "impensable que le Maroc puisse modifier sa politique de chantiers culturels ou d’infrastructures de transport sur injonction d’une organisation, même pas l'Unesco".

"Quand nous avons déposé notre demande pour classer Rabat site du patrimoine mondial, le dossier était solide et de grande qualité.

"En tant qu’architecte, je peux donc certifier que le cahier des charges a été respecté à 1.000% que ce soit pour la tour Mohammed VI ou pour l’extension de la gare ferroviaire de Rabat. Le Maroc n’a donc rien à se reprocher", déclare Benabdellah.

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